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1975 Americans

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1990 Danse Avec Les Loups
 

- Membre : Bande Originale De Film
- Style + Membre : James Bond

John BARRY - Americans (1975)
Par DERWIJES le 26 Février 2019          Consultée 1065 fois

De son premier film Quand La Colère Gronde (Never Let Go en VO) en 1960 jusqu'à son dernier film (Enigma) avant sa retraite en 2001, John BARRY est l'un des compositeurs les plus prolifiques de l'histoire du cinéma. En 1965, il ne compose la musique de rien de moins que de dix films parmi lesquels Opération Tonnerre, The Knack et The Ipcress File. Fils d'une pianiste et d'un gérant de cinéma, sa voie est toute tracée dès lors qu'il vit les premiers dessins animés de Mickey Mouse dans le cinéma de son père à York en 1937. Grand amateur du genre il fera pourtant un détour par le jazz avant de se tourner vers la composition classique, comme le fera un certain John WILLIAMS pas si longtemps après. Dès lors, il impose son style à travers quatre décennies, un style au romantisme fort, qui n'hésite pas à user des abuser des cordes et des grands orchestres. Pourtant une constante traverse ses œuvres : l'envie de marier la liberté du jazz au lyrisme de la composition symphonique.

C'est avec cet album qu'il va réussir la meilleure synthèse possible de ces deux mondes, un album qui n'est pourtant pas issu d'un film, ou en tout cas pas un qui sera un jour diffusé. Nous sommes alors en 1975, et Barry vient d'écrire pour les films The Tamarind Street, The Dove, le James Bond L'Homme au Pistolet d'Or et la comédie musicale Billy. Il a besoin de recharger ses batteries et décide, après avoir obtenu l'accord de Polydor d'en faire un album, d'écrire pour lui, d'écrire un film fictif inspiré par ses voyages aux USA. La musique, enregistrée à Hollywood, s'articule autour des notes qu'il a écrites, des sentiments que lui inspirent les villes qu'il visite -New York en particulier-. C'est entouré d'un orchestre d'une cinquantaine de musiciens et d'un petit groupe de jazz comprenant Dick NASH au trombone, musicien émérite ayant joué avec Henri MANCINI, Lalo SCHIFFRIN... Tonny TERRAN à la trompette, vétéran du studio ayant collaboré avec à peu près tout le monde, y compris les BEATLES ou encore Diana ROSS, pour souligner l'étendue de sa versatilité. Et enfin, Ronnie Lang au saxophone, jeune prodige que Barry ré-embauchera pour la bande-son du film Body Heat dans les années 80.

Notre étasunien commence avec la "Yesterday Suite", une suite symphonique de 18 minutes invoquant le "As Time Goes By" de Casablanca. Avec son aspect urbain dont on peut presque sentir l'asphalte, cette suite renvoi à un autre environnement citadin de John Barry, celui de Macadam Cowboy. Mais plus riche en cuivres et en cordes, la "Yesterday Suite" se détache de ce modèle encombrant pour imposer sa propre identité : cool. Cool comme dans cool jazz, cool comme une promenade en ville pendant un dimanche après-midi ensoleillé. Un sentiment on ne peut plus évident dans "Downtown Walker", morceau qui ne cesse de tourner en boucle chez moi. Le duo entre Nash et Lang y touche au sublime : la trompette crée une mélodie que le saxophone reprend ensuite en boucle, comme une métaphore de l'incessant roulement de nos pieds lorsque nous marchons. Comment ne pas penser à Manhattan ? Les mille-et-une vitres de ses gratte-ciels semblent se refléter dans "Speaking Mirrors". "Scorpio" nous emmène à Harlem, nous faisant faussement croire à quelque danger qui disparaît bientôt sous l'affabilité du quartier, pendant que "Social Swing" évoque une le long de la jetée...Mais voilà qu'il nous faut déjà quitter New York le temps d'une courte virée sur la côte de Los Angeles en fin de soirée...N'oublions pas que c'est là-bas que l'album a été enregistré et que John Barry y travaillait régulièrement, Hollywood oblige !

Les auditeurs de 1975 finissaient le disque sur "Speaking Mirrors", mais heureusement Polydor nous a gâtés pour la sortie en CD de l'album en y rajoutant des morceaux inédits. Ceux-ci ne font en revanche pas partis des impressions américaines de John Barry mais sont des esquisses de travaux commandés par d'autres. "Follow Follow" a été écrite pour un documentaire de Carol Reed, génial réalisateur du Troisième Homme, l'un des films fétiches du compositeur. "The Adventurer" surprend par son côté funky alors que "Sail the Summer Wind" est un délice, la bande-son officielle de toute sortie de plaisance en mer qui se respecte. Mais mes oreilles ne peuvent se séparer de "Orson Welles Great Mysteries", le thème d'une série télévisée produite par Mr.W elles en personne à la manière de celle d'Alfred Hitchcock : une anthologie d'histoires différentes où il faisait office de présentateur. Le point commun de ces quatre morceaux est de s'appuyer fortement sur la cithare, un instrument que Barry découvrit justement grâce au travail d'Anton KARAS pour Le Troisième Homme. L'influence du musicien John Leach avec qui il travaillait régulièrement et qui était féru d'instruments exotiques est aussi forte. "Orson Welles Great Mysteries" en particulier fait penser au thème d'Amicalement Vôtre, composé cinq ans auparavant.

Sur ces morceaux dont la douceur, la mélancolie m'obsèdent, je n'hésite pas à apposer le nom, le beau nom grave de chef-d’œuvre.

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- John Barry (arrangements, composition, conducteur)
- Ronnie Lang (saxophone)
- Dick Nash (trombone)
- Tony Terran (trompette)


1. Yesterday Suite
2. Downtown Walker
3. Scorpio
4. Social Swing
5. Strip Drive
6. Speaking Mirrors
7. Orson Welles Great Mysteries
8. Sail The Summer Wind
9. Follow Follow
10. The Adventurer



             



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