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ROCK N ROLL HILLBILLY  |  STUDIO

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Carl PERKINS - Discovering Eastview, Tennessee 1952-53 (2019)
Par LE KINGBEE le 15 Janvier 2020          Consultée 1478 fois

Attention, il n’y en aura pas pour tout le monde. Ce 25 cm est édité à 2000 exemplaires, la première moitié étant numérotée et délivrée sous forme de vinyles colorés. Certains lecteurs se demanderont peut être ce que le regretté Carl PERKINS, décédé en janvier 98, vient faire dans le tiroir des nouveautés ? Ne s’agirait-il pas d’une énième compilation dédiée à l’un des pères fondateurs du Rockabilly et du Rock n Roll ? Le label Bear Family propose ici un superbe 25 cm agrémenté d’un livret intérieur de 16 pages (format 21X 21) et d’un CD reprenant les 9 titres du vinyle, ce qui permettra à certains collectionneurs de ne pas user la galette.

Ce disque remet en cause tout ce qu’on croyait savoir à propos de Carl PERKINS. En effet, on pensait que ses premiers pas en studio remontaient au 10 octobre 1954, le guitariste enregistrant "Movie Magg", "Turn Around" (Flip 501) et "Honky Tonk Babe" au 706 Union Avenue, base des studios Sun de Sam Phillips. Or Carl PERKINS a enregistré dès 1952 au domicile de Stanton Littlejohn situé à Eastview, une bourgade à 170 kilomètres à l’Est de Memphis. Violoniste local, Stanton Littlejohn connaissait la plupart des musiciens du terroir ; ce passionné de musique, adepte des nouvelles technologies d’enregistrement, a commencé à graver des musiciens locaux sur acétates. La modeste console d’enregistrement achetée d’occasion par Stanton deviendra rapidement un lieu de rencontre pour de nombreux musiciens. Il suffisait en général que ceux-ci se pointent avec un disque vierge pour que Stanton les enregistre avec pour seule contrepartie pouvoir garder un exemplaire des œuvres enregistrées. Littlejohn enregistrait toutes sortes de musiques, du Gospel, du Blues, du Hillbilly, des pianistes de bastringues ou des violonistes et pouvait s’appuyer sur les nombreux concerts et réunions improvisées qui se déroulaient au Latta Ford Motor Company, un garage concessionnaire dirigé par Earl Latta.

Ce sont donc pas moins de 4 inédits antérieurs à 1954 que nous propose le label teuton, probablement enregistrés entre 1951 et janvier 52. Carl PERKINS se produisait dès 1949 à l’El Rancho, au Roadside Inn, au Nick Nack Cafe ou au Cotton Boll Club, autant d’endroits où Hillbilly, Blues, Bluegrass faisaient bon ménage et aussi le bonheur des autochtones. Cette face A confirme bien les influences premières de PERKINS, le Hillbilly et le Bluegrass des Appalaches. Le guitariste chanteur déclarait dans une interview : "La Country a toujours fait partie de ma vie. "Blue Suede Shoes" est l’exemple parfait de la chanson Country. Qui d’autre qu’un gars de la campagne boirait de l’alcool dans un bocal à fruits ou serait fier d’une paire de chaussure ?"

L’instrumental "Devil’s Dream", issu d’une quadrille traditionnelle de Nouvelle Angleterre, figure au répertoire de tout banjoiste ou violoniste en herbe. Si le morceau a vu le jour vers 1830, on le retrouve au générique du film The Devil And Daniel Webster produit par la RKO en 1941. Le titre rentré depuis dans l’inconscient collectif américain sera utilisé dans un épisode de la série The Simpson, preuve qu’il est toujours d’actualité. Autre titre issu du Hillbilly avec "There’s Been A Change In Me", une compo de Cy Cohen entre ballade et Country crooner qu’Eddy ARNOLD avait fait grimper à la 1ère place des charts Country en 1951. Cette guimauve sera reprise en 1970 par l’acteur chanteur Michael Parks. Preuve des influences noires (Carl a appris la guitare via John Westbrook), Carl interprète le "Drinking Wine Spo-Dee O-Dee" de Stick Mc Ghee, frère de Brownie, dans une version à mi chemin entre Country Blues et Hillbilly Blues. Les amateurs de Blues lui préfèreront probablement les versions du duo Sonny Terry/ Brownie Mc Ghee ou de Nappy Brown, les fans de Rock n Roll celles du Rock n Roll Trio de Johnny BURNETTE ou celle plus moderne des PIRATES, quant aux amateurs de Country, ils devraient s’orienter vers Malcolm Yelvington. Il y en a pour tous les goûts ! Ce disque permet une étonnante mise au point, Carl enregistrait "Good Rockin’ Tonight", le jump blues de Roy BROWN, deux ans avant qu’Elvis ne le mette en boite chez Sun Records. Le guitariste imprime une coloration profondément rurale n’ayant rien à voir avec la version Rockab figurant dans son second opus ; certains lui préféreront les versions d’Elvis, de Ricky NELSON ou des STRAY CATS ou l’adaptation d’Eddy MITCHELL "Et la Voix d’Elvis".

La face B constituée de cinq pistes pose un léger problème, effectivement le compilateur annonce que les cinq titres apparaissent pour la première en vinyle, ce qui est faux : "Gone, Gone, Gone" figure sur le premier 33 tours Dance Album of Carl Perkins et sur la compilation Sun Teen Beat : The Best of Carl Perkins (Sun SLP1225). "Sure To Fall" est lui aussi présent sur son premier disque. Enfin, "Perkins Wiggle" est présent sur la compilation Sun Dixie Bop (CFM 508). Ne jetons pas la pierre au label allemand, il existe une telle quantité de compilations et de disques semi référencés sans parler des bootlegs, qu’un chien n’y retrouverait pas ses petits.

Toujours est-il que PERKINS nous assène ici un vrai Rockab avec "Gone, Gone, Gone" mené tambour battant par la guitare rythmique de Jay Perkins. Mis en boite lors de la même session, "What You Doing When You’re Crying" s’annonce comme l’archétype de la ballade Hillbilly avec un fiddle plaintif. "You Can’t Make Love To Somebody" se révèle comme un bon mid tempo d’influence rurale avec vocal syncopé. Autre ballade avec "Sure To Fall", titre que les BEATLES reprendront lors de leur audition pour Decca en janvier 62. Leur version sera éditée 32 ans plus tard via l’album Live At The BBC. Dernier morceaux avec un bonus (heureusement le disque ne dépasse pas le 22 minutes de durée) avec "Perkins Wiggle", un bop entraînant, dans une version raccourcie. On ignore pourquoi le compilateur a accolé "Dixie Bop" au titre, peut-être avait-il été inscrit sur cette appellation au départ.

Saluons encore une fois le superbe travail de dénicheur du label aux ours. Cet excellent 25 cm devrait combler les amateurs de Rockabilly et de Country. Cette galette apporte de nouveaux éléments sur la carrière de PERKINS et témoigne de son attachement aux sonorités rurales et brutes de décoffrage du Tennessee. Attention au titre qui peut se révéler trompeur, il n’y a ici que quatre titres gravés entre 1951 et 1953.

⃰Aucun lien avec "Dixie Fried", autre titre du natif du Tennessee.

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   LE KINGBEE

 
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- Carl Perkins (chant, guitare)
- Jay Perkins (guitare 5-6-7-8-9)
- Ed Cisco (guitare 1-2-3)
- Ramsey Kearney (contrebasse 1-2-3)
- Clayton Perkins (contrebasse 5-6-7-8-9)
- Ws Holland (batterie 5-6-7-8-9)
- Bill Cantrell (fiddle 2)
- Charlie Cox (fiddle 4)


1. Good Rockin' Tonight
2. There's Been A Change In Me
3. Drinking Wine Spo-dee O-dee
4. Devil's Dream
5. Gone Gone Gone
6. What You Doing When You're Crying
7. You Can't Make Love To Somebody
8. Sure To Fall
9. Perkins Wiggle/dixie Bop



             



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