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1967 Canned Heat
 

- Style : Pretty Things/yardbird Blues Band
- Style + Membre : John Lee Hooker

CANNED HEAT - Canned Heat (1967)
Par LE KINGBEE le 16 Octobre 2019          Consultée 2051 fois

En préambule, il nous semble louable de corriger une petite erreur de date reprise dans la plupart des encyclopédies et dans de nombreux sites (dont wikipedia pour ne pas le nommer)♦ : CANNED HEAT ne s’est pas formé en novembre 1965 avec Robert "The Bear" Hite, dit l’Ours, un gros collectionneur de disques et Alan "Blind Owl" Wilson, alias la Chouette Aveugle. Le groupe existait dès 1964, les deux compères précités jouant en compagnie du guitariste John Fahey, de Mike Perlowin, du jeune batteur Keith Sawyer et du bassiste Stu Brotman. Cette joyeuse troupe se produit brièvement The Heavies (Les lourdauds) puis de The Black and Blues avant d’adopter le nom de CANNED HEAT, le nom d’une gnole concoctée à base de maïs, plus proche du combustible que de la goute mais dont se délectaient les vieux bluesmen mississippiens ; le nom servait d’intitulé à une chanson de Tommy Johnson "Canned Heat Blues" mise en boite en 1928 pour la firme Victor. Après divers changements de line-up, l’Ours et la Chouette Aveugle et Brotman se retrouvent seuls et sont rejoints par le guitariste Henry "Sunflower" Vestine, en provenance des MOTHERS OF INVENTION, et par le batteur Frank Cook (un ancien accompagnateur de Chet BAKER et Dobie Gray). La formation vivote se produisant principalement en Californie. Rien d’irrémédiable dans ce manque de succès, Robert Hite continue de faire grossir sa colossale collection de disque, tandis qu’Al Wilson écrit dans plusieurs revues de Blues tout en enregistrant quelques titres au coté de Son House, auquel il sert gratuitement de manager.

Brotman part rejoindre Kaleidoscope et est remplacé par Mark Andes qui décide de quitter le navire dès mars 67 pour rejoindre SPIRIT. Le groupe s’adjoint alors les services du bassiste Larry Taylor (ex MONKEES et Jerry Lee LEWIS) et se fait remarquer au Festival de Monterey. Leur manager Skip Taylor parvient à leur décrocher un contrat avec le label Liberty, célèbre label dont le logo représente le haut de la Statue de la Liberté.

En avril, CANNED HEAT enregistre quelques démos pour la RCA qui ne prend même pas la peine de leur répondre ⃰. En mai, le groupe met en boite son premier single "Rollin’ and Tumblin’" couplé à "Bullfrog Blues". Dans la foulée, l’Ours, la Chouette et leurs potes enregistrent un premier album éponyme composé de quatre originaux et sept reprises dont une longue relecture de "Catfish Blues", un vieux titre de Hill Country influencé à la fois par les traditions du Delta mais caractérisé aussi par son empreinte cherokee. Produit par Cal Carter, un ancien de l’écurie Vee Jay Records, ce premier disque aurait pu tomber aux oubliettes. Calvin Carter, longtemps producteur de Jimmy REED, vient de collaborer avec les chanteuses Julie LONDON et Jackie DESHANNON et peut donc facilement s’adapter à plusieurs registres. Le bonhomme est aussi à la conclusion de bon nombre de singles de Soul pour le compte de Minit, la filiale Soul de Liberty, être confronté à cette incroyable bande de hippies qui connait le Blues comme personne ne lui pose aucun problème. Hite et Wilson ont énormément œuvré pour la reconnaissance de vieux bluesmen oubliés par l’industrie du disque et sont donc reconnus.

Revenons à ce disque qui aurait pu passer à la trappe et qui va presque décrocher la timbale. Le 17 juin, CANNED HEAT se produit au Festival Pop de Monterey où le groupe est unanimement applaudi par la foule. D'illustre inconnu, le quintet passe du jour au lendemain au statut de groupe vedette et le disque. Cette renommée soudaine est renforcée par l’arrestation du groupe pour possession de came lors d’un concert à Denver. Toujours est-il que le disque avec cette pochette quelconque et presque franchouillarde due au photographe Garry Greenberg allait monter à la 76ème place dans les charts US. Mais ce disque allait surtout permettre à CANNED HEAT de continuer l’aventure et de marquer à tout jamais de son empreinte le Boogie Blues Blanc et la musique populaire américaine.

Commençons ce panorama par les reprises, si certaines d’entres elles font peut être office de rabâchage de nos jours, c’était loin d’être le cas en 67, il y a maintenant plus d’un demi-siècle. En ouverture "Rollin’ and Tumblin’" demeure souvent rattaché à Muddy WATERS. L’œuvre provient en fait de la plume d’Hambone Willie NEWBERN, un guitariste du Tennessee n’ayant gravé que six faces. Si ce grand classique a depuis été repris une flopée de fois, c’est la seconde fois qu’un groupe blanc le reprend après CREAM. Ici c’est une version très sage que nous offre la formation, on retient en priorité le chant, l’harmonica et la section rythmique à l’inflexion ibérique. Hit mineur d’Howlin’ WOLF, "Evil Is Going On" reste presque trop respectueux des codes, si la guitare de Vestine n’a rien de bouleversant la voix éthérée de Wilson reste un modèle du genre. Grand succès de Jimmy ODEN, "Going Down Slow" a connu son lot de reprises. Si on se souvient généralement des interprétations du Loup Hurlant ou de Ray CHARLES, les ANIMALS en avaient délivré une version assez chaude. Ici c’est encore une fois l’harmonica et la voix de Bob Hite qui méritent le détour. Une version nettement moins électrique que celle qu’en donnera Free deux ans plus tard. "The Story Of My Life" nous oriente vers une mixture de Chicago Blues et de New Orleans Sound, la basse de Larry Taylor étant incroyablement ronde. Si "Dust My Broom" a connu bon nombre de remake entre la version de Leroy Carr et les adaptations de Robert JOHNSON, Kokomo Arnold, Arthur CRUDUP c’est à Elmore JAMES que le morceau deviendra un standard que tout apprenti essaie de jouer à la slide. Cette version vaut davantage par la partie piano que la slide de Vestine qui pour une fois ne se montre pas trop bavarde se contentant de suivre les ivoires de Ray Johnson. Grand succès de Sonny Boy WILLIAMSON, "Help Me" vaut ici par le chant crépusculaire et l’harmonica décalé d’un demi-ton. Dernière reprise avec "Catfish Blues", un titre ancré dans le Delta dès les années trente mais enregistré pour la première fois en 41 par le guitariste Robert Petway. Là les protagonistes nous assènent plus un chant tribal marqué par les percussions qu’un Blues du Mississippi chanté par un vieux bluesman édenté et une guitare mal accordée.

Au rayon des originaux on retrouve "Bullfrog Blues", une pépite de Blues Psyché aux paroles imparables "Well did you ever wake up - with them Bullfrogs on your mind ?", sauf que le titre est de William Harris, un bluesman du Delta ayant enregistré entre 1927 et 28. Certains connaissent ce titre par le biais de l’excellent Rory GALLAGHER. Même topo avec "Big Road Blues" qui n’a d’original que son accréditation. Il s’agit en fait d’un morceau emprunté à Tommy Johnson, celui la même qui inspira leur nom de groupe. Si la version d’origine ou celles de KC Douglas ou Corey Harris expédiaient l’auditeur le long des rives boueuses du Mississippi, l’interprétation du quintet nous renvoie derechef en plein Blues Boogie Psyché californien. Un titre annonciateur des futurs hits, mais ça on en reparlera dans un autre épisode. Enfin une véritable compo avec "The Road Song"⸋ très inspirée par le répertoire d’Howlin’ WOLF. On pourra d’ailleurs s’étonner que l’Ours imite aussi bien le loup. Dernière compo avec "Rich Woman" une création non pas de CANNED HEAT mais de Dorothy LaBostrie et Lil Millet et qui ne pourra évoquer que le "I Wish You Would" de Billy Boy ARNOLD. Toujours est-il que si le rythme demeure terriblement ensorceleur on appréciera au passage la teneur du message : "She got the money.... and I got the honey !". Tout un programme !

Avec ce premier disque, CANNED HEAT posait les jalons d’un répertoire qui allait rapidement rentrer de plein fouet dans le Top du Boogie Blues Blanc. Le meilleur n’allait pas tarder à venir. Si aujourd4hui le groupe existe toujours par le biais d’un batteur, avouons que l’alcool de maïs s’est fortement éventée et a même pris un sérieux goût de flotte. Dernière chose : les erreurs d’accréditation ne proviennent pas du groupe mais de la firme Liberty.

♦ Ce petit réajustement dans le temps ne risque fort d’intéresser trois pelés et deux tondus mais nous a semblé nécessaire.
⃰Ces titres démos ont été redécouverts en 1994.
ꝋ On retrouve le titre au générique du film "Green Book". Lil Millet & his Creoles l’ont enregistré en 1955 pour Specialty. Le duo Robert PLANT/Alison KRAUSS et Boz SCAGGS en délivreront d’excellentes versions.
⸋ Il s’agit d’un titre homonyme à celui du guitariste Wes MONTGOMMERY, sorti à la même époque.

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   LE KINGBEE

 
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- Al 'blind Owl' Wilson (guitare, chant)
- Bob 'the Bear' Hite (harmonica, chant)
- Henry Vestine (guitare)
- Larry 'the Mole' Taylor (basse)
- Frank Cook (batterie)
- Ray Johnson (piano)


1. Rollin' And Tumblin'
2. Abullfrog Blues
3. Evil Is Goin' On
4. Goin' Down Slow
5. Catfish Blues
6. Dust My Broom
7. Help Me 3:10
8. Big Road Blues
9. The Story Of My Life
10. The Road Song
11. Rich Woman



             



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