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1983 Blue Sunshine

The GLOVE - Blue Sunshine (1983)
Par RICHARD le 2 Mars 2019          Consultée 1614 fois

Une belle amitié durable, ça tient parfois à très peu de choses. A un concert des sulfureux THROBBING GRISTLE à Londres en 1979 par exemple. C'est en effet à cette occasion que Robert Smith leader du tout jeune trio émergent THE CURE rencontra au bar Steven Severin, le bassiste des confirmés SIOUXSIE AND THE BANSHEES dont il était déjà fan. L'entente artistique et fêtarde fut immédiate et l'envie de faire un bout de chemin ensemble se dessina très rapidement entre les deux compères. De fait, les CURE firent la première partie des BANSHEES durant cette même année et Smith devint de la fin 1982 au printemps 1984 le guitariste de luxe de Siouxsie et de ses ténébreuses harpies. De là à dire que durant ces quelques mois les deux groupes furent comme des frères siamois, il n'y aurait qu'un pas de Creepers à franchir. On ne s'attarde donc pas sur l'influence esthétique et musicale évidente que la talentueuse Siouxsie exerce sur le petit Robert, ni sur le fait que THE GLOVE ai été pris en son temps comme une réponse musicale aux CREATURES (le duo formé de Siouxsie et Budgie, le batteur des BANSHEES), mais non, on ne s'attarde pas sur ceci.

On préfère simplement être admiratif de la frénésie créatrice qui toucha Smith durant la période 1982-1984. Voyez donc plutôt par vous-même. Un album culte de chez culte avec son groupe (le nihiliste Pornography de 1982), un autre par trop sous-estimé qui commence heureusement maintenant à gagner du galon (le barré The Top de 1984), et entre les deux, tous les entêtants singles synth-pop regroupés sur la compilation Japanese Whispers (les "Let's Go To Bed","The Walk","The Love Cats"), sa participation au très bon Hyæna des BANSHEES et le disque enfin qui nous intéresse. Smith après cette période terriblement excitante et totalement éreintante ne sera jamais plus le même. Le projet des deux Anglais s'inscrit donc pleinement dans cette phase de processus artistique époustouflant. Il est un témoignage évident du talent de Fat Bob mais aussi de celui de Severin, car on a trop souvent tendance à l'oublier, mais il est le principal compositeur des BANSHEES.

Blue Sunshine, c'est un album (sorti à la fin de l'été 1983) à très haute teneur psychédélique, un concentré d'acides, de films de série Z, de folie, de grand n'importe quoi qui réussit pourtant la prouesse de capter du début à la fin l'attention de son auditeur. Du nom du duo qui rappelle le personnage du dessin animé apparaissant dans Yellow Submarine des BEATLES au titre de l'album qui fait référence à une drogue, tout concourt à avoir les cheveux qui poussent dans la tête et cette dernière bien renversée. Ce sont dix titres délirants où tels des docteurs Jekyll, les deux comparses touchent à tout (drogues et alcools en quantité pharaonique), essaient multiples instruments (sitar, koto, dulcimer), accentuent les influences psyché déjà bien présentes à l'époque dans leur groupe respectif pour devenir des Misters Hyde new wave. Ils sont accompagnés pour ce faire au chant de l'inconnue Jeanette Landray, néanmoins petite amie de Budgie et d'Andy Anderson, le meilleur batteur toute époque confondue des CURE. On reste donc en famille mais quelle belle famille bien perchée quand même !

Si cette galette a tout d'une grande récré colorée, elle n'en oublie pas moins ses fondamentaux : les émotions. De cet excellent disque, jaillit un bouillonnement survitaminé. La seule plage de quiétude est l'émouvant instrumental "A Blues In Drag" qui rappelle opportunément dans cette tempête cartoonnesque que THE GLOVE manie parfaitement le chaud et le froid. Smith et Severin laissent libre cours à leur imagination débordante et envoient des titres qui, s'ils évoquent forcément un peu leur propre univers, semblent néanmoins venir d'ailleurs, de loin, de très loin. Sur les enlevés "Like An Animal" et "This Green City", les guitares tournoyantes ou grinçantes ainsi que la basse liquide très mise en avant ne laissent aucun doute quant à leur paternité, mais le duo va au-delà de son propre monde et dès lors, ça part dans tous les sens et fourmille d'idées. Il suffit de se pencher sur l'halluciné "Mr Alphabet Says" ou la complainte malsaine "Perfect Murder", les deux seuls morceaux chantés par Smith, le contrat le liant à FICTION son label lui interdisant de chanter hors des CURE sur un album entier, pour se dire que leurs cultissimes vacances chimiques portaient vraiment bien leur nom. La tête tourne, tous les sens sont mis en exergue et il en résulte une tenace sensation de ne plus trop savoir où l'on se trouve. De son côté, Landray tient plutôt bien la barre et sa voix, si elle n'est peut-être pas exceptionnelle, accueille plutôt bien toutes ces paroles cryptiques du "I'm Think I'm Jazzy Like Christ" tiré de "Sex-Eye-Make-Up" au "The Umbrella Man" du langoureux "Looking Glass Girl". Il est difficile de décrire avec précision toutes ces sonorités. Il ne faut sans doute pas y chercher un sens mais plus certainement se laisser porter par cette délicieuse et contagieuse folie. Celle-ci n'enlève en rien le côté très travaillé et aucunement brouillon de la galette car leurs instigateurs ne sont pas vraiment non plus des amateurs. A l'image de "Relax", l'instrumental inquiétant et vertigineux qui ferme Blue Sunshine, le monde de THE GLOVE bien que débridé est totalement addictif.

Si au départ Blue Sunshine pouvait être considéré comme une grosse blague malicieuse de Smith et Severin, il constitue désormais un témoignage excitant de leur virtuosité artistique. Un trip puissant à peu de frais en somme.

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   RICHARD

 
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- Robert Smith (guitare, claviers, chant)
- Steven Sverin (basse, claviers)
- Jeanette Landray (chant)
- Andy Anderson (batterie)
- Ginny Hewes (violon)
- Anne Stephenson (violon)
- Martin Mccarrick (violoncelle)


1. Like An Animal
2. Looking Glass Girl
3. Sex-eye-make-up
4. Mr Alphabet Says
5. A Blues In Drag
6. Punish Me With Kisses
7. This Green City
8. Orgy
9. Perfect Murder
10. Relax



             



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