Quatre ans après son premier album éponyme, NACH alias Anna Chedid revient nous chanter L’Aventure telle qu’elle la conçoit. Il est vrai que, vu la forme des choses, on pourrait presque parler de concept.

Une première chanson qui parle d’évasion, de lancement vers l’inconnu, ce qui peut éloigner d’un quotidien difficile ou simplement stagnant ; ceci étant, pleine de faux-départ jusqu’à un "Je pars cette fois, je pars…" censé la faire vraiment décoller au moment de la conclusion. Une dernière chanson qui reprend le même sujet, avec un regard en arrière. Et, entre les deux, presque uniquement des chansons d’amour.

Sensuelles, aguichantes sans tomber dans la vulgarité, tristes à la suite d’une rupture, toutes ces bluettes, NACH (auteure et compositrice pratiquement seule pour l’ensemble) les enregistre/réalise avec son frère SELIM, alias Joseph Chedid, le plus proche d’elle en âge de la famille. Pas de Matthieu à l’horizon, même pas sur le funky "La couleur de l’amour" où on s’attend si bien à l’entendre débarquer, guitare en avant.

En revanche, au sein d’une réalisation par ailleurs bien menée, un qui se distingue, c’est Mike Clinton, dont la basse survient sur ce même morceau avec un jeu chaleureux et inspiré, non démenti sur les suivants. Quant à NACH, elle sait bien user de sa voix claire avec une pointe de fragilité sur des mélodies choisies même si, d’un point de vue personnel, ses fins de phrases richement ornementées, restent un brin abruptes.

Cela se vérifie notamment sur "Dans les yeux de ma mère", piano-voix survolé d’un texte intimiste pourtant splendide dans ces deux aspects, mais qui aurait peut-être gagné à maintenir une plus grande sobriété question chant. Au niveau des chœurs, les effets sont discutables également à un ou deux endroits, mais globalement il y a peu de choses à redire.

La production est moderne sans en abuser, les programmations ajoutent des éléments plaisants sur des titres comme "À l’autre bout du monde" et "Moi tout à toi". Ce dernier est un porteur de qualité pour l’ensemble des chansons, avec l’évidence qui s’impose (et un rythme chaloupé franchement sympathique !), de même que "La couleur de l’amour" dans un ton plus enlevé et années 80 (les synthés). Ils ne sont d’ailleurs que deux à permettre au disque de décoller de cette façon.

Ce n’est pas plus mal car les chansons tendres/tristes, de toute beauté pour la plupart, constituent un noyau solide pour une durée globale judicieuse. "Allo", sa fibre poétique dans le style lié à la séparation, ses claviers feutrés et ses voix éthérées, se placent au même niveau que le langoureux "Mon meilleur et mon pire". "Joe" renoue avec l’optimisme, tandis que "Poids plume" ferme le disque à nouveau en douceur mélancolique. La clarinette basse amène une touche jazzy, de quoi nous faire regretter que NACH n’utilise pas plus de vents.

La batterie tenue par SELIM (entre autres instruments) est un autre point fort, amenant une belle dynamique musicale dès le premier morceau, "L’aventure", et son jeu de rythmiques ternaires. Bref, un bien bon disque de jeune chanteuse française qui n’en fait jamais - ou presque ! - trop, ne met pas des paillettes de partout, pas assez déprimante car chaleureuse.