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2019 My Sister

Marco MINNEMANN - My Sister (2019)
Par BAKER le 23 Octobre 2019          Consultée 869 fois

Au petit jeu du "et si", My Sister est un album qui va méchamment réveiller les spéculations. Et si... Marco MINNEMANN avait été élu batteur de DREAM THEATER ? Qu'aurait-il pu apporter au groupe de Rhode Island, pas au niveau de la batterie (hum... je vais laisser Mike Mangini tranquille pour une fois), mais à celui de l'inspiration ? Car au travers de ses divers projets, et tout particulièrement LMR et THE MUTE GODS, Marco a montré qu'il était très loin du batteur lambda qui joue ses parties cliniquement avant d'aller toucher son salaire : notre homme est un sacré guitariste (avec du Allan HOLDSWORTH dans l'esprit, cf le solo de "Blessed"), un producteur / claviériste de grand talent, un chanteur avec une solide personnalité, et un compositeur un peu cinglé sur les bords, capable d'écrire et jouer des parties à la fois proches humainement, chaleureuses, et totalement inattendues.

Non Liliane, on a dit qu'on laissait Mangini tranquille !

Bref, MINNEMANN est un sacré loustic qui entre deux disques de potes se permet en outre une discographie solo assez conséquente. La cuvée 2019 ne donne pas dans la demi-mesure : 1 heure 46 de musique ! Et croyez-moi, pas forcément facile à s'enquiller d'une traite. Pas facile, pas impossible non plus. Car Marco navigue soigneusement entre plusieurs eaux. Sa musique est une mise à plat de trois styles qui se jouxtent mais ont l'habitude de se chicaner : le rock progressif technique, la pop ou synthpop mélodique, et le rock indépendant. Se rajoute un quatrième mousquetaire : le jazz fusion, dans ce qu'il peut avoir de plus extravagant et jusqu'au-boutiste. Tout ceci étant palpable dans la composition et l'interprétation mais également dans la production, hésitant entre la précision chirurgicale du prog (batterie parfaitement mixée, synthétiseurs profonds et enveloppants) et l'intensité brute du rock indépendant (les guitares rythmiques font bien plus penser à Matt CAMERON en solo... tiens, encore un batteur fou amateur de polyrythmies !).

Le premier titre, absolument excellent, est un bon résumé : batterie pop-rock (et pas prog ou metal) divinement groovy, basse séquencée énorme et très maîtrisée, pulsante, énergisante, et par-dessus des guitares et un chant féminin qui lorgnent beaucoup plus vers l'indé made in 4AD que vers la perfection clinique typée Inside Out. La messe est dite : ce disque est aux confluents des styles et des modes, et Marco ne se sent jamais aussi à l'aise que quand il brouille les pistes. On passe allègrement d'un genre à l'autre dans un foutoir qui, il faut l'admettre, peut destabiliser et notamment sur la longueur, ce disque étant largement autoindulgent au niveau de la durée. Une heure quarante-six, c'est la durée d'un polar, pas d'un disque de rock ! Hein ? C'est pas tout à fait un disque de rock ? Ben faudrait savoir !

Un disque aussi ardu, aussi foufou, aussi protéiforme est difficile à résumer en quelques paragraphes. En gros, il n'est pas parfait, il en est même loin, car non seulement il comporte sa part de segues (ou titres complets) ratés, mais jamais à 100%, mais en prime les bons titres sont sans cesse piratés. Prenez "In the Moonlight" : il s'agit d'une ballade à tendance gothique. Curieux mais pourquoi pas ; sauf que la chanson ne cesse de faire le balancier entre le romantisme et le vampire-qui-te-suce (le cou), avec en prime des coups de folie. En bref, on dirait un slow de l'été dans un Castlevania de l'époque Nintendo 64. Et sur une cartouche qui aurait été mal nettoyée.

Vous voyez le concept : Marco MINNEMANN est ultra-doué, mais il ne sait pas s'arrêter. Et du coup il n'y a quasiment aucune chanson "normale", chacune ayant son quart-d'heure de folie, genre matou. On pense à GIZMODROME, au plus haut niveau de folie des TALKING HEADS ("Radical Radicals"), à ZAPPA père pour le côté extrêmement orchestré de la folie et aux ZAPPA fils (AZ/DZ pour être plus précis) pour cette approche structurée du rock indé sans complexes. Il n'y a qu'à écouter "White Sheets" pour se convaincre qu'il n'y a pas que du bordel gratuit dans cet album : pour paraphraser un excellentissime film, "il est fou mais il est pas con, lui".

On pourrait faire un track-by-track mais ce serait à la fois fastidieux et inutile. Nous ne garderons en mémoire principalement que le premier titre, "Blessed" qui le suit avec une évidente bonne humeur, le morceau-titre qui est un gros kiff lorgnant du côté de la pop indé des années 80 et du jazz fusion mélodique à la YELLOWJACKETS, "Drum for Your Life" franchement fou, probablement la raison pour laquelle John Petrucci pleure sur son oreiller le soir venu, et Quantize Me (NdBaker : QUOI "me" ? Qui "me" ? C'est quoi ça quantize ? Ca se mange comment ? On y parle quelle langue ?), file comme le reste.

Certains titres sont vite gonflants, d'autres le deviennent au fil des écoutes. D'autres vous charmeront simplement sans aucun effort car correspondant à votre credo, à votre karma. C'est un peu le souci avec ces albums démesurément longs mais démesurément créatifs : le chroniqueur a envie de le tailler en pièces parce que 106 minutes, faut pas déconner ; l'auditeur ne s'est pas vraiment ennuyé et a envie de partager les petits pics de plaisir pur que MINNEMANN distille tout au long de ce disque. Il y a des invités de marque : Doug Pinnick, Alex Lifeson, mais c'est clairement Marco la star, celui qui impressionne le plus parce que, justement, il sait quand ne pas trop impressionner. Reste que personne, à mon humble avis, ne sera totalement satisfait à 100% de ce disque. Il y a trop de tout, dans tous les sens. Du HACKETT meets TOWNSEND meets MARILLION ("Does God Want Us...", très touchante car terriblement personnelle), du jazz expérimental en mode Mirjolvski Ibecksclivacks, de la pop... pop (oui !), du torturé bien foutraque, de l'ambiant limite new-age, il y a de tout. Je ne dirai pas que chez MINNEMANN c'est comme dans le cochon, mais une chose est sûre : l'écoute assidue et complète de cet album vous laissera exsangue, énervé, euphorique ou dubitatif, mais c'est un voyage. Et même les voyages les moins excitants vous dépaysent. On attend toujours un album solo d'un certain membre de DREAM THEATER pour prouver le contraire.

Ben quoi ? J'ai plus le droit de parler de John Myung maintenant ?!?

Note finale : 3,5 / 5

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   BAKER

 
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- Marco Minnemann (chant, batterie, guitare, basse, claviers)
- Adi Argelazi (chant, choeurs)
- Aditi Singh Sharma (chant)
- Eva Kathryn (chant, choeurs)
- Maiah Wynne (chant)
- Martin Tramil (chant, choeurs)
- Mikaela Attard (chant, choeurs)
- Randy Mcstine (chant, guitare)
- Ben Lerner (guitare)
- David Kollar (guitare)
- Alex Lifeson (guitare)
- Doug Pinnick (basse, chant)
- Mohini Dey (basse)
- Anna Rakita (strings)


1. Falling Down
2. Blessed
3. Arrogance
4. Radical Radicals (men Are...women Are)
5. Car
6. White Sheets
7. In The Moonlight
8. A New Body For Your Soul
9. Start Again
10. My Sister
11. Drum For Your Life
12. Cry
13. A Working Town
14. Does God Want Us To Be Lovers ?
15. Shuttle
16. Angels Crossing The Line
17. Quantize Me
18. Ferry
19. Lovers Calling
20. What's In For You
- bonus Track
21. Lovers Calling (instrumental)



             



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