Il arrive parfois qu'une découverte musicale ne nécessite pas d'effort particulier. Prenez ainsi le cas de JOHNNY DYNAMITE AND THE BLOODSUCKERS. C'est en regardant les artistes qui étaient signés par Born Losers Records, le label de Philadelphie qui héberge aussi KORINE (duo chroniqué sur ce site) que j'ai tout simplement fait la connaissance de John Morisi, incarnation de ce projet estampillé "Voyage dans le Temps". En quelques clics, j'ai ainsi appris également que son nom d'artiste venait d'un hommage au héros du comic book créé par son grand-père Pete Morisi. Nous voici donc bien avancés pourriez vous me rétorquer. Et la musique dans tout ceci ?

JOHNNY DYNAMITE, c'est d'abord un style affirmé, une gueule. L'Américain se présente à nous comme tout droit sorti des années 80. Coupe mulet, moustache à la MERCURY, veste en jean sans manche et baskets montantes. Parodie, hommage sincère, manière de se cacher pour se concentrer sur l'essentiel, il est difficile de faire la part des choses. Qu'importe car en définitive Sleeveless s'amuse de tous ces codes, sans pour autant les mépriser. C'est du moins ce qui transpire à l'écoute de ces neuf titres. L'Américain nous propose ainsi un univers à la fois ludique et mélancolique. Si celui-ci apparaît comme une capsule temporelle assumée, il ne manque pas pour autant d'attrait et de créativité.

Le deuxième album de JOHNNY DYNAMITE est assurément un album gorgé de mélodies agréables et directes. Il réussit qui plus est le tour de force de rappeler pléthore de groupes des années 80 sans pour autant pouvoir en nommer nécessairement un seul précisément. Tel un vampire des 80's, Morisi s'est abreuvé des ambiances de cette décennie tant honnie pour en restituer l'essentiel. L'introductif "Bats In The Woods" donne le ton. C'est de la nostalgie à 100 %, mais l'Américain ne tombe pas dans le simple exercice de style vain. La guitare virevolte, les claviers imposent leur rythme, la basse claque et Morisi nous emmène avec lui dans son hypothétique virée nocturne. Ceci déborde d'efficacité et d'instantanéité pop comme le souligne l'excellent et métallique "Angel".

Sleeveless, c'est comme la bande-son des après-midis d'ennui, du temps qui passe trop vite, de fous rires, de soirées de fêtes transgressives à hauteur d'ados. C'était hier, c'est maintenant. A l'image de "Triflin' Kids" ou "Abasement Tapes", Morisi tout en sensualité caustique vous embarque à coups de synthés avenants sur la piste de danse. JOHNNY DYNAMITE ne craint pas non plus de sortir l'artillerie sucrée et à l'instar de "The Prey", on croirait se retrouver face à un PREFAB SPROUT sous excès de glucose. L’intérêt de cette galette réside aussi dans le large éventail sonore présenté. Le New-Yorkais alterne sans complexe et difficulté majeure pop aérienne mancunienne à guitare gracile ("Can't Stop My Love") et synthpop à la limite de la caricature ("It's Dynamite") tant les clins d’œil à l'instar de la boite à rythmes et de la guitare sont énormes. Et pourtant, tout ceci fonctionne à merveille.

Je ne sais pas si vous devrez ressortir bandana et jogging JOHNNY CLEGG pour écouter Sleeveless, mais une chose est certaine : cet album vous rajeunira car il est un véritable bain de Jouvence Pop, sans prétention mais terriblement attachant et bien agencé. Allez, hop, tous dans la DeLorean DMC-12 !