Et nous voici donc à cette époque de l'année, où notre Baker national tente le challenge de la Pochette Plaisante : jeter son dévolu, et rien d'autre, sur un disque uniquement parce qu'il y a une charmante moiselle dessus. Un exercice périlleux puisque, pour une KAEYRA dévoilant une très bonne surprise, combien de jolis minois laissant place à un r'n'b electro mollasson indigne de servir de signal de fin d'onde AM. C'est donc avec la plus parfaite mauvaise foi qu'aujourd'hui, la Bakouze des bas-fonds s'intéresse au cas de Kristen PLATI. Jeune chanteuse australienne dont, il est vrai, la pochette a retenu toute son attention, et plus si affinités. C'est bien, bien après l'écoute du disque que l'identité réelle de la chanteuse s'est dévoilée : Miss PLATI est en réalité connue pour être top model "plus size". Comme quoi, côté goûts, on ne se refait pas. D'ailleurs, devant un si joli visage et un tel patronyme , la question se pose : comment ne pas devenir Platiste, alors même qu'elle nous prouve que la beauté est ronde ?

Parlons musique désormais : comme vous vous en doutez, c'est de la pop contemporaine. Hélas, pour être franc, mais attention, avis à nuancer. La jolie Kristen ne peut s'empêcher de tomber à pieds joints dans les travers désormais connus de toutes ses consoeurs, oui, les milliers de copies-clônes : mélodies entendues partout tout le temps, tics de production assez horripilants, et surtout, Saint Autotune des Batignolles. C'est le principal problème : Kristen veut avec ce premier album, court en plus, montrer qui elle est... en se cachant. Voix trafiquée, style transparent, ce n'est pas ainsi qu'elle montrera sa beauté intérieure. Prenez la ballade "Armed", on sent qu'elle a voulu faire passer des émotions mais le résultat est horriblement impersonnel.

Mais pourquoi ne pas la saquer et passer à autre chose fissa ? D'une part parce que quelques titres se montrent relativement sympas : "Shadows" bien trop éculée mais assez agréable, le single "Boomerang" qui ne vole pas haut mais détend. Mais surtout, à travers quelques détails, PLATI livre ses influences sur un Plato et laisse poindre de bonnes idées, des moments attachants. Du funk, des vraies guitares notamment en solo pas terribles mais rafraîchissantes, des harmonies vocales maîtrisées, un chouïa de soul (pas assez mais c'est un début), jusqu'à la présence inattendue et très appréciable d'une vraie basse, notamment sur la pourtant creuse "Emotion" façon r'n'b, là où la totalité des artistes du genre auraient programmé une basse synthétique à la va-vite. Un glissement de gros doigts bien graisseux sur des frettes ; voilà qui rajoute de la chaleur humaine à un disque plutôt froid.

Le bilan se fera sur le morceau-titre, qui finit le disque sur un goût doux-amer. L'introduction au synthé intimiste est très mignonne, probablement parce que ça a l'air d'être un "vrai" synthé (notre belle top-model est aussi pianiste), et la chanson est parsemée de petits arrangements délicieux. Dommage donc que la chanson ne décolle pas, qu'elle n'ose pas, car entre les bons moments de cette fin et l'intro joyeusement décalée de "Nothing on Me", le couperet tombe : si ce disque est une petite déception, Kristen PLATI mérite une seconde chance, moins calibrée, plus fofolle, avec plus d'emphase. A suivre, de près, et non, ne me prêtez pas de mauvaises intentions (NDLR : Ah mais on te les prête pas, on te les donne, elles sont à toi).

Note finale : 2,5 / 5 que je descends à 2 à cause de l'autotune : à méditer