L'empereur de la crasserie, aka ALKPOTE, n'a aucunement besoin de tomber dans le commercial - en même temps, il a pas vraiment sa place sur les radios nationales. En effet, actif depuis maintenant plus de dix années, le rappeur a su trouver son public en faisant preuve d'une intégrité sans failles, toujours fidèle à ses propos. ALKPOTE est un rappeur unique en son genre, il le sait d'ailleurs plus que quiconque, si les thèmes et le langage utilisé sont pour le moins déroutants la plupart du temps, nous avons tout de même ici l'un des kickeurs les plus techniques de nos années.

De la technique, il en a à revendre en effet. 2018 sonne l'arrivée d'Inferno, le nouveau projet d'ALKPOTE. Encore et toujours sans vraiment de thèmes, le rappeur cherche à proposer une musique qui le correspond, avec la meilleure technique d'écriture et d'interprétation. Les champs lexicaux utilisés tournent pour la plupart sur des thèmes en dessous de la ceinture, et c'est ce qui fait qu'ALKPOTE est si unique finalement. Parler sans aucune retenue tout en exposant une technique qui le place directement dans le meilleur des rappeurs français. Pour étayer mes dires, diriger vous directement vers "Trapézistes", premier morceau de l'album qui résume avec simplicité tout ce dont je parle plus haut. Un rap réservé à un public averti, car personne n'est prêt à se prendre en pleine face une telle efficacité. ALKPOTE s'approprie la production pour la rendre crade, puissante et presque inquiétante.

Le bal est lancé, l'empereur de la crasserie a encore des poésies à nous envoyer. S'il est dans le monde du hip-hop depuis plus de 10 ans, ce n'est pas pour rien. Sa technique et son attitude qui donnent l'impression que personne ne peut l'arrêter lui ont immédiatement donné un crédit dans le milieu. Et cela se traduit en musique. La simplicité avec laquelle il sublime l'instrumentale sur "Survet Noir" est étonnante, l'un des plus gros titres de cet album avec un refrain redoutable qui va faire grincer des dents notre grande Brigitte Bardot.

Les morceaux s’enchaînent, on trouve même en "Traquenard" un titre tout public (pas un seul "pute" en 3 minutes, que se passe-t-il ?!). Les refrains vont pour la plupart des morceaux être l'élément accrocheur qui va donner un goût de reviens-y à cet album d'ALKPOTE. Le titre éponyme "Inferno" en est l'exception qui confirme la règle, tournant à mille à l'heure et nous plongeant dans les bas-fonds de l'enfer. Cependant, voyez en "La cour des miracles" et "Eau de Javel" pour ne citer qu'eux, des morceaux qui ont un refrain ayant l'effet d'une bombe. "Interlude maths" nous rappelle qu'ALKPOTE n'est pas l'empereur de la galanterie. L'efficacité des morceaux tels que "Le nouveau doc", "Ecailles de poisson" ou encore "John H Snow" nous montrent par ailleurs une qualité d'écriture dont seul ALKPOTE peut se targuer, franchement unique en son genre.

Inferno est un album plein de surprises. La carrière d'ALKPOTE est maintenant très chargée et il n'en fini pas d'étonner, que ce soit par sa technique ou par le fait qu'il n'est jamais là où on l'attend. De plus c'est un rappeur qui teste à peu près tous les moyens de faire de la musique, que ce soit à travers l'autotune ou la trap ou bien les textes très acérés old-school. Bref, outre la notion "explicit" qui figure sur tous les morceaux de l'album, il n'y a pas beaucoup d'autres raisons de ne pas se pencher sur cet artiste si unique qui reste l'un des plus solides représentants du rap hardcore en France.