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P. P. ARNOLD - The Turning Tide (2017)
Par LE KINGBEE le 7 Février 2019          Consultée 1107 fois

En préambule, on invite les lecteurs à lire les chroniques des albums précédents concoctées avec soin par l’excellent Baazbaaz. Si « The Turning Tide » sort presque un demi-siècle après son enregistrement, on aurait presque pu faire un copier-coller des chroniques précitées, il suffisait de changer le titre des chansons.

Sous prétexte d’une publication miraculeuse, certains journalistes n’ont pas tardé à monter au créneau et à hurler au génie. On a beau frotter la lampe, rien ne se passe, pas de génie, pas de transe, pas de mélodie obsédante, rien qu’une belle voix, ce qui n’est déjà pas si mal, me direz vous.

On ne reviendra pas sur le parcours de Patricia Ann Cole (aucun lien avec Ann COLE), notre collègue s’en est chargé.Signalons qu’après avoir fait ses gammes sur les bancs d’une paroisse de Watts, quartier de Los Angeles connu pour ses émeutes, Patricia se fait brièvement connaître au sein des Ikettes d’Ike et Tina Turner et rejoint l’Angleterre, terre promise pour certaines chanteuses afro-américaines.

Trésor aujourd’hui oublié, P.P. ARNOLD a connu quelques années fastes à la fin des sixties, mais une telle voix aurait dû connaître un épilogue beaucoup plus réjouissant. Pour son malheur, la chanteuse est tombée sur Andrew Loog Oldham, ancien imprésario des STONES, qui lui fait signer un contrat sur son label Immediate Records. Cocaïnomane depuis ses plus tendres années, Andrew ne tarde pas à faire faillite et P.0.P Arnold ne connaîtra donc jamais le succès qu’elle était en droit d’attendre.

Curieusement, si la discographie de la Californienne ne compte que trois disques, dont un en collaboration avec Dr. Robert (futur chanteur de Blow Monkeys), on dénombre plus d’une quinzaine de compilations souvent élaborées sans queue ni tête. La sortie de ces 13 faces oubliées et restées au fin fond d’une étagère où elles prenaient la poussière avait de quoi tournebouler l’esprit de certains critiques.

Immediate Records vient donc de couler, P.P. rencontre Jim Morris, bras droit du producteur australien Robert Stigwood, qui la met en contact avec Barry Gibb. Oui, vous avez bien lu, le Barry des BEE GEES. Et si ce bon vieux Barry avait des propensions à officier dans la Soul, cela se saurait.
Seconde trouvaille, Stigwood devient manager de la chanteuse et lui présente Eric CLAPTON qui lui donne un petit coup de pouce en produisant trois titres. Deux autres titres sont issus d’une collaboration entre la chanteuse et le guitariste de session Caleb Quaye (ex Elton JOHN, Mick Jagger, Harry NILSSON).
Malheureusement, malgré les belles promesses de Stigwood, probablement trop occupé avec des artistes de premier plan et à la préparation de comédies musicales à succès, ces faces ne verront jamais le jour, hormis « Bury Me Down By The River » et « Give a Hand, Take a Hand » qui apparaissent sur un single Immediate.

Commençons ce tour d’horizon par les pièces les plus faibles, celles de Barry Gibb. « High And Windy Mountain » s’annonce vite ennuyeux, d’autant qu’il s’éternise pendant plus de cinq longues minutes. « Bury Me Down By The River » avec abondance de cordes et de chœurs évoque l’univers de « Jesus Christ Superstar » ou de « Hair ». Son pendant « Give a Hand, Take a Hand » est un prolongement terriblement pathos auquel il est bien difficile de s’accrocher aujourd’hui. « Happiness » laisse à penser que Gibb a voulu transformer la soulwoman en Rita Coolidge ou Elkie Brooks, registre qui ne lui sied guère. « You’ve Made Me So Very Happy », une guimauve de Brenda Holloway sonne encore plus Motown que la Motown. En fait, parmi les titres enregistrés sous la houlette de Barry Gibb, seuls le dynamique « Born », bien que pollué par les arrangements de Bill Shepherd l’arrangeur attitré des BEE GEES et, plus tard, de POLNAREFF ou Delpech, et « Spinning Wheel », gros carton de BLOOD SWEAT &TEARS mais qui n’atteint pas l’explosivité de l original, parviennent à retenir l’attention.
Les collaborations avec Caleb Quaye ne sont pas plus enthousiasmantes. Le piano sur « Children On The Last War » devient vite fatiguant et obsolète. « If This Were My World » donne l’impression que Stigwood et ses sbires ont confondu P.P. Arnold avec Elton John, un sacré problème de vue.
Les collaborations avec CLAPTON se révèlent finalement comme le point d’orgue du disque. « Medicated Goo », reprise de TRAFFIC, s’avère intense et lançait le disque sur de bons rails avec un Bobby Whitlock impérial aux claviers et une section cuivre qui apporte son lot d’épices. Elle tire son épingle du jeu en reprenant lev« Brand New Day » de Van Morrison ; si l’interprétation vaut largement celles d’Esther Phillips ou de Miriam Makeba, elle s’avère néanmoins moins croustillante que celle de Della Reese. P.P. ARNOLD termine son disque avec une version honorable de « You Can’t Always Get What You Want », grand classique des STONES, malgré une guitare légèrement intempestive et des cuivres trop présents qui ne parviennent pas à nous faire frissonner comme les chœurs de la version originale.

Les arrangements de Bill Shepherd ne s’intègrent jamais au formidable timbre de la chanteuse, la présence de Caleb Quaye ne provoque strictement aucune étincelle et seules cinq plages parviennent à nous sortir de la routine dans laquelle la chanteuse semble se complaire, peu aidée par une orchestration Pop rarement dans le ton. Aujourd’hui, on se met à regretter que P.P. Arnold soit tombée dans les mains de producteurs anglais peu à l’aise dans le domaine de la Soul. La Californienne aurait probablement fait un malheur si elle avait pu se retrouver à Muscle Shoals dans l’escarcelle de Rick Hall ou Chips Moman. Un demi-siècle d’attente peu récompensé et plombé par trop de titres pantouflards.

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- P.p. Arnold (chant)
- Bill Shepherd (arrangement, orchestration 2-4-5-6-9-10-11-12)
- Eric Clapton (guitare 1-8-13)
- Caleb Quaye (guitare,piano, claviers 3-7)
- Carl Raddle (basse 1-8-13)
- Dave Glover (basse 3-7)
- Bobby Whitlock (claviers, chœurs 1-8-13)
- Jim Gordon (batterie 1-8-13)
- Roger Pope (batterie 3-7)
- Bobby Keys (saxophone 1-8-13)
- Jim Price (trompette 1-8-13)
- Rita Coolidge (chœurs 1-8-13)
- Madeline Bell (chœurs 6)
- Barry Gibb (chœurs 11)


1. Medicated Goo
2. Born
3. If This Were My World
4. High And Windy Mountain
5. Spinning Wheel
6. Bury Me Down By The River
7. Children Of The Last War
8. Brand New Day
9. The Turning Tide
10. You've Made Me So Very Happy
11. Give A Hand, Take A Hand
12. Happiness
13. You Can't Always Get What You Want



             



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