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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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Richard COCCIANTE - Notre-dame De Paris (avec Luc Plamondon) (1997)
Par MARCO STIVELL le 23 Juillet 2015          Consultée 2837 fois

Est-ce le hasard, ou réellement le souci du passage à un nouveau millénaire qui fait que le grand Victor Hugo voit son roman le plus célèbre influencer autant le monde culturel entre 1995 et 2000 ? D'abord Disney, et maintenant Luc PLAMONDON. Après Starmania et Jimmy, le plus célèbre parolier québécois saisit une nouvelle occasion en or placée sous le signe de la comédie musicale.

Ne pouvant s'en remettre de nouveau à Michel BERGER - on sait pourquoi... -, il se rapproche de Richard COCCIANTE, artiste trop souvent réduit au "Coup de Soleil" qui l'a fait connaître. Avec le recul et les futures productions similaires (...), une telle oeuvre demeure précieuse, servie par les meilleurs musiciens de la variété (et tellement plus que ça !) : Jannick Top, Claude Engel, Claude Salmiéri, Serge Perathoner et Marc Chantereau.

Les sceptiques à l'égard du genre comédie musicale francophone trouveront toujours à redire, mais COCCIANTE possède un talent d'écriture qui, à mon sens, éclipse même celui de feu BERGER. La comparaison est osée, Michel n'était certes pas l'homme le plus joyeux du monde mais parvenait à injecter du groove dans sa musique, tandis qu'ici, on se régale à foison de la mélancolie selon COCCIANTE. Pas d'esprit danse forcé malgré ce que voulaient les années 90.

La trame des paroles cible les passions et conflits des personnages du roman de Hugo, avec beaucoup de sensualité, sans pour autant renier l'action (tous les moments qui concernent Clopin Trouillefou et ses bohémiens). Bien évidemment, le découpage élimine les moments trop "historiques" et chers au grand écrivain, le roi Louis XI ou des personnages comme la Sachette. Pour autant, de bonnes modifications sont notables, avec un Pierre Gringoire guère plus héroïque mais nettement plus digne, interprété par Bruno Pelletier, québécois parmi tant d'autres ici...

C'est avec "Le Temps des Cathédrales" qu'il ouvre le bal, une chanson qui impressionne par son élégance, une inspiration puisant dans l'aubade médiévale et l'hymne religieux. Son refrain, avec la mélodie en montée de gamme sur fond d'orgue, choeur et cloches (tubulaires), donne une grande force aux paroles historiques de PLAMONDON. Pelletier se démarquera toujours grâce à une parfaite maîtrise de ses intentions, en touchant directement l'auditeur où il faut, sans surplus. Pour les rôles principaux, il n'y a presque que des bons choix. Plus ou moins connus, se succédant ou se complétant au gré des morceaux, ils nous sont présentés avec ce disque qui "compile" les meilleures chansons enregistrées en studio et en préambule au spectacle.

Des chansons véritablement magiques et inoubliables pour une bonne partie, surtout si l'on parle encore une fois de la qualité d'écriture. Les mélodies sont raffinées et étonnantes (comme les rythmiques), il y a un effet récurrent de "morceau(x) dans le morceau" puisque certains sont composés de plusieurs séquences différentes, à l'instar de "Les Cloches". Celui-ci est l'une des grandes réussites de Garou, idéal en Quasimodo (le personnage le plus attachant), dont la voix aussi rocailleuse que les pierres de Notre-Dame restitue l'esprit COCCIANTE, qui chante déjà un peu dans ce ton. Meilleur encore, il y a Daniel Lavoie, impérial tout le long. "Être Prêtre et Aimer une Femme" résume parfaitement le rôle de l'évêque Claude Frollo et sa folie intrinsèque.

À ce propos, c'est Luck Mervil/Clopin qui offre un caractère sauvage et écorché sur un thème que les changements de l'histoire française n'ont pas rendu moins sensible : l'immigration. Cependant, plus que le viscéral "Les Sans-Papiers", c'est "La Cour des Miracles" que l'on retient le mieux, entre flamenco et gospel flamboyant. À l'opposé, parlons de "Florence", dialogue entre Gringoire et Frollo légèrement anachronique puisqu'il présente le futur XVème si bouleversé, mais tellement envoûtant.

Gringoire sur "Lune", Quasimodo sur "Danse Mon Esmeralda", Noa la fille de l'Est en belle Esméralda, "Bohémienne" au début et à la fin sur le sublime "Vivre" - que de mélodies à fleur de peau ! -, les arrangements de Top, les synthés de Pérathoner et les guitares multiples d'Engel nous donnent un aperçu de cette variété de luxe qui mérite bien mieux que des quolibets. Même "Belle", malgré son matraquage médiatique en règle à l'époque, ne perd rien de son éclat au milieu du reste de l'oeuvre, et lorsqu'on y revient. Il y avait encore tant de belles choses à écrire sur les jeunes femmes et les sentiments...

Après, il y a aussi les limites, dans tous les domaines sauf celui des musiciens. Le mélange de théâtre et de chanson est un exercice fort risqué dans cette configuration. Les compositions comme les paroles, en dépit d'un réel effort pour permettre à l'oeuvre de se distinguer, n'échappent pas toujours à l'écueil du "fait pour plaire", si caractéristique de la variété. L'exemple-type : Patrick Fiori qui possède une belle voix, mais qui dessert le capitaine Phoebus de Châteaupers, beau salopard (et que décidément seul Disney est parvenu à rendre sympathique !), plus fragile et moins cynique que chez Hugo, il est vrai. En outre, "Déchiré", sa seule chanson solo, marque un bémol. Quant à sa promise Fleur-de-Lys, échue à la toute jeune Julie Zenatti (15 ans seulement !), il est bien trop limité pour permettre à cette jolie voix de briller autant qu'elle l'aurait pu - et ce sera pareil en live -.

Du reste, on ne peut qu'insister : avant de railler, (ré)écoutez "Florence" et les autres citées plus haut, "Belle" comprise encore une fois (si, si !), puis amusez-vous à trouver leurs équivalentes dans d'autres oeuvres ultérieures, comédies musicales ou non d'ailleurs (bon courage !)...

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   MARCO STIVELL

 
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- Luc Plamondon (paroles)
- Richard Cocciante (composition)
- Jannick Top (basse, arrangements)
- Claude Engel (guitares)
- Serge Perathoner (claviers, synthétiseurs)
- Claude Salmiéri (batterie)
- Marc Chantereau (percussions)
- Bruno Pelletier (chant)
- Noa (chant)
- Garou (chant)
- Daniel Lavoie (chant)
- Patrick Fiori (chant)
- Luck Mervil (chant)
- Julie Zenatti (chant)


1. Le Temps Des Cathédrales
2. Les Sans-papiers
3. Bohémienne
4. Belle
5. Tu Vas Me Détruire
6. La Cour Des Miracles
7. Ave Maria Païen
8. Florence
9. Les Cloches
10. Être Prêtre Et Aimer Une Femme
11. Déchiré
12. La Monture
13. Dieu Que Le Monde Est Injuste
14. Vivre
15. Lune
16. Danse Mon Esméralda



             



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