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2019 Ain't I'M A Dog!

RONNIE SELF - Ain't I'm A Dog! (2019)
Par LE KINGBEE le 24 Février 2019          Consultée 959 fois

Ne cherchez pas de disque de Ronnie SELF, il n’y en a pas. Excellent songwriter surfant entre Hillbilly, R&B et Rockabilly, sa discographie ne compte que 14 singles, 1 EP et 4 compilations dont 2 semblent épuisées depuis des lustres. Si le nom de Self revient plusieurs fois dans l’histoire du Hillbilly et du Rock N Roll. Alvil, Jimmy, Mack, auteur d’un 45 tour pour Sun et Stewart ont tous enregistré une poignée d’obscurs microsillons mais n’ont strictement aucun lien avec l’acteur principal de cette chronique, sinon de porter un patronyme identique. Ronnie SELF voit le jour en 1938 dans une ferme de Tin Town, un bled paumé du Missouri sur la route 215. Après la Seconde Guerre Mondiale, sa famille s’installe à Springfield où son père embrasse une carrière dans les chemins de fer. Aîné d’une famille de cinq enfants, Ronnie s’intéresse très tôt à la musique. Le jeune Ronnie va aussi développer précocement de gros problèmes comportementaux. Alors qu’il est encore en primaire il attaque un professeur à coup de batte de baseball ; plus tard il tronçonne un arbre pour couper la route du bus scolaire qui doit l’emmener à l’école. Sous une allure chétive, Ronnie est une terreur ou plutôt un adolescent tourmenté.

A 18 ans, il traîne du coté de la KTWO, la radio de Springfield, où il n’hésite pas à harceler les salariés avec ses chansons et ses démos ; Ronnie a la musique dans la peau. Remarqué par le chanter Bobby Lord, il participe à une session d’enregistrement qui atterrie dans les mains de Dub Allbriten, le gars qui a déniché Brenda Lee. Allbriten n’est pas le perdreau de l’année, il a travaillé dès les années trente dans les carnavals itinérants, a fait carrière dans l’armée comme parachutiste, s’est occupé du sprinter Jesse Owens, à collaboré avec Hank Williams, Hank Snow, Ernest Tubb et Red Foley tout en œuvrant au sein du Grand Ole Opry. L’envie et l’énergie du jeune chanteur guitariste plaisent à Allbriten qui décide de lui donner sa chance. Fin avril 56, Ronnie enregistre quatre titres dans les studios de la Paramount à Nashville sous la houlette de Felton Jarvis, futur producteur d’Elvis durant les sixties. De ces quatre titres deux sont édités en single: « Pretty Bad Blues », un classique du Rockab avec une contrebasse énorme, une batterie bien présente chose rare à cette époque, et une voix qui s’élève en dominant les débats, tandis qu’en face B « Three Hearts Later » oscille entre mid tempo et ballade. Sorti en juin, le 45 tours ne rentre pas dans les classements et les deux autres titres passent à la trappe, la Paramount n’étant pas convaincu par les ventes du premier single.

Début 57, Allbriten collabore avec la Caravane Phillip Morris, le consortium de tabac désire promouvoir ses paquets de cigarettes via une tournée Hillbilly à l’instar des tournées d’antan organisées par les fabricants de farine. Si Carl SMITH, Gordon Terry, Red Sovine, Goldie Hill ou Mimi Roman évoluent dans le domaine du Hillbilly, Ronnie Self, placé dans la programmation par Allbriten, se démarque du lot par son jeu de scène et des compositions naviguant entre R&B à la Little RICHARD et Rockab sauvage. Les prestations de Ronnie ne laissent pas la Columbia insensible, la firme sent bien qu’il y a là un moyen d’engranger de la maille. Le 16 février 57, Ronnie met en boite son premier 45 T. pour la Columbia, sous la direction de Don Law avec Grady Martin à la guitare. Durant l’été, toujours dans les studios Bradley de Nashville, il met en boite le frénétique « Ain’t I’m A Dog ». Mais c’est en décembre 57 que Self parvient à placer durablement son nom sur la carte du Rockabilly alors en pleine ascension avec « Bop-A-Lena », un Hillbilly du tandem Mel Tillis/Webb Pierce transformé en un Rockab aussi intense que sauvage. Ray Edenton qui avait alors une solide expérience comme guitariste de session, affirmera plus tard que la sauvagerie et le jeu de Ronnie lui firent presque peur. Certains chercheurs suggèreront plus tard qu’il s’agit là du premier morceau Punk Rock enregistré par l’Industrie du disque. Ronnie gravera encore deux singles pour la Columbia avant d’être embauché par Decca en 59. Le guitariste va alors mettre en boite quatre disques mais aucun titre ne rentre dans les charts. C’est fini pour lui, Ronnie a laissé passer sa chance.

Si notre péquenot, quelque peu instable, enregistrera quatre 45 tours pour Kapp, Skipper, Scratch, et Amy jusqu’en 68, c’est son talent d’auteur qui lui permettra de vivoter. Ronnie ayant signé un contrat d’auteur chez Cedarwood Music dès 57 via Jim Denny et Allbriten. Si Ronnie n’enregistrera plus jamais un seul hit, certaines de ses compositions feront un carton, chantées par d’autres : « Sweet Nothin’s », « Wee Wee Willies » ou « I’m Sorry » immenses succès de Brenda Lee, autre protégée de Dub Allbritten ou l’excellent « My Home In My Hand » gros carton de Dallas Frazier repris par Commander Cody, Dave Edmunds et Brinsley Schwarz.
En 1971, suite au décès d’Allbritten, il regagne Springfield où il continue à composer mais semble désemparé. Marié très jeune, il divorce en 78 avec Dorothy et perd totalement pied. Dépressif, il plonge dans les médicaments, la marijuana et l’alcool, des substances faisant rarement bon ménage, vit en reclus dans un appartement où réside l’un de ses frères. Il se ballade parfois avec une Bible et un fusil de chasse, refusant toute aide, pleurant sur son sort. En 1980, Diana ROSS reprend une de ses chansons « Mirror, Mirror ». En juin 1981 Ronnie semble vouloir sortir du trou dans lequel il s’est englué, il enregistre une démo « Waiting For The Gin To Hit Me » qui paraitra plus tard sur une compilation publiée par Hydra mais décède d’une crise cardiaque à la fin du mois d’aout à 43 ans. Son fils Roman, né en 63, reprendra durant un temps le flambeau du Rock.

Cette compilation constitue un excellent parcours initiatique pour ceux qui voudraient découvrir cet artiste aussi tourmenté qu’attachant. Le compilateur propose ici 23 titres repris dans un souci chronologique. On retrouve les deux titres du single Paramount suivis par les 5 singles Columbia et des 4 Decca soit un total de 20 pistes. Le compilateur nous glisse trois titres n’ayant pas fait l’objet d’une parution single : « Black Night Blues » une ballade boogie avec piano gravée en février 57, « Too Many Lovers » un mid tempo avec l’apport probable du guitariste Hank Garland et enfin le bluesy « Do It Now » titre resté longtemps inédit, apparu en 1990 sur la compilation « Bop A Lena » éditée par Bear Family.

Le répertoire reprend ici du Rockab pur jus : « Pretty Bad Blues », le furieux « Ain’t I’m A Dog » ou l’impayable « Bop-A-Lena » connu pour son refrain : «Oop-scooby-dooby-lena, go-gal-go
Bop-a-lena, bop-a-lena, she's my gal ». Le Rock n Roll fait bien évidemment partie intégrante de notre écorché avec l’excellent « Big Fool », « Flame Of Love », « Big Blon’ Baby » ou « Petrified ». Mais de son Missouri natal, Ronnie Self s’était aussi entiché des sonorités noires qui passaient sur les ondes des radios noires ou dans les juke-joints locaux. « This Must Be The Place » ou le bluesy « Instant Man » en sont les exemples les plus parlants. Les influences de l’église sont clairement évidentes sur cette âme tourmentée, « Some Things You Just Can’t Change » débute sur les bases d’un Gospel pour se finir en Rock N Roll. Le sauvageon pouvait également se faire tendre, il nous gratifie de quelques ballades : « I Ain’t Goin’ Nowhere » ou « I’ve Been There ». Il pouvait aussi se faire plus léger avec quelques bons Rock Teens s’inscrivant bien dans la lignée de la Columbia et de Decca comme en attestent « So High » et « Oh Me, Oh My » qui rappelle les orchestrations chères à Johnny Horton. Enfin signalons l’excellent Hillbilly « Past, Present And Future » qui témoigne que Ronnie avait plusieurs cordes à son arc.

Probablement dans le but d’attirer l’auditeur sur son talent d’auteur compositeur, le compilateur incorpore cinq création du rebelle chantées par Brenda LEE : « I’m Sorry », une superbe guimauve magnifiée plus tard par Timi Yuro et adapté chez nous par Michelle Torr et avouons qu’on a connu bien pire. Pour une fois que je ne me moque pas de la variété française. L’intemporel « Sweet Nothin’s » un titre inoxydable sur lequel Diana Ross se cassera les dents et trois hit mineurs « Everybody Loves Me But You » repris par la countrywoman Leona Williams dans une version plus « Country que ça tu meurs », « Anybody But Me » et « Eventually ».
On aurait apprécié que le compilateur nous glisse quelques titres supplémentaires de Ronnie SELF en lieu et place de ceux chantés par Little Miss Dynamite, ceci ne paraissait pas insurmontable. Bear Family proposait dès 1990 un recueil de 30 titres alors que son homologue allemand Hydra Records avait édité 31 titres en 2001. Du coup cette compilation qui aurait pu surfer sur un bon 4 se prend un grand coup de raquette et se trouve amputée d’un point.

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- Ronnie Self (chant, guitare 1-- 24)
- Brenda Lee (chant 24-25-26-27-28)
- Grady Martin (guitare 3-4-6-15-16-17-18-21-22-23-24-25-26-27-28)
- Hank Garland (guitare 3-4-6-13-14-15-16-21-22-2324-25-27-28)
- Ray Edenton (guitare 7-8-12-17-18-19-20-26)
- Harold Bradley (guitare 15-16-17-18-19-2024-25-26-27-28)
- John Hill (guitare 7-8-12)
- Jack Pruett (guitare 13-14)
- Jerry Kennedy (guitare 19-20)
- Lightnin' Chance (contrebasse 3-4-6-21-22-23)
- Joseph Zinkan (basse 9-10-11-19-20-28)
- Bob Moore (basse 13-14-15-16-17-18-24-25-27)
- Ike Inman (basse 7-8-12)
- Buddy Harman (batterie 3--28)
- Floyd Cramer (piano 3-4-6-9-10-11-13-14-15-16-17-18-)
- Hargus Robins (piano 19-20)
- Marvin Hugues (piano 7-8-12)
- Boots Randolf (saxophone 19-20-24-25-27-28)
- Bill Mcelhiney (trompette 17-18)
- Cam Mullins (trompette 17-18)
- Carl Gavin (trompette 17-18)
- Anita Kerr Singers (choeurs 15-16-17-18-19-2024-25-27-28)


1. Pretty Bad Blues
2. Three Hearts Later
3. Big Fool
4. Flame Of Love
5. Ain't I'm A Dog
6. Rocky Road Blues
7. Bop-a-lena
8. I Ain't Goin'nowhere
9. Big Blon'baby
10. Date Bait
11. Petrified
12. You're So Right For Me
13. This Must Be The Place
14. Big Town
15. So High
16. I've Been There
17. Some Things You Just Can't Change
18. Instant Man
19. Oh Me, Oh My
20. Past, Present And Future
21. Black Night Blues
22. Too Many Lovers
23. Do It Now
24. I'm Sorry
25. Sweet Nothin's
26. Everybody Lobes Me But You
27. Anybody But Me
28. Eventually



             



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