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1975 The Bitch Is Black

Yvonne FAIR - The Bitch Is Black (1975)
Par LE KINGBEE le 21 Décembre 2018          Consultée 1122 fois

Originaire de Richmond où elle voit le jour en 1942, Flora Yvonne Coleman débute le chant, comme tant d’autres petites filles noires, sur les bancs d’une église. Elle quitte le giron du Seigneur et intègre The Chantels, le quintet mi Soul mi Doo-Wop d’Arlene Smith, gravant ainsi son premier titre pour le label Carlton.
Début 1962, elle remplace au pied levé Sugar Pie DeSanto au sein de la James Brown Revue. Sous le charme, le Godfather produit son premier 45t. « I Found You », un titre annonciateur du futur « I Got You ». La face B avec « If I Knew » laisse présager que le fougueux James Brown ne reste pas insensible à la voix et encore moins à la plastique de la belle. Quelques mois plus tard, Flora devenue Yvonne FAIR met au monde Venisha, la seconde fille officielle du Pape de la Soul. Yvonne aura enregistré sous la coupe de Brown quatre singles King et un autre pour Date Records, l’aventure prenant fin en 1966.

Yvonne enregistre deux petits singles pour Smash et Soul Records qui passent inaperçus. La chanteuse convole en juste noce avec Sammy Strain, ancien membre des Imperials de Little Anthony et des O’ Jays, donne naissance à un fils et revient sur le devant de la scène en 1972 en participant au film « Lady Sings The Blues » réalisé par Sidney Furie. Ce biopic gentillet sur Billie Holiday avec Diana ROSS, Bill Dee Williams et Richard Pryor, permet à Yvonne de se faire remarquer par la Motown et de revenir brièvement sur le devant de la scène.
Placée sous la houlette du producteur Norman Whitfield, Yvonne enregistre trois excellents singles de Funk Soul pour la Motown, singles qu’on retrouve dans « The Bitch Is Black », unique album de ce second couteau à la voix fortement expressive.

Plus de quarante ans après sa sortie, on peut se demander si le titre du disque n’a pas enterré cette galette hors norme. Avec cette pochette insidieusement sexy et un titre choquant pour une partie de la population noire de l’époque et de l’Amérique blanche bien pensante de l’autre côté, ce disque n’a jamais eu la répercussion qu’il était en droit d’attendre. Si vous êtes comme moi peu fan de la production Motown, il faut avouer qu’Yvonne Fair nous assenait une vraie claque dans ce rôle de « salope noire ». Peut-être l’un des meilleurs disques de Soul Funk du milieu des années 70 !

D’entrée de jeu, la voix lascive fait mouche sur « Funky Music Sho Nuffs Turns Me On », une composition de Barrett Strong, le créateur de « Money (That’s What I Want) ». Si Edwin STARR avait popularisé le morceau, les arrangements et le chant plein de persuasion relèguent bien loin les essais des Temptations ou de Patty LaBelle. Second coup de canon avec « It Should Have Been Me », le recyclage d’une mièvre ballade chantée par Kim Weston reprise par Gladys Knight & The Pips. Avec son intro de clochettes pouvant évoquer Noël, le titre s’insinue subrepticement entre Soul Funky 70 et Gospel, le timbre expressif fait encore la différence, le titre se classant à la 5ème place des charts anglais.

« Stay a Little Longer » s’avère moins gouteux, la production ampoulée d’Harvey Fuqua paraissant exagérément sucrée. Même impression avec « It’s Bad For Me To See You » une création produite par Pam Sawyer/ Gloria Jones, un tandem d’auteures ayant œuvré pour la Motown. Yvonne revisite par deux fois Stevie WONDER : « Tell Me Something Good » clôt superbement la face A ; si la composition de Wonder a connu une version antérieure avec Rufus & Chaka Khan, le chant plein de conviction de Fair pourrait faire passer l’ancienne Black Panther pour un vulgaire chaton. C’est encore une reprise de Wonder qui met un terme à la face B avec « You Can’t Judge A Book By It’s Cover »⃰. Enregistré en 70 par le non-voyant, le morceau n’avait au départ rien d’exceptionnel, l’auteur du morceau se révélant particulièrement mollasson. Le titre connaîtra une seconde jeunesse avec Wilson PICKETT, mais encore une fois et bien que parfois surnommé la Panthère Noire, Pickett se retrouve refoulé bien loin par la puissance et l’énergie d’Yvonne Fair qui vient magnifier et transformer une banalité en pépite. Si la chanteuse conclut sa face B en apothéose, elle l’entame avec un vrai feu d’artifice avec « Let Your Hair Down », une composition quelconque de Whitfield interprétée par les Temptations, délivrée ici en Live et dans laquelle elle passe à la surmultipliée. Pour un peu, les Temptations feraient presque figure d’enfants de chœurs. Autre création de Whitfield, « Love Ain’t No Toy » débute avec une intro parlée destinée à renforcer les paroles pourtant explosives de la chanteuse.

Yvonne quitte l’écrin des productions Motown avec « I Know (You Don’t Love Me No More) » immortalisé en 63 par la louisianaise Barbara George pour le label A.F.O. Le titre connaîtra plusieurs reprises assez désastreuses, mais Yvonne Fair booste le morceau en lui donnant un petit coup de jeune et encore une fois le vocal renvoie aux pâquerettes les interprétations de CHER, Bonnie Raitt, Joe COCKER et même celle de Tina TURNER. Terminons ce tour d’horizon avec l’emblématique et théâtral « Walk Out The Door If You Wanna » dans lequel la voix d’un homme essaie de prendre la parole et le dessus pour se retrouver aussitôt rabrouée par une Yvonne Fair qui ne se démonte pas devant les récriminations du bonhomme. Une chanson qui laisse clairement entendre qui porte la culotte.

Décédée en 1994 à 51 ans, Yvonne Flair reste l’auteure d’un unique album. « The Bitch Is Black », disque dont le titre sans concession n’a certainement pas contribué à sa popularité, figure aujourd’hui parmi les trésors oubliés de la Soul Funk mid 70, bien éloigné du registre parfois fadasse et commun publié par la Motown (Commodores, Supremes ou Jackson 5). Deux titres plus en concordance avec la production de Berry Gordy empêchent le disque d'accéder à la note maximale. Mais un bon 4,5 ne paraît pas immérité.

⃰Il s’agit là du titre homonyme au célèbre blues de Willie Dixon.

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- Yvonne Fair (chant)
- Johnny Mcghee (guitare)
- Eddie Willis (guitare)
- Melvin Ragin (guitare)
- Dennis Coffey (guitare)
- Henry Davis (basse)
- James Jamerson (basse)
- Eddie Greene (batterie)
- James Godson (batterie)
- Eddie Brown (congo, bongo)
- Earl Van Dyke (claviers)
- Mark Davis (claviers)
- Maxine Willard (chœurs)
- Oren Waters (chœurs)
- Luther Waters (chœurs)
- Julia Tillman Waters (chœurs)
- Carolyne Willis (chœurs)


1. Funky Music Sho Nuff Turns Me On
2. It Should Have Been Me
3. Stay A Little Longer
4. It's Bad For Me To See You
5. Tell Me Something Good
6. Let Your Hair Down
7. Love Ain't No Toy
8. I Know (you Don't Love Me No More)
9. Walk Out The Door If You Wanna
10. You Can't Judge A Book By It's Cover



             



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