"Ma jeunesse est morte, mais la suite sera meilleure."

Le message inscrit sur la pierre tombale qui orne la pochette du nouvel album de GEORGIO est clair. À désormais 25 ans, le rappeur originaire du 18ème arrondissement de Paris entre pleinement dans l'âge adulte et n'hésite plus à mettre en avant un espoir qui faisait jusqu'alors souvent défaut à ses paroles (au moins jusqu'à l'album Héra).
Un quart de siècle donc pour le jeune homme. 2 EP et 3 albums au compteur (plutôt actif le lascar), dont le nouveau, XX5 (deuxième sous la bannière de Panenka Music), fait l'objet de cette chronique.
Héra et son immense tournée qui a suivi ont été des succès retentissants, qui ont permis d'asseoir (si ce n'était pas déjà fait) la réputation de GEORGIO dans le paysage du rap français. C'est dire si ce nouvel album était attendu.

"Hier", la première piste, avec son instru et ses paroles mélancoliques propose un pont idéal avec l'album précédent. On navigue en terrain connu. Idéal pour rassurer l'auditeur. Très bon titre, dans le plus pur style GEORGIO. La mélancolie fait partie de l'ADN du rappeur et c'est quelque chose qu'il exploite à merveille tout au long du disque, notamment sur "Dans mon élément", "Seul" et "Ça bouge pas".
Les principaux changements par rapport à l'opus précédent se situe selon moi tout d'abord dans la production. Cette fois ce n'est plus Angelo Foley qui est aux manettes mais Myd (membre de Club Cheval), et plus connu dans la sphère electro/house. Si le son perd un peu en aspect organique, il y gagne par contre en impact et en modernité. C'est particulièrement le cas sur "Miroir" (l'un des tout meilleurs titres de l'album et même désormais du répertoire de GEORGIO), "J'en sais rien" (et sa basse énorme qui tabasse) et "Haute Couture". La preuve que l'artiste, s'il possède clairement une "patte" artistique, n'en demeure pas moins attentif aux tendances musicales, qu'il assimile avec intelligence et savoir-faire. Pour preuve "Aujourd'hui", avec son break à la Stromae, "J'roule", dont le flow rapide aux montées progressives rappelle le meilleur de Nekfeu, ou encore "Akira", dont l'instru planante et désenchantée fait penser à du PNL. La présence du DJ Victor Solf en invité sur "31 janvier" montre aussi la volonté du rappeur de s'affranchir des codes usuels du rap en proposant une collaboration audacieuse et inattendue. En second lieu, l'interprète retrouve sur ce disque une certaine agressivité dans son flow, qu'il avait quelque peu mis de côté sur Héra au profit d'une ambiance et d'un rendu plus mélodique.

Mais entrer de plein pied dans l'âge adulte ne veut pas forcément dire renoncer aux petits délires qui ont contribué à sa renommée. Ainsi on retrouve sur XX5 des titres à consonance plus légères et moins sérieuses. Le fidèle pote VALD qui s'invite sur "Barbara", "J'me couche" et ses reliquats de vécu de soirée, ou encore "Monnaie" à l'instru presque latino.

Pour conclure, GEORGIO confirme ici tout le potentiel qui est le sien et démontre qu'il maîtrise totalement son rap. Un parfait mélange entre la mélancolie d'un NESSBEAL, la technique fulgurante d'un Hugo TSR et l'audace créative d'un LOMEPAL. Si l'album est clairement une réussite, notamment grâce au choix d'une production plus actuelle qui lui fera à coup sûr gagner de nouveaux fans, je garde toutefois une préférence (toute subjective) pour Héra, que j'avais trouvé plus homogène en terme d'ambiance, alors que l'on retrouve au contraire sur ce disque-là des atmosphères beaucoup plus différentes et variées ; mais qui contribuent en même temps à la force de ce dernier. Ce sera aux auditeurs de se faire leur avis.