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2019 Triple Ripple

AUTOMATIC CITY - Triple Ripple (2019)
Par LE KINGBEE le 6 Août 2019          Consultée 1810 fois

Avec son troisième opus, la formation lyonnaise réussit son difficile pari, celui de surprendre encore, exercice oh combien complexe pour une troisième levée. Après One Batch Of Blues et Bongoes And Tremoloes édité par le label Stag O Lee, les gones nous en mettent plein la gueule avec Triple Ripple. Votre humble serviteur attendait de revoir le groupe sur scène pour s’atteler à ces modestes lignes.

Autant dire qu’AUTOMATIC CITY laisse une impression presque similaire à celle de DELGRES, vu à plusieurs reprises ces deux dernières années. A l’instar du trio parisien-créole, c’est par une utilisation d’instruments se raréfiant que le groupe se distingue en premier lieu, jugez plutôt : au fil des pistes on découvre un sitar, des marimbas, des bongos (plus traditionnels), un pandero (sorte de tambour sur cadre), un mélodica, un stylophone (petit appareil électronique dans lequel peuvent s’intégrer des effets spéciaux bien délirants), une bouzouki⸋ ⸋, une flûte, un étrange thérémine, un bérimbau ( sorte de guitare brésilienne à arc) et enfin une guitare Supro emblématique des fifties. N’ayez crainte, les membres emploient aussi des instruments plus classiques comme la guitare, une batterie, des guitares, une contrebasse.

Tous ces instruments d’un autre temps et d’un autre lieu offrent bien évidemment une palette sonore originale. La seconde marque de fabrique provient de la pochette, une réalisation bien sombre et quasi macabre de l’illustrateur tatoueur Jean Luc Navette. Connu pour son coup de crayon souvent influencé par le Blues, Jean-Luc et Automatic City nous expédie au cœur du Vaudou (ou Voodoo) territoire qui vient de nous reprendre Dr. John et Art Neville. Regardez bien ces divers grigris, cette statuette piquée d’épingles et ces têtes de mort, nul doute qu’on se retrouve plongé dans une ambiance digne de la grande prêtresse Marie Laveau.

Si les lyonnais nous proposent 12 titres dont une moitié d’originaux, l’album s’articule autour d’une trame prédéfinie avec trois pistes orientées sur le Ripple (ondulation sonore), d’où le nom de l’opus. Le premier intitulé tout logiquement « First Ripple » est un trip instrumental mi expérimental bien barré d’à peine 50 secondes. Sur la fin du morceau des curieuses voix d’indiens surgissent d’outre tombe. Calé en milieu de disque, "Second Triple" constitue un deuxième intermède ancré sur une dualité basse/guitare, percussions. Rien d’exceptionnel, certains pourraient même y voir une désinvolture alors que d’autres seront capté par l’hypnotisme et un parfum psyché très léger. Le troisième intermède, logiquement intitulé "Triple Ripple" demeure le plus long et le plus intéressant avec apparition d’une seconde paire de baguettes, d’un stylophone sonnant comme une harpe d’une bouzouki⃰ et l’incorporation d’une générique tiré de la série télé «The Twilight Zone » (La Quatrième Dimension).

En dehors de ces trois intermèdes, créations du groupe, Eric Duperray et Emmanuel Mercier délivrent trois autres compos bien déjantées. "King Money King" avec son intro au sitar nous fait voyager entre le Gange, célèbre rivière sacrée de l’Hindoustanie et le Bayou Saint Jean bordant la Nouvelle Orleans. Autant dire qu’avec de telles plongées, on en ressort complètement trempé. L’influence orientale se marrie pour le meilleur avec celle du Voodoo Blues. "Gas O Line" avec le stylophone, sa guitare Sutra, son sitar et ses percussions entêtantes se situe à mi chemin entre folk psyché et Garage bluesy. Par moments, on a l’impression d’entendre le fantôme de Robert Plant. Dernière composition avec "Oh How", un folk blues teinté de voodoo dans lequel la guitare tisse un pont entre Hill Country Blues et le VELVET UNDERGROUND.

Au rayon des reprises, Automatic City déstructure en partie la plupart des covers se réappropriant quasiment les titres. On retrouve deux titres du grand RL Burnside : "See My Jumper Hanging On The Line" avec une première partie assez respectueuse de l’original et une seconde moitié avec des bruitages genres effets spéciaux, alors que le sitar et la Supro viennent poser leurs jalons. Pour l’anecdote, ce titre emblématique de Burnside figurait sur le disque Sound Machine Groove édité en 1981 par Vogue France … Cocorico ! Second emprunt à Burnside avec "Going Down South Reprise" qui vient conclure l’album sur une note entre cosmique et Blues Psyché, peut être le titre le moins marquant et le plus perturbant avec sa rythm box, alors que la version d’origine combinait Hill Country Blues et Cherokee Blues. Pour un peu on lui préfèrerait la version du North Mississippi Allstars. Les lyonnais s’attaquent à "Animal Instinct", un inusité chanté par Elvis PRESLEY dans le navet Harum Scarum (C’est la Fête au Harem). Ici le groupe mélange Psyché, Blues voguant entre Garage et Voodoo avec des bruits d’engins spatiaux.

Terminons par trois coups de canons : "Good Morning Little Schoolgirl", grand classique de Sonny Boy Williamson, qui monte crescendo avec un étonnant Eric Duperray dont le timbre ne pourra qu’évoquer celui d’un certain PLANT. On espère que la petite écolière porte bien son sachet de grigris. Superbe pioche avec "Shrinking Up Fast", une rumba exotique de la pianiste chanteuse Camille Howard (une ancienne chanteuse dans l’orchestre de Roy Milton). On est comme happé par le jeu des guitares, la mélodie révérencieuse, le groove avec cet exotisme qui nous colle une grosse baffe. Terminons par "Tiger Man", une vraie tuerie mise en boite à Memphis par Rufus Thomas en juin 53 pour le label Sun. Presley reprendra le titre, mais n’oublions pas la version du créateur du morceau, Joe Hill Louis gravée en mai 53 avec Walter Horton à l’harmonica, un titre curieusement jamais publié en single par Sam Phillips. Si le trio parisien Swampini l’avait mis à son répertoire dans une version du meilleur effet, les lyonnais en délivrent une version complètement hallucinante : percussions tribales envoutantes, grognements de tigre, guitares pleine de reverb, chant déclamatoire caverneux, bruitages issus de la jungle et des paroles à tomber : "I'm the king of the jungle, they call me the tiger man - Well, I get up on the mountain and I call my bearcat back - My bearcat comes a-running and the hounddog get way back…". Tout un programme et un beau voyage entre "Le Tigre du Bengale", "Angel Heart" et "La Feline".

La symbiose entre les instruments disparates, la rythmique parfois sauvage, une contrebasse qui semble voguer entre rondeur et torpeur, des effets et des bruitages bien décalés et un groove font de ce disque un album à explorer en urgence. Les puristes et les amateurs de classicisme resteront sceptiques ou heurtés, les autres accepteront cette petite bombe. On se retrouve passé à la moulinette sur la moitié des pistes. Mention à l'hypnotique "King Money King". Si la formation passe dans vos pénates, n’hésitez pas, le groupe prend toute sa dimension sur la scène.


⸋ ⸋ Sur son press book, la formation emploie le terme bellzouki. Il s’agit d’instruments similaires.
⸋ Aucun lien avec le titre homonyme des Cranberries

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   LE KINGBEE

 
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- Eric Duperray (chant, guitares, sitar, flute, mélodica, percussio)
- Emmanuel Mercier (guitares, bouzouki, thérémine, marimba, coral sita)
- Zaza Desiderio (batterie, percussions, bongos, pandero, berimbau, )
- Raphael Vallade (contrebasse)
- Arnaud Laprêt (batterie, tablas, udu)
- Bruno Di Placido (choeus)


1. First Ripple
2. Shrinking Up Fast
3. King Money King
4. See My Jumper Hanging On The Line
5. Second Ripple
6. Tiger Man
7. Gas O Line
8. Good Morning Little Schoolgirl
9. Animal Instinct
10. Tripple Ripple
11. Oh How
12. Going Down South Reprise.



             



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