Final Fantasy IX ayant finalement vu le jour comme un épisode de la série principale, le travail s'accumule pour Nobuo UEMATSU. Pour ce Xième épisode, il finit donc par faire appel à deux de ses collègues, Masashi HAMAUZU et Junya NAKANO. Leurs parcours chez Squaresoft présentent d’étonnantes similitudes. Tous deux recrutés en 1995 ont déjà collaboré avec UEMATSU (et MITSUDA) sur la B.O. de Front Mission Gun Hazard. Les raisons de cette nouvelle collaboration divergent d'une source à l'autre. Vous lirez ci et là que UEMATSU était victime d'une panne d'inspiration, ce qui ne nous semble guère en phase avec la forme du compositeur sur F.F.IX ainsi que les rares réussites de cet album. Final Fantasy X est le premier jeu de la série à voir le jour sur Playstation 2 et donc sur support DVD. Le livret précise que le jeu étant doté pour la première fois pour la série de voix, UEMATSU souhaitait des musiques d'accompagnement qu'il ne se sentait pas capable de composer. C'est avec regret que cette nouvelle avancée technique, qui devait mettre un coup d'arrêt à toutes les contraintes subies jusque-là, favorise ainsi les acteurs et la mise en scène aux musiques.

Tout ceci nous conduit à une OST très axée sur l'Ambient, plus fonctionnelle que véritablement marquante. Qu'avons-nous réellement retenu de Final Fantasy X? Essentiellement des compositions de Nobuo UEMATSU. Commençons par ce qui nous a le plus surpris de tout le jeu, à savoir "Otherworld", un titre de Death Metal Melodique correct qui, vocaux gutturaux mis à part, rappelle beaucoup MEGADETH (aussi bien pour le pont en arpèges claires, le solo et les "annonces radio" chères à Dave MUSTAINE). "To Zanarkand", mélodie au piano simple et inoubliable, nous accueille dès les premières secondes du jeu. Les différentes déclinaisons de "Song of Prayer" illustrent superbement, avec leurs chœurs a capella, comment le culte de Yu Yevon domine le monde de Spira. Enfin, impossible de passer outre "Suteki Da Ne" une chanson pop qui, à l'image du reste du jeu, cherchait à contrecarrer l'occidentalité des premiers épisodes. Les différentes déclinaisons de la chanson, dont certaines sont de HAMAUZU, assument cette touche orientale.

D'autres titres répétés à l'infini dans le jeu comme le thème des combats ou la marche en 2 temps de "Thunder Plains" ont fini par légèrement nous agacer à force de répétitions. Citons notre petite sucrerie favorite sur ce jeu, à savoir le thème de l'île de Besaid. L'OST de Final Fantasy X ne nous a laissé que peu de souvenirs, même si ceux-ci sont bons.

Nous n'avons pas retenu le reste parce qu'il est trop souvent inexistant. L'OST de Final Fantasy X est en effet remplie à ras-bord de titres ambiants, souvent composés d'une seule note ou d'un seul accord accompagné de rythmes plus ou moins variés. Pour les fans de Steve ROACH, l'OST de Final Fantasy X est truffée de trésors enfouis qui ne demandent qu'à être redécouverts. Quand on aime les mélodies dont UEMATSU ou MITSUDA sont habituellement peu avares, on fait un peu la gueule. Précisons qu'on déteste donc à peu près tout ce qu'à composé Junya NAKANO, que HAMAUZU est capable de rarissimes fulgurances ici (citons également "Wadering Flame" rare titre Ambient mémorable, ainsi que "Servants of the Mountain" avec ses claviers à la Heroes III) mais que globalement c'est assez raccord avec ce que NAKANO a produit.

Nous reste un Nobuo UEMATSU timide qui bégaye donc beaucoup. Au rang des titres déclinés en plusieurs variations, il nous faut également citer l'inquiétant thème de Seymour. On le croirait tout droit sorti de la B.O. des premiers Resident Evil, ce qui souligne une fois encore que l'intention est différente. Le quadruple album nous permet de constater que plusieurs personnages ont eu droit à leur propre thème. A l'image de Tidus ou Lulu, véritables réussites cachées. Étonnamment sous-exploités dans le jeu, on regrette qu'ils n'aient pas bénéficié de la formule du leitmotiv des épisodes VI et VII.

"Fonctionnel" est donc l'adjectif qu'il faut avant tout retenir. Rien ici n'est intrinsèquement laid ou inécoutable. Nous sommes d'accord, l'OST de Final Fantasy X-2 est abominable en comparaison. Cela n'empêche pas ce quadruple album d'être pratiquement inutile. Hors du jeu, trop rares sont les musiques de Final Fantasy X qui valent le coup d'être réécoutées. La conclusion de cette chronique se doit de préciser qu'ils ont ici tous été cités.