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ROCK N'ROLL  |  STUDIO

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1969 Supersnazz
1970 Flamingo
1971 Teenage Head
1979 Jumpin' In The Night

The FLAMIN' GROOVIES - Jumpin' In The Night (1979)
Par LE KINGBEE le 7 Mars 2020          Consultée 1946 fois

Avant toute chose, on conseille aux lecteurs de lire la chronique de Flamingo qui retranscrit parfaitement l’atmosphère du disque.

Revenons brièvement sur les GROOVIES. Après avoir perdu son temps chez Epic qui n’a véritablement jamais cru au groupe, la bande de Loney met en boîte deux formidables disques édités par Kama Sutra. Malheureusement, quand les dés basculent invariablement du mauvais côté et que la chance n’est pas au rendez-vous, il n’y a pas grand-chose à faire sinon de faire le dos rond. En 1976, les Groovies signent un contrat avec Sire Records. Fondé au milieu des seventies, le label de Seymour Stein a le vent en poupe, le catalogue regroupe en peu de temps une série de succès souvent improbables. La maison de disques édite en peu de temps les RAMONES, TALKING HEADS, Richard HELL & The VOIDOIDS, RADIO BIRDMAN ou les UNDERTONES.

En 1979, les FLAMIN’ GROOVIES enregistrent "Jumpin’ In The Night", leur troisième disque pour l’écurie Sire. Tout s’annonce bien si ce n'est que Jack Riviera, patron du label Stiff Records, intervient pour que Dave Edmunds, le fidèle complice, ne puisse s’attacher à la production. Seconde anicroche, le guitariste James Ferrell décide de quitter le groupe, trouvant que le répertoire s’oriente trop vers celui des BEATLES et des Gallois de Badfinger, il rejoint Roy Loney, premier chanteur du groupe et prédécesseur de Chris Wilson qui vient de fonder The Phantom Movers. Le groupe est aussi confronté à la nouvelle politique du label. Sire Records, distribué depuis plus d’un an et demi par la Warner, a été racheté par la major, une firme multi nationale qui pense à ses finances avant l’art ou l’expression musicale. De plus, les rapports entre Cyril Jordan et Seymour Stein se détériorent considérablement. Enfin, dernière onde de choc, alors que les FLAMIN’ GROOVIES devaient se produire lors d’une tournée européenne d’un mois en juin, une série de concerts destinée à promouvoir le disque, celle-ci est brutalement annulée. Le groupe devait passer sur la B.B.C 2 à l’émission d’Annie Nightingale "Old Grey Wistle Test" et était programmé à Dublin avec STATUS QUO en tête d’affiche, mais leur nouveau tourneur n’ayant pu réunir les garanties financières, la tournée sera purement et bêtement annulée.

Autre accroc pas si anodin, 1979 est une année marquée par la sortie de gros cartons, de véritables blockbusters musicaux, et des changements de mode : Highway To Hell (AC/CD), The B-52’s, Reggatta de Blanc (POLICE), London Calling (The CLASH), « Unknown Pleasures » (JOY DIVISION), The Wall (PINK FLOYD), Machine Gun Etiquette (The DAMNED, « Off The Wall » (Michael JACKSON) ou le premier album de Pat BENATAR des SPECIALS⃰ Sans une promotion d’envergure et des passages radio en nombre, il paraissait ardu que "Jumpin’ In The Night" connaisse la notoriété qu’il pouvait espérer. En fait de carton, le disque est un échec commercial pour Sire et ce sera là le dernier disque du groupe édité par le label, hormis la compilation Groovies Greatest Grooves publiée dix ans plus tard.

Avec sa pochette évoquant certains visuels des ROLLING STONES, à l’instar du "First Offence" des INMATES, les GROOVIES nous délivrent ici un bon disque de Rock. Sur 14 titres, le tandem Jordan/Wilson apporte six originaux. "Jumpin’ In The Night" qui donne son nom à l’album et ferme la face A s'avère un Rock de bonne facture pas très éloigné du répertoire stonien. "Next One Crying" nous renvoie lui vers les BEATLES et plus particulièrement vers Lennon. Avec ses fragrances gorgées de désenchantement, "Tell Me Again" rappelle les STONES de Between The Buttons. Plus vindicatif, "Yes I Am" avec une guitare qui monte en régime s’inscrit plus dans un répertoire Garage proche des REMAINS. "First Plane Home" renvoie résolument vers un univers stonien mid sixties porté par un assemblage de guitares, tandis que "In The USA" avec son riff de guitare et un chant volontaire se révèle un excellent Rock' n' Roll.

Les reprises, plus nombreuses que les compositions, nous entraînent dans un vrai labyrinthe. Considéré comme le premier Numéro Un des BEATLES, "Please Please Me" sera repris entre 63 et 64 par une kyrielle de groupes nous offrant souvent des essais plus que discutables. Avec ce titre en ouverture, Jordan marque son attachement pour la Beatlemania qui allait conquérir le monde au début des sixties. Version très propre, pleine d’entrain et respectueuse. Doit-on considérer "Down Down Down" comme un hommage à Dave EDMUNDS ? Toujours est-il que le groupe nous distille ici une version un brin supérieure à l’originale figurant dans Rockpile. Avec sa grosse ligne de basse, George Alexander se réapproprie presque le "Absolutely Sweet Mary", titre de DYLAN figurant dans le mythique Blonde On Blonde que le barde ne s’autorisera à jouer sur scène que vingt ans plus tard. Là, les GROOVIES touchent presque le paradis en supprimant les effets d’orgue de la version originale.

A l’instar des INMATES, grands repreneurs de titres Soul transformés en sauce Pub Rock ou Garage, la formation s’attaque à une sucrerie Motown avec "You’re My Wonderful One" popularisé par Marvin GAYE. La rythmique propose un tempo soutenu tandis que les guitares maintiennent une tension constante, ici aucun risque de carie contrairement à la guimauve d’origine. Le groupe s’attaque enfin aux STONES avec "19 th Nervous Breakdown", titre de 66 sorti uniquement en single. Wilson place un peu plus de reverb', la basse se fait moins profonde, le mixte parfait entre l’original et la reprise des STANDELLS.

Comme vous avez pu le lire, avec sa pochette très stonienne, ses reprises des STONES et des BEATLES, on se dit que le groupe s’ancre résolument vers un répertoire lorgnant sur la British Invasion. Cette première impression est carrément contredite par deux titres issus du répertoire des BYRDS. Si "Lady Friend" se rapproche de la version d’origine figurant sur l’excellent "Younger Than Yesterday", "5 D", une compo de Roger McGuinn, se retrouve gommée d’une partie de ses effets Folk Psyché, la batterie prenant le pas sur les guitares acoustiques des BYRDS.

Terminons par une curiosité avec "Boys", petit succès des SHIRELLES repris scolairement par les BEATLES dans leur premier disque. Les GROOVIES se lâchent complètement, les chœurs s’en donnent à cœur joie, les guitares accélèrent la cadence, transformant une petite guimauve typique des girls group en un Rock frénétique et enjoué.

Groupe californien aussi légendaire que malchanceux, ce combo de Rock'n'Roll, à contre-courant du mouvement hippie et plus tard de la New-Wave connaît une seconde vie en Angleterre, en Hollande, dans l’Hexagone et enfin en Australie où Cyril Jordan et le fidèle George Alexander continuent à faire vivre le nom du groupe avec des musiciens occasionnels. Boosté par les éloges de la critique internationale et par de nombreux fan clubs aussi bien au Japon qu’en Europe que dans l’Hémisphère Sud, Jordan, Alexander et Wilson enregistrent un single à édition limitée en 2016, objet servant à prendre la température auprès du public. Un an plus tard, les FLAMIN’ GROOVIES gravent Fantastic Plastic, un vinyle réédité aussitôt sous format CD par Severn Records. En 2019, la formation sans Wilson participe à une tournée mondiale avec Rob Loney♠ au chant.

Peut-être moins marquant et puissant que Flamingo, Teenage Head ou Shake Some Action, Jumpin’ In The Night figure comme une sorte de chaînon manquant entre les BEATLES et les STONES. Une synthèse jubilatoite et improbable entre Dave EDMUNDS, The INMATES, BRINSLEY SCHWARZ, The BYRDS et Nick LOWE.

Note réelle 3,5

⃰ Il s’agit là des premiers disques qui me sont venus à l’esprit. On aurait pu citer les CARS, SCORPIONS et d’autres formations phares.
◊ Il s’agit d’un titre homonyme à ceux de Rose Maddox, Neil YOUNG et Tom WAITS.
♠ Roy Loney, premier chanteur des Groovies, avait été victime d’une chute durant l’été 2019, alors qu’il descendait d’un avion lors de la tournée Teenage Head Tour, accident qui l’avait obligé à quitter ses partenaires. Roy est victime d’une défaillance d’organe le 13 décembre 2019, il avait 73 ans. Mais comme un dernier clin d’œil au destin, l’ancien fondateur des Phantom Movers a la particularité d’être né et décédé un vendredi 13.

Cette chronique provient du pressage anglais (celui avec l'étiquette bleue en face A et jaune en face B). Certaines éditions comportent des changements de titres selon les pays. On conseille aux lecteurs voulant découvrir le groupe la lecture de "Flamin Groovies - Le feu sacré" d'Alain Feydri édité par Camion Blanc.

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- Cyril Jordan (chant, guitare, mellotron)
- Chris Wilson (chant, guitare, clavecin)
- Mike Wilhelm (guitare)
- George Alexander (basse, choeurs)
- David Wright (batterie)


1. Please Please Me
2. Next One Crying
3. Down Down Down
4. Tell Me Again
5. Absolutely Sweet Marie
6. You're My Wonderful One
7. Jumpin' In The Night
8. Yes I Am
9. 19th Nervous Breakdown
10. Boys
11. 5d
12. First Plane Home
13. Ladyfriend
14. In The U.s.a.



             



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