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LOUISIANA SOUL  |  COMPILATION

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Eddy GILES - Southern Soul Brothers - The Murco Recordings (2014)
Par LE KINGBEE le 23 Août 2019          Consultée 1066 fois

Disparu à 80 balais en début d’année, Eddy GILES, parfois orthographié par erreur Eddie Giles, demeure le propriétaire d’un unique album : I’m A Loosing Boy tardivement édité par Alarm, petit label de Shreveport en Louisiane puis par la firme nippone Vivid Sound en 1979 alors que l’album incorporait des titres gravés entre 1969 et 1973.

Aussi faut-il saluer les anglais de Kent Records qui proposent en version CD deux morceaux de l’album précité, agrémenté de trois inédits, de deux versions rallongées (les fameux extented) et aussi de deux titres mis en boite par Silver Fox, le label de Shelby Singleton. On déduira de cette liste deux morceaux issus de singles Murco, puisque Kent a privilégié deux versions rallongées encore jamais parues jusqu’à ce jour, ce qui nous fait un beau pécule de 18 pistes. Pour un peu, les anglais nous refilaient une parfaite anthologie, encore aurait-il fallu compléter avec les deux titres Alarm, deux Custom Sound, les deux faces Stax⸋ et les titres enregistrés pour House Of Orange, le label d’Allen Orange, jamais publiés en singles à ce jour et peut être disparus à jamais.

Elbert Giles voit le jour en 1938 à Frierson, un bled paumé situé à cinquante bornes de Shreveport. Gamin, il fait son apprentissage de la guitare en utilisant deux fils de fer servant à lier les bottes de foin. C’est en vendant des paquets de graines qu’il acquière sa première vraie gratte acoustique. Adolescent, Eddy se partage entre les travaux de la ferme et le lycée tout en participant à de nombreux concours de chant.
En 1958, il entame sa dernière année à Shreveport; pour le récompenser d’avoir décroché son diplôme, ses grands-parents lui achètent sa première guitare électrique. C’est là qu’il intègre les Humming Bees, un quartet de Gospel local avant d’intégrer les Pilgrim Jubilees, célèbre troupe de Chicago. Après avoir écumé les routes poussiéreuses du territoire, Eddy doit subir l’ultimatum de sa femme : elle ou la musique !
Eddy va travailler quelques temps dans la restauration et il faudra que son épouse insatisfaite parte pour qu’il se remette à jouer avec deux potes de quartier. Le trio se transforme en Jive 5 et se fait remarquer par Dee Marais. Propriétaire d’un magasin de disque et du label Murco, Marais suit Eddy depuis quelques années et décide de l’envoyer à Tyler (Texas) au Robin Hood Studio, arrière base de Stan Lewis patron des labels Paula et Jewel.

C’est là qu’Eddy enregistre son premier single « Losin’ Boy » couplé à « I Got The Blues » et le coup d’essai s’avère payant, un coup de maître qui se vend dans un premier temps à 10000 exemplaires avant d’être revendu à Stan Lewis pour en assurer une meilleure distribution. Le 45 tours devient un tube régional, se classe dans le Hot 100 de Cashbox alors que le Billboard l’ignore et que Lewis en écoule à nouveau 10000 exemplaires. Les six singles suivants ne connaitront jamais un tel succès et en 1969 la reprise d’O.V. Wright « That’s How Strong My Love Is » et « So Deep In Love » seront même cédés à Shelby Singleton, patron du label Silver Fox.

Avec une meilleure promotion, certains 45 tours auraient mérité meilleur sort. En ouverture, « Losin’Boy » et le bluesy « I Got The Blues » évoquent l’univers d’O.V. Wright. Certaines pistes prennent de la dimension par le biais d’une section cuivre, « Happy Man » en est le plus bel exemple avec son tempo très slow down. D’autres tel « Eddy’s Go-Go Train » prennent une couleur funky renforcée par un orgue percutant. « Les deux parties de « Soul Feeling » pourraient s’insérer sans problème dans n’importe quel disque sixties de James Brown.

Si aucune face n’est venue fracasser les hit-parades de l’époque, (« Losin’ Boy » n’obtenant qu’un honorable accessit), on retrouve ici tous les ingrédients de la Soul louisianaise : une basse bien ronde et gardienne du temple, des textes alliant chanson d’amour et des paroles pleines d’humour, des cuivres sinueux et entêtants, d’un orgue qui rappelle parfois l’ambiance de certaines congrégations mais aussi celle des bouges locaux, une guitare capable d’envoyer la sauce sans aucune exagération et enfin un chant solide.

Les deux titres issus du catalogue sont des merveilles de Soul sixties : « So Deep In Love » et surtout « That’s How Strong My Love Is », enregistré pour la première fois par O.V. Wright (encore lui) et popularisé par Otis Redding et les STONES, qui relègue à des années lumière les récentes versions de Martina McBride ou de Mick Hucknall, sans parler de l’adaptation de Bertignac. Les trois inédits s’avèrent d’heureuses trouvailles : « Pins And Needles » avec sa rythmique métronomique révèle un titre de Country rompu au groove, « It Takes More » est une superbe ballade à la Geater Davis qui nous fait tituber entre Deep Soul et Louisiana Soul alors que « Ain’t Gonna Worry No More » qui ferme cette compilation nous renvoie entre Nouvelle Orleans et les berges boueuses du Mississippi.

A partir de 1977, Eddy Giles entamera un virage important en revenant à ses premières influences, la musique religieuse tournant ainsi le dos au répertoire séculier. Eddy endossera la tunique de Pasteur et intègrera l’Ever Ready Gospel Singers, une troupe de Gospel basée à Shreveport. L’ex soulman devenu homme de Dieu enregistra en 2000 un dernier single de Gospel avec « I’m The Winner ». Il aura également animé comme programmateur une émission de Gospel pour la KOKA, une radio locale.

Cette excellente compilation permet de découvrir un second couteau méconnu de la scène de Shreveport. On aurait apprécié que le compilateur nous glisse quelques pistes supplémentaires, certains titres enregistrés au Sound City Studio sous la houlette de Bobby Patterson ou les singles Custom Sound ou Alarm auraient mérité de figurer ici bas. Souhaitons qu’un jour, une maison de disque nous propose l’intégrale du chanteur.

⸋ Le titre « Losin’ Boy » paru sur le single Stax propose une version différente par rapport au single Murco.

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- Eddy Giles (chant, guitare)
- Charles Lawrence (basse)
- Willie Harris (batterie)
- Willie James (claviers)
- James R. Steward (saxophone)
- Robert Skinner (saxophone 6-7)
- Dori Grayson (choeurs)


1. Losin Boy
2. I Got The Blues
3. Don't Let Me Suffer
4. While I'm Away
5. Eddy's Go-go Train
6. Happy Man
7. Music
8. Baby Be Mine
9. Love With A Feeling
10. Soul Feeling Pt 1
11. Soul Feeling Pt 2
12. Ain't Gonna Worry No More
13. Tingling
14. That's How Strong My Love Is
15. So Deep In Love
16. Pins And Needles
17. It Takes More
18. Ain't Gonna Worry No More



             



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