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The STAPLE SINGERS - Be Altitude:respect Yourself (1972)
Par LE KINGBEE le 13 Septembre 2019          Consultée 1405 fois

Durant les années 40 et 50, le Gospel s’est révélé comme la clef de voûte de l’identité musicale de la communauté noire. Les ensembles, les formations vocales, les troupes familiales et les quartets allaient pousser comme des champignons. Chaque ville aura son groupe de Gospel, du Nord au Sud. Parmi cette floraison de formations, les STAPLE SINGERS vont se démarquer par un répertoire distinct et personnel et une longévité plus grande que la moyenne.

Originaire du Mississippi, Roebuck « Pops » Staples quitte ses pénates pour s’installer à Chicago au milieu des années 30. Géniteur de quatre enfants (un garçon, trois filles), Roebuck bosse dans les aciéries et abattoirs de la ville jusqu’à ce que l’envie de monter une troupe de Gospel vienne lui trotter dans la tête. Ses enfants, formés à la dure école du Gospel, sont tous d’excellents chanteurs. La troupe familiale débute à la Mount Zion Church, paroisse où officie le Pasteur Chester Staples, frangin de Roebuck. En 1953, la fratrie Staple met en boite son premier 78 tours pour Royal, une modeste maison de disque de Chicago puis enchaîne une prometteuse carrière en signant chez United avant de passer chez Vee Jay puis chez Riverside.
Mais la troupe de « Pops » Staples va se différencier de ses pairs dès le début des sixties. En dehors d’un jeu de guitare minimaliste, Staples se distingue par son acharnement à défendre les valeurs de sa communauté par rapport à la dictature commerciale et culturelle de l’Amérique blanche. Très rapidement la famille Staple va devenir l’un des chouchous des campus universitaires mais aussi de la communauté noire. Profitant du succès du Folk Boom, le groupe reprend « Blowin’ In The Wind » tout juste deux semaines après l’original de Bob DYLAN. Les Staple Singers vont enchainer chez Epic, filiale de la Columbia, pendant trois ans, le groupe se fait mondialement connaitre par son militantisme envers le Mouvement des Droits Civiques tout en incluant à son répertoire pas mal de protest songs. Dès le milieu des sixties « Pops » Staple et sa marmaille figurent au premier rang de ceux qui défilent avec le Pasteur Martin Luther King. En1967, le groupe apparait dans les charts Pop en reprenant « For What It’sWorth », titre du groupe Buffalo Springfield.
Ce soudain accès de popularité qui sert activement le Civil Right Movment va s’avérer comme un excellent atout pour les mouvements revendicatifs de la communauté noire. C’est par le biais du Révérend Jesse Jackson, que la troupe atterrie chez Stax Records, la firme de Memphis étant alors dirigée par Al Bell.

Après deux disques produits par le guitariste Steve Cropper, commercialement très décevants, les Staple Singers enregistrent en 1971 l’album « The Staple Swingers ». Ce disque constitue un changement pour la famille, Pervis parti servir pour l’Oncle Sam est remplacé par sa sœur Yvonne tandis qu’Al Bell prend en main la destinée du groupe. La pochette de l’album nous montre « Pops » Staple poussant Mavis assise sur une balançoire alors que ses deux frangines sont accrochées aux chaines de l’engin.
Le disque est à peine sorti qu’Al Bell décide de renvoyer les Staple à Muscle Shoals, tandis que le producteur s’occupe des arrangements, Terry Manning officie derrière les consoles. Tout semble réuni pour voguer vers le succès. Epaulé par la Muscle Shoals Rhythm Section et la section cuivre de Ben Cauley, Cleotha, Mavis, Yvonne et leur paternel nous offre ici un répertoire beaucoup plus moderne dans lequel le Funk prend une nouvelle dimension.

Al Bell a concocté 12 titres écrits aux petits oignons pour sa troupe. Le producteur n’apporte qu’une seule composition avec « I’ll Take You There », un vrai titre de Soul sudiste qui va se classer à la 1ère place des charts R&B et Pop. La section rythmique impose un groove fracassant tandis que Jimmy Johnson et Eddie Hinton apportent juste ce qu’il faut aux guitares. Le titre sera repris par quelques pointures de la Soul (Marva Wright, Aloe BLACC) mais le chant de Mavis Staple auquel viennent répondent ses sœurs se situe simplement sur une autre planète. On ne parle pas de la version d’Eruption⃰, groupe Disco à la mode qui en fera un hit en 77. Le genre de morceau qui réussirait à expédier le pire des incroyants dans la première église venue pour danser une gigue.

Second coup de canon avec « Respect Yourself », une création du tandem Luther Ingram/Mack Rice, auteur du classique « Mustang Sally ». Grosse ligne de basse, mélodie capable de faire hérisser l’épine dorsale de premier sourd dingue venu, groove imparable et symbiose entre les différents musiciens. Au fil du temps, le morceau connaitra de bonnes reprises (BB KING, Robert PALMER, Johnnie Taylor et le méconnu Marc Broussard) et sera accommodé à la sauce Ska par les Selecter et mitonné au Reggae par THIRD WORLD. Autres covers déconseillées avec celles de l’anglais Joe COCKER ou de l’acteur Bruce WILLIS.

Cantonner ce disque à ses deux plus grands succès serait à notre sens trop réducteur. On retrouve ici trois superbes inusitées du tandem Homer Banks/Raymond Jackson : « Name The Missing Word » dans lequel le groove funky vient en réponse au chant de Mavis Staple. « Are You Sure » se révèle plus folk avec un tempo reprenant les ingrédients des titres du milieu sixties. Pour un peu on croirait entendre l’excellent trio Peter Paul & Mary. « I’m Just Another Soldier » s’annonce plus crépusculaire, le clavier de Barry Beckett se retrouve ici renforcé par le synthé Moog de Terry Manning. Le genre de titre fédérant les partisans de Dieu et les opposants au conflit américano-vietnamien.

Un troisième titre se classera plus modestement dans les classements R&B, « This World » qui a une forte connotation entre la Soul Staxienne et la comédie musicale « Hair » qui allait inonder Broadway sans interruption pendant quatre ans. Un petit hymne contre la Guerre du Vietnam et plus généralement la folie de nos gouvernants. « We The People » pourrait s’inscrire dans une campagne d’unité contre le conflit americano-vietnamien. « This Old Town », un inusité de la paire Don Covay/Wilson Pickett est le parfait prototype de Gospel Funk, le genre de titre qui rebutait les puristes des chants pentecôtistes. « Who », œuvre du songwriter Bobby Bloom qui ne tardera pas à décéder en nettoyant son révolver, s’inscrit pleinement dans le répertoire du Gospel Soul du début seventies. Terminons ce panorama par l’unique composition de Roebuck Staples, « Who Do You Think You Are (Jesus Christ The Superstar) ? » titre plaçant Jésus au premier plan, à l’instar de la comédie du duo Rice/Webber. Si les convictions religieuses de Roebuck Staples peuvent paraitre respectueuses, le tempo de la chanson ne suggère pas à l’impie que je suis, de se ruer à l’église pour tremper ses mains dans le bénitier.

Suite à la future faillite du label Stax, plus ou moins orchestrée par la CSS, les Staple Singers signeront deux autres albums pour la firme de Memphis, mais « Be Altitude : Respect Yourself » reste à ce jour comme leur meilleure réussite commerciale. Le groove, la symbiose entre les accompagnateurs (presque tous blancs), la qualité des arrangements et la puissance vocale de Mavis Staples ajouté au son Stax au sommet de sa forme sont aujourd’hui encore les meilleurs atouts de ce disque qui fait toujours partie des grands classiques du Gospel seventies, malgré trois ou quatre pistes trop béni oui oui bien trop naïves

⃰ Groupe anglais de Disco ayant officié entre 1970 et 1980, Eruption fera bien pire. Le groupe massacrera allègrement « I Can’t Stand The Rain » hit intemporel d’Ann Peebles. Curieusement, les anglais réussiront à refaire grimper leur reprise dans la plupart des classements mondiaux.

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   LE KINGBEE

 
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- Roebuck 'pops' Staples (chant, guitare)
- Cleotha Staples (chant)
- Yvonne Staples (chant)
- Mavis Staples (chant)
- Jimmy Johnson (guitare)
- Eddie Hinton (guitare)
- David Hood (basse)
- Roger Hawkins (batterie)
- Barry Beckett (claviers)
- Terry Manning (synthétiseur, mellotron,harmonica)
- Ben Cauley (trompette)
- Andrew Love (saxophone)
- James Mitchell (saxophone)
- Ed Logan (saxophone)
- Jack Hale (trombone)


1. This World
2. Respect Yourself
3. Name The Missing Word
4. I'll Take You There
5. This Old Town (people In This Town)
6. We The People
7. Are You Sure
8. Who Do You Think You Are? (jesus Christ The Super
9. I'm Just Another Soldier
10. Who



             



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