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Carl PERKINS - Whole Lotta Shakin' (1958)
Par LE KINGBEE le 9 Mai 2019          Consultée 1089 fois

Second disque pour Carl PERKINS avec « Whole Lotta Shakin’ ». Cette fois-ci, c’est chez Columbia que le guitariste de Tiptonville commet son méfait. Sam Phillips, patron du mythique label Sun, a laissé échapper cette pépite jugée trop brute de décoffrage. Incompréhensible de la part d’un bonhomme à la recherche d’un successeur au jeune Elvis vendu au géant de la RCA. Phillips n’est pas à une bourde près, il laissera sur le carreau Billy RILEY et Roland Janes, s’ingéniant à privilégier les ivoires de Jerry Lee Lewis.

Nous sommes donc en 1958 et Carl traverse une période noire. En décembre 57, le guitariste a participé à sa dernière session chez Sun, enregistrant « Glad All Over », titre qui apparaît l’année suivante dans le film du même nom. Mais Carl vit une tragédie le jour où son frère Jay, suite à un crash de voiture en 1956 dont il ne s'est jamais tout à fait remis, décède d’une tumeur. Pour Carl, le coup est dur à encaisser. Lui, le petit péquenaud de la campagne, qui a du mal à gérer cette soudaine popularité commence à tâter de la bouteille. Se retrouvant plus ou moins sur le carreau, il décide de suivre son ami Johnny CASH parti chez Columbia. Si la firme ne s’est jamais spécialisée pleinement dans le Rockabilly et le Rock n Roll, sa puissance de feu lui a permis d’engranger quelques bons succès : Johnny HORTON, The Collins KIDS, Carl SMITH, Ronnie SELF, Sid King ou Little Jimmy Dickens.

Le 3 février 58, Carl met en boîte ses quatre premiers titres pour la Columbia à Nashville. C’est la dernière fois qu’il joue avec Jay. De ces quatre chansons, deux sont publiées en singles. Ce seront historiquement les derniers enregistrements en compagnie de Jay.
Le 3 juin, toujours dans les studios de la 16ème avenue à Nashville, Carl PERKINS remet le couvert sous la houlette de Don Law. Le producteur a décidé de ne rien changer à une formule qui pourrait s’avérer gagnante, décidant de garder les accompagnateurs (et amis) habituels de Carl, seul le jeune Eddie Starr (Thomas Cisco) faisant figure de nouvel arrivant en remplacement de Jay à la gratte. La petite troupe enregistre en deux sessions pas moins de 16 titres constitués à 90% de reprises. Don Law décide de mettre de côté « Because You’re Mine » et « You Were There » qui passent à la trappe et d’éditer en singles « Levi Jacket » et « Pop, Let Me Have A Car », les douze autres morceaux constituant ce premier disque Columbia.

Parmi les douze pistes du disque, nombreuses sont celles qui deviendront des classiques du Rock' n' Roll. Mais s’il n’est pratiquement plus question ici de Rockabilly, registre remplacé par du Rock' n' Roll, les influences issues des champs de coton, de l’église et du R&B sont bien palpables. D’ailleurs, c’est un standard du R&B qui ouvre les hostilités avec « Whole Lotta Shakin’ Goin’ On » le grand classique de Curlee Williams et Sunny David (pseudo du pianiste Roy Hall) enregistré la première fois par Big Maybelle, même si le titre évoque l’un des premiers cartons du Killer (Jerry Lee Lewis). Confirmation de cette influence noire avec « Tutti-Frutti », grand classique de Little RICHARD, interprété ici avec le saxophoniste noir Andrew Goodrich, un redoutable artisan du Be-bop et futur enseignant à l’Université du Michigan.
Les influences Hillbillies sautent aux oreilles sur « Shake, Rattle And Roll », célèbre compo de Charles Calhoun popularisée par Joe Turner, puis Bill HALEY. Mais cette fois, le guitariste conjugue influences noires et country pour une excellente version brute de décoffrage. A contrario, le sax de Goodrich influe une sonorité R&B à « Sittin’ On The Top Of The World », célèbre folk blues des Mississippi Sheiks. Même chose avec « Ready Teddy », création de Bumps Blackwell immortalisée par Little Richard dont c’est le second emprunt.
Si Carl Perkins officiera plus tard dans la Country, la musique noire aura toujours gardé un important impact sur son répertoire. La preuve avec une autre reprise du tandem Blackwell/Little Richard : « Long Tall Sally ». Si la version originale se détache du lot avec celle d’Eddie Cochran plus orientée sur le hillbilly rock, l’ancien de chez Sun nous en délivre une version remarquable. Même chose avec « That’s All Right » d’Arthur « Big Boy » Crudup, dont l’interprétation s’inspire autant de l’originale que de celles de PRESLEY ou de Marty Robbins, mais au contraire de cette dernière dans laquelle intervenaient deux violons et une steel, ici c’est un piano qui fait office de pont tout en apportant une légère touche noire. Petite déception avec « Where The Rio De Rosa Flows », fantastique hillbilly rock de Jimmie Logsdon (alias Jimmy Lloyd) qui ne retrouve pas l’intensité ni le peps de la version d’origine. A noter, chose rare pour être signalée, que le groupe français Ghost Highway reprendra le titre plus d’un demi-siècle plus tard dans une version qui met toute le monde d’accord. Même impression avec « Good Rockin’ Tonight », l’un des titres fondateurs du Rock' n' Roll bien loin de proposer le groove de l’original de Roy Brown ni le punch de la version du King, même le sax semble sous l’éteignoir.
S’il est convenu d’affirmer que les versions originales n’ont souvent pas d’équivalent, c’est bien le cas pour « I Got A Woman », grand classique de Ray Charles lui-même inspiré d’un gospel traditionnel « It Must Be Jesus » ; là encore le saxophone semble scolaire tandis que Perkins donne l’impression d’avoir été foudroyé par Dieu ou l’ombre de Ray Charles. Petite démarque vers du Hillbilly pur-jus avec « Hey Good Lookin’ », standard d’Hank Williams repris par tout countryman qui se respecte. Carl nous en offre une interprétation agréable qui manque toutefois un peu de culot et de profondeur. Enfin, preuve de l’influence du Sieur Penniman dans l’univers de PERKINS, le disque se termine avec « Jenny, Jenny », le quatrième titre pioché dans le répertoire du pianiste de Macon dans une version ténébreuse fleurant bon le péquenaud du Sud en phase d’émancipation.

Ce second jet n’offrant que des reprises nous paraît moins captivant et bien sûr moins personnel que son prédécesseur. Un tiers du disque propose une tonalité trop sage, comme si Carl PERKINS avait trempé ses cordes dans du petit lait, à moins que la production de Don Law, pourtant maitre en la matière, n’offre pas la symbiose qu’on était en droit d’attendre. Signalons qu’il faudra attendre huit ans pour que le disque dispose d’une plus grande diffusion en Europe via l’apparition d’un pressage anglais. Deux ans plus tard, soit dix ans après sa sortie, la France se réveillera via la publication d’un nouveau pressage venant agrandir la série Collection Chouette éditée par CBS.

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   LE KINGBEE

 
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- Carl Perkins (chant, guitare)
- Lloyd Perkins (basse)
- W.s. Holland (batterie)
- Marvin Hugues (piano)
- Thomas E. Cisco (guitare)
- Andrew L. Goodrich (saxophone)


1. Whole Lotta Shakin' Goin' On
2. Tutti Frutti
3. Shake Rattle And Roll
4. Sittin' On Top Of The World
5. Ready Teddy
6. Long Tall Sally
7. That's All Right
8. Where The Rio De Rosa Flows
9. Good Rockin' Tonight
10. I Got A Woman
11. Hey Good Lookin'
12. Jenny Jenny



             



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