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- Style : Sharon Jones & The Dap-kings, Barbara & The Browns

Ann PEEBLES - Tellin' It (1975)
Par LE KINGBEE le 25 Mars 2018          Consultée 1436 fois

Nous sommes en 1975 et Ann PEEBLES est au sommet de sa gloire. Un an auparavant, elle avait provoqué une tempête avec « I Can’t Stand The Rain », même si le groupe Eruption en recueillera les plus grosses goutes dans une version pourtant moins affriolante. Sous la houlette de Willie Mitchell, le grand artisan du Memphis Soul avec la Stax, la chanteuse retourne en session aux Royal Recording Studios et met en boite dix titres dont six sortiront sous forme de singles entre septembre 1975 et décembre 76. Et c’est là le hic, la plupart de ces singles ne serviront guère à promouvoir l’album. Autre petit bémol, seuls trois de ces titres rentreront dans les classements à des accessits relativement modestes (entre la 57ème et la 69 ème place). Mais l’absence d’un hit est encore à prendre avec des pincettes. Les exemples de bons albums sans le moindre tube fourmillent dans l’histoire de l’Industrie du Disque.

Ce qui frappe d’entrée de jeu, en dehors d’une pochette guère porteuse, c’est encore une fois la qualité de la production, les arrangements d’orfèvre de Mitchell, la symbiose entre les accompagnateurs et la chanteuse et enfin la cohésion. Rappelons qu’à l’instar de la Stax, Hi Records n’était pas réputé pour des changements de line-up sans queue ni tête. Quand on tient un virtuose du backing, on ne le lâche pas ! En ouverture « Come To Mama » nous transporte par le biais de pizzicato de guitare dans lesquels viennent s’engouffrer les cuivres. L’amour et ses peines, une thématique fréquente chez la chanteuse, sont bien présents sur « I Don’t Lend My Man ». Si « Stand By Woman » débute sous une coloration un brin exotique, cette connotation ne s’éternise heureusement pas et laisse la place à une envolée de cordes efficace. Rien à voir avec les sections de violons intempestives et envahissantes comme la Soul sixties se complaisait à produire à profusion à destination d’un public blanc. Même impression avec « It Was Jealousy » sur un rythme peut être trop indolent.

« Doctor Love Power » pourrait s’annoncer comme un proto Disco, mais attention pas une daube à la Van McCoy ou une soupe gorgée d’heavy breathing à la Barbara Mason. Là nous sommes juste en présence d’un titre de Memphis Sound dansant. On pourra également apprécie l’envoutant « You Can’t Hold A Man » interprété sur un tempo lent qui finit vite par devenir obsédant. Mais l’atout principal de ce disque se situe bien au niveau des changements de rythmes et de nuances. PEEBLES ne reste jamais figé sur une cadence et si certains textes peuvent laisser à penser que la chanteuses va nous déverser des analogies, la section rythmique et les cuivres viennent fracturer cet a priori. Elle nous dresse avec le vitaminé « Beware » comme un avertissement intense. Le disque s’achève sur une pépite de Deep Soul avec « Love Played A Game » qui pourrait à elle seule résumer tout l’art de la Soul de Memphis : groove, osmose entre les cuivres et la guitare et voix pleine de feeling ne poussant pas le bouchon trop loin.

Ce disque sous-estimé lors de sa sortie par la critique internationale sur le point d’être avalée par le phénomène Disco, figure peut être comme le chef d’œuvre d’Ann PEEBLES, le plus authentique et aussi le plus personnel de la chanteuse. Hormis « Doctor Love Power », chanson qui donnera son nom à un trio allemand, les neuf autres titres proviennent des auteurs compositeurs de l’écurie Hi (Don Bryant, Willie Mitchell, Earl Randle). Une chanteuse au top de sa forme, des virtuoses du Memphis Sound, une troupe équivalente à Booker T. Jones & The MG’s, The Mar-Keys et autres Bar-Kays, un répertoire offrant une palette de teintes aussi subtiles que chatoyantes et des textes soignés se démarquant des fadaises de l’époque, font de ce disque l’un des derniers monuments de la Southern Soul avant que la vague Disco ne dévaste tout sur son passage, tel le plus terrible des ouragans. S’il fallait résumer ce disque en deux mots, Groove et Emotion seraient ceux qui viendraient en premier lieu à l’esprit.

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- Ann Peebles (chant)
- Teenie Hodges (guitare)
- Leroy Hodges (basse)
- Charles Hodges (orgue, piano)
- Archie Turner (piano)
- Howard Grimes (batterie)
- Andrew Love (saxophone)
- James Mitchell (saxophone)
- Lewis Collins (saxophone)
- Wayne Jackson (trompette)
- Jack Hale (trombone)
- The Memphis Section (violon)


1. Come To Mama.
2. I Don't Lend My Man.
3. I Needed Somebody.
4. Stand By Woman.
5. It Was Jealousy.
6. Doctor Love Power.
7. You Can't Hold A Man.
8. Beware.
9. Put Yourself In My Place.
10. Love Played A Game.



             



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