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Aretha FRANKLIN - Spirit In The Dark (1970)
Par LE KINGBEE le 10 Juin 2021          Consultée 998 fois

Cette pochette pourrait figurer dans le peloton des visuels peu porteurs, peu engageants, voire carrément ratés. Ceci peut expliquer le manque de succès commercial du disque, sans oublier une promotion en berne. Et pourtant, tout va pour le meilleur des mondes pour Aretha FRANKLIN. Lady Soul fait la rencontre début 69 du fringant et pimpant Ken Cunningham, elle se débarrasse de Ted White, son ex mari cogneur et ancien proxo reconverti dans la musique. Voilà de quoi ouvrir de belles perspectives.

Ce 17ème album studio (le 8ème chez Atlantic) fait suite à "This Girl’s In Love With You". Sorti en août 70, "Spirit In The Dark" provient de quatre sessions (26, 27 mai, 3 octobre 1969 et 10 mars 1970) captées dans les studios Atlantic à New York et Miami. Aretha mettra au monde Kecalf (combinaison des initiales des deux tourtereaux KEC et ALF), son quatrième rejeton, 18 jours après la dernière session.

La chanteuse a vu son quotidien changé de fond en comble, sujette à une addiction à l’alcool, elle ne boit plus et a profité de sa grossesse pour composer de nouvelles chansons, c’est ainsi qu’on trouve pas moins de cinq originaux, ce qui doit constituer un record parmi sa luxuriante discographie.
L’entrainant "Pullin’" reprend toutes les recettes du Gospel avec le fameux procédé des questions/ réponses, un jeu renforcé par les chœurs. "You And Me" se déguste comme une excellente ballade, mais on se demande pourquoi Arif Mardin et Tom Dowd ont cru bon de rajouter autant de chœurs en overdub, une surenchère discutable selon nous. Titre donnant son nom à l’album, "Spirit In The Dark" dévoile par métaphore tous les maux que vient de subir le pays et propose différents remèdes comme la foi, la danse et l’amour. Le single avec son final de folie se classera brièvement à la 3ème place du classement R&B. Une version plus profonde et plus habitée que celle de Diane Schuur en duo avec BB KING. Pour un peu on serait tenter de rejoindre la Diva dans son invitation: "I'm gettin the spirit in the dark - Hum Hum Hum - People movin, aw, ain't we groovin - Just gettin the spirit in the dark… ». Sous un fond d’orgue d’église, l’apaisant « One Way Ticket" ⃰ nous plonge vers une ballade ou Gospel et Country Blues fusionnent pour le meilleur. Enfin avec "Try Matty’s", le rythme s’accélère sous la cadence d’une section cuivre qui booste l’ensemble. Le titre servira plus tard d’indicatif à une célèbre émission radio bostonienne.

Au chapitre des reprises, la pianiste prend soin d’apporter une ambiguïté lyrique pouvant faire le bonheur d’auditeurs venus d'horizons variés. C’est ainsi qu’elle apporte un peu de classe et de délicatesse à "Honest I Do", un Blues larmoyant de Jimmy REED. Ici pas d’harmonica mais les guitares de Jimmy Johnson et d’Eddie Hinton et de délicats nuages d’ivoires amènent un petit plus. "When The Battle Is Over", compo de Dr. John pour Delaney & Bonnie, diffuse ici une ferveur supplémentaire. Aretha impulse une forte exaltation, tandis que la guitare de Duane ALLMAN ramène un léger soupçon de parfum Psyché, juste ce qu’il faut. Si la version d’origine avec une minuscule section cuivre s’avérait plus sage, la chanson tombera ensuite dans l’escarcelle de nombreux ensembles Gospel.
Il est parfois surprenant comme un arrangement et un changement de tempo peuvent contribuer à transformer un vulgaire caillou en petite pépite. Ecrit par Fritz Rotter (alias Mausie Rotha) un réfugié autrichien ayant fuit le régime nazi, "That’s All I Want From You" sera d'abord repris en ballade insipide (Jaye Morgan, Dean MARTIN, Eddy ARNOLD) avant d’être transformé en Deep Soul par Joe Simon et Sam Baker. Ici la chanson apparait sous la forme d’un Gospel communicatif résumant bien l’ambiance générale de l’album. Œuvre de la prolifique paire Carole King/ Jerry Goffin, "Oh No Not My Baby" aura connu plusieurs essais peu concluants (The Shirelles, MANFRED MANN, CHER). Aretha nous en délivre l’une des meilleures interprétations avec celles de Fontella Bass et Merry CLAYTON. Le refrain se retrouve encore rehaussé par les reprises du chœur dans lequel figure Brenda Bryant, cousine de la chanteuse.
Si le Gospel a toujours constitué une racine importante et profonde de son répertoire, le Blues a également fait partie des influences de la pianiste. Rappelons que le Révérend Franklin recevait chez lui certains quelques bluesmen reconnus. Il n’est donc pas surprenant qu’elle reprenne deux titres de BB KING, visiteur occasionnel de la fratrie Franklin. En fermeture d’album, "Why I Sing The Blues" pourrait servir de pont entre la musique pieuse et celle du Diable. Cornell Dupree s’offre pour le coup une démonstration hyper fluide de guitare. Aretha reprend "The Thrill Is Gone" accrédité par erreur à Dale Petite et Art Benson en lieu et place de Roy Hawkins et Rick Darnell. Enregistré en 1951 par Hawkins pour Modern Records, le titre n’avait guère fait de vague jusqu'à ce que BB KING le reprenne en 1969 et connaisse alors une popularité interplanétaire. Le guitariste en offrira plusieurs versions dont un duo avec l’excellente Tracy CHAPMAN. Là, Aretha nous balance une véritable démonstration de piano blues en contrepoint de la guitare de Charlie Freeman, ancien membre des Mar-Keys, compagnon de route de Steve Cropper et accompagnateur pour le Killer et Slim HARPO. Souvent repris mais rarement égalé, la reprise de ce désormais standard se situe parmi les meilleures avec celles de Byther Smith, Little Milton ou Richie KOTZEN.
Terminons ces modestes lignes avec "Don’t Play That Song" popularisé huit ans plus tôt par Ben E KING. Aretha Franklin nous délivre une version différente qui atteindra sur la 1ère marche des classements R&B et accèdera à la 11ème place du Billboard Pop. Là, la symbiose est évidente entre la batterie de Sammy Creason, la basse de Tommy McClure, l’orgue de Jim Dickinson, le jeu de guitare de Freeman, les chœurs et le piano. Pour un peu on parlerait presque de communion, le plus remarquable dans tout cela étant que Franklin nous embarque dans un voyage où se mêlent indifféremment Gospel, Soul, et Country Blues. Là on n’est pas sur la même planète que les essais de Dee Dee Sharp ou d’Adriano CELENTANO.

Curieusement, le manque de succès de cet album, le premier de la période Atlantic à ne pas accéder au Top 20 (il ne sera que 23ème), lui vaudra plus tard une reconnaissance tardive. Le répertoire polyvalent pu intéresser aussi bien les amateurs de Gospel, de Soul, de Blues mais aussi de Pop seventies. Autre syndrome, la voix d’Aretha est en verve, la pianiste semble apaisée avec elle-même, comme libérée de certains démons intérieurs et cela se ressent également sur son jeu de piano. L’orchestration et les arrangements évitent toute surenchère superflue, on regrette juste l’abondance des chœurs en overdub sur deux trois morceaux. N’oublions pas la qualité des accompagnateurs qui n’ont d’autre but que de mettre leur leader et les équipiers au diapason. Aretha Franklin est ici revigorée, comme en plein boom même si certaines ecchymoses dues aux aléas de la vie planent encore par moments. La line-up suggérée provient du recoupement de diverses indications figurant sur plusieurs pochettes dorsales. La section cuivre n’est qu’indicative. Un disque peut être moins clinquant que "Aretha Now", "I Never Loved a Man The Way I Love You" ou "Lady Soul" mais tout aussi sincère.

⃰ Titre homonyme à ceux de John Lee Hooker et The Nerves.

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- Aretha Franklin (chant, piano)
- Charlie Freeman (guitare 1-2-4-6-10)
- Eddie Hinton (guitare 3-5-7-11)
- Jimmy Johnson (guitare 3-5-7-11)
- Cornell Dupree (guitare 8-11-12)
- Duane Allman (guitare 7-11)
- Jimmy O' Rourke (guitare 9)
- David Hood (basse 3-5-7-11)
- Tommy Mcclure (basse 1-2-4-6-10)
- Harold Cowart (basse 9)
- Sammy Creason (batterie 1-2-4-6-10)
- Roger Hawkins (batterie 3-5-7-11)
- Ray Lucas (batterie 8-9-12)
- Jim Dickinson (claviers 1-2-4-6-10)
- Mike Utley (claviers 1-2-4-6-10)
- Dave Crawford (orgue 8-9-12)
- Ronnie Eades (saxophone 1-9-10-11-12)
- Harvey Thompson (saxophone 1-9-10-11-12)
- Harrison Calloway (trompette 1-9 11-12)
- Charles Rose (trombone 1-9-10-11-12)
- Brenda Bryant (chœurs 1-2-7-8-11)
- Margaret Branch (chœurs 1-2-7-8-11)
- Almeda Latimore (chœurs 1-2-3-9-10-11)
- Evelyn Green (chœurs 3-9-10-12)
- Wyline Ivy (chœurs 3-9-10-12)
- Pat Lewis (chœurs 3-9-10-12)
- Estelle Brown (chœurs 4-6)
- Sylvia Guions Shemwell (chœurs 4-6)
- Myrna Smith (chœurs 4-6)
- Ann Williams (chœurs 4-6)


1. Don't Play That Song
2. The Thrill Is Gone (from Yesterday's Kiss)
3. Pullin'
4. You And Me
5. Honest I Do
6. Spirit In The Dark
7. When The Battle Is Over
8. One Way Ticket
9. Try Matty's
10. That's All I Want From You
11. Oh No Not My Baby
12. Why I Sing The Blues



             



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