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1970 Gimme Shelter

Merry CLAYTON - Gimme Shelter (1970)
Par LE KINGBEE le 9 Janvier 2019          Consultée 1280 fois

Il y a peu de chance pour qu’on revoie Merry CLAYTON sur scène. La chanteuse, célèbre pour son rôle de choriste lors de l’enregistrement de « Gimme Shelter » figurant sur « Let It Bleed » des ROLLING STONES, revenait pourtant sur le devant de la scène. En 2013, Merry avait participé avec succès à « Twenty Feet From Stardum ». Le film documentaire retraçait le quotidien de certaines choristes noires, des personnages dont les noms sont rarement mis en valeur mais sans qui de nombreuses chansons n’atteindraient pas une si grande intensité et encore moins de notoriété. En juin 2014, la chanteuse fut victime d’un violent accident de voiture. Après cinq mois de traitement intensif, Merry dut se faire amputer des deux jambes au niveau des genoux. Alors que le documentaire de Morgan Neville avait décroché un Oscar et que Merry revenait avec de beaux projets, cet accident injuste semblait mettre un terme à sa carrière. Après s’être soumise à une thérapie intense dans l’hôpital de Los Angeles où elle était suivie, Merry CLAYTON fit savoir que sans sa foi, elle n’aurait probablement pu surmonter cette terrible épreuve. Fin 2018, la possibilité de la revoir en studio ou sur scène se profilait même à l’horizon.

Merry CLAYTON est née à Gert Town, un quartier de la Nouvelle Orléans, le 25 décembre 1948, raison pour laquelle ses parents la prénommèrent Merry. A l’instar de nombreuses petites filles noires, elle débuta le chant en cirant les bancs de sa chorale paroissiale. A 14 ans, elle initia sa discographie par un duo avec Bobby Darin. Un an plus tard, elle mit en boîte pour Capitol « The Shoop Shoop Song (It’s In His Kiss) » mais c’est Betty Everett qui décrocha la timbale en classant la chanson dans le Top Ten.
Quand on réécoute aujourd’hui une Merry CLAYTON âgée de 15 ans, on se dit que de nombreuses chanteuses peuvent aller se rhabiller, à commencer par l’anglaise Sandie SHAW, la chanteuse aux pieds nus, Linda Lewis, Kate Taylor, la sœur de James, CHER qui essayait en 1990 de s’offrir une seconde jeunesse. Et oui, Merry avait un sacré organe qu’elle allait développer comme choriste auprès d’artistes aussi variés que Joe COCKER, Phil Ochs, Neil YOUNG, Carole KING, sans oublier Ray CHARLES pour lequel elle devint brièvement une Raelette.
En 1969, Merry parvint presque à se faire un nom en devenant choriste sur « Gimme Shelter », titre emblématique des STONES en cette fin des sixties. On dit presque parce qu’en dehors d’une invitation qui aurait été faite à l’arrache, Merry fut accréditée sous le prénom de Mary. Mais le peps de la choriste a attiré Lou Adler. Producteur, fondateur du label Dunhill revendu avec une grosse marge à ABC, Adler a un flair incroyable, il a lancé The Mamas & The Papas, a participé au Monterey Pop Festival et vient de produire Carole KING et SPIRIT sur son nouveau label Ode Records. Pour Merry, l’occasion fait le larron.
Curtis Amy, saxophoniste, flûtiste, clarinettiste de Jazz donne un coup de main à la production et concocte une solide équipe à sa jeune épouse. Le bonhomme a de la bouteille, il a vingt ans de plus que sa belle, a accompagné Dizzy Gillespie, Lou Rawls, Gerald Wilson, Roy Ayers et enregistré une dizaine de disques pour Pacific Jazz, Verve, et vient d’épauler les DOORS sur « The Soft Parade ». C’est ainsi qu’on retrouve plusieurs session men triés sur le volet : les guitaristes Louie Shelton (ex Monkees, Otis Spann), Lou Morrell (ex Gabor Szabo), Orville Rhodes (ex Byrds, Monkees, Mike Bloomfield), David Tyrone Walker (Etta James, Diana Ross, Jerry Butler, Jackson 5), David Cohen (Country Joe & The Fish), les claviéristes Billy Preston (ex Sam Cooke, Little Richards, Beatles) Joe Sample (ex Milt Jackson et fondateur des Jazz Crusaders). Amy a également fait appel à une solide section rythmique avec le batteur Paul Humphrey (ex Les McCann, Mel Brown, Zappa) ; le percussionniste Gary Coleman (ex Cannonball Adderley, Monkees, Roy Brown) et le bassiste Bob West (ex Ella Fitzgerald, Jackson 5). Une équipe dont les membres se connaissent tous très bien puisqu’ayant officié avec Richard « Groove » Holmes et Curtis Amy.

Si Merry CLAYTON a abordé très jeune la musique, elle n’a jusqu’alors jamais beaucoup écrit ni composé. Ce premier disque ne dévoile qu’une seule composition coécrite avec Billy Preston « I Ain’t Gonna Worry My Life Away », un titre combinant Soul Gospel et Soul Psyché pour une interprétation honnête mais qui s’oublie assez vite.
Les dix autres plages combinent reprises et inusités. En ouverture, elle reprend le « Country Road » de James Taylor, sans doute à l’instigation du tandem West/Rhodes, tous deux présents sur la version originale. N’étant guère fan de l’Américain folkeux, la présente version nous paraît plus captivante. Elle enchaîne avec « Tell All The People », titre figurant en ouverture de « The Soft Parade » des DOORS, album dans lequel jouait le mari. On peut s’interroger sur la raison d’avoir repris ce titre alors que le répertoire prolifique des DOORS proposait à notre sens d’autres choix. La compo de Robbie Krieger faisait un peu tache d’huile dans les disques de la bande à Morrison, celle de Merry paraît supérieure et plus intense, à condition d’être amateur de Soul.
Classée à la première place des ventes, « Bridge Over Troubled Water » gros carton de SIMON & GARFUNKEL a été repris cinquante fois rien qu’en 1970. On peut penser que Gary Coleman présent dans la version originale a poussé au créneau pour que Merry reprenne le titre. Si le chant donne un aspect crépusculaire comme dans une église, un décalage entre le piano, la rythmique et le chant nuit au morceau. On a parfois l’impression que la chanteuse part dans tous les sens sans se soucier de l’accompagnement.
Deux ans après 68, les Etats-Unis sont encore en pleine mutation sociopolitique. La chanteuse s’attaque à l’un des titres de la comédie musicale « Hair », symbole de la contre-culture hippie et de la libération sexuelle, avec « I’ve Got Life ». Connu pour avoir été adapté par Nina SIMONE, le titre, pas le plus connu de la comédie de Broadway, est gorgé de cuivres et de cordes et ne retient guère l’oreille malgré son texte. A contrario du morceau précédent, elle se rappelle au bon souvenir du Seigneur avec un morceau de Soul Gospel du prolifique Révérend James Cleveland. Si la flûte propose une intro psyché, les arrangements et l’orchestration bourrée de cordes tombent vite dans le pathos. De cet inusité, on pourra préférer les versions de Kim Weston ou de Madlyn Quebec, une ancienne Raelette et belle-mère de Bob DYLAN, mises en boîte la même année.
Le ton s’accélère d’un cran avec « Forget It I Got It », œuvre de Gary Wright membre de SPOOKY TOOTH. Si le titre reste rattaché à Spooky Tooth, les Mauds en délivrent une version Garage pas piquée des vers tandis que le duo Mel & Tim le transforme en Soul Country obsolète. Merry CLAYTON en délivre une version pleine de punch qui pourrait figurer dans un disque de Janis JOPLIN. On regrette juste l’emploi du vibraphone au début. Autre bonne pioche avec « You’ve Been Acting Strange » chanté avec conviction et qui pourrait lui aussi s’inscrire dans le répertoire de la rouquine aux grands cheveux, même si on aurait aimé qu’une guitare fasse péter le couvercle de la marmite. « Good Girls » fait penser à certaines productions Motown gorgées de chœurs, de cuivres et de cordes intempestives bien difficiles à digérer. Le disque s’achève sur « Glad Tidings », titre qui illuminait l’album « Moondance » de Van MORRISON, délivré ici sous la forme d’une Soul Jam décontractée et bien dans l’ère du temps.
On terminera ce tour d’horizon avec « Gimme Shelter », l’hymne d’une jeunesse américaine en plein désarroi face au conflit vietnamien. Au risque de se répéter, en dehors de la version des Stones, deux reprises se dégagent nettement du lot, celle de Ruth Copeland et celle de la Nouvelle-Orléanaise. La chanteuse opère une bifurcation entre Gospel et Soul Psy avec guitare fuzz alors que les cuivres semblent sonner comme les trompettes de Jericho. Un titre qu’on aurait aimé plus long et qui permettra au disque d’acquérir une certaine notoriété.

Si ce disque n’avait comporté que des faces de la valeur de « Gimme Shelter », ou « Forget It I Got It », on le classerait illico dans les disques dits de référence. Malheureusement, certains titres sont plombés par des arrangements d’époque parfois trop portés sur le Psyché ou le Free. Ajoutons que cette excellente chanteuse a parfois tendance à laisser partir sa voix sans tenir compte de ses accompagnateurs. Mais au niveau vocal, par rapport à la production contemporaine souvent traficotée, ce disque vaut largement un 3,5.

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   LE KINGBEE

 
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- Merry Clayton (chant)
- Louie Shelton (guitare)
- Orville 'red' Rhodes (guitare)
- David Tyrone Walker (guitare)
- David Cohen (guitare)
- Lou Morrell (guitare)
- Bob West (basse)
- Paul Humphrey (batterie)
- Gary Coleman (percussions)
- Victor Feldman (percussions)
- King Errisson (congas)
- Joe Sample (piano)
- Billy Preston (piano, orgue)
- Curtis Amy (saxophone, flûte)


1. Country Road
2. Tell All The People
3. Bridge Over Troubled Water
4. I've Got Life
5. Gimme Shelter
6. Here Come Those Heartaches Again
7. Forget It I Got It
8. You've Been Acting Strange
9. I Ain't Gonna Worry My Life Away
10. Good Girls
11. Glad Tidings



             



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