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2013 Lowcityrain

LOWCITYRAIN - Lowcityrain (2013)
Par RICHARD le 29 Octobre 2019          Consultée 1214 fois

Je pense qu'on sera tous d'accord sur le point suivant : ce n'est pas sur un site comme Forces Parallèles qu'on se plaindra de proposer un artiste aux horizons ouverts qui passe d'un style musical à un autre. Ce n'est pas moi qui vais donc blâmer Markus Siegenhort, le leader de LANTLOS, groupe de black metal allemand lorsque celui-ci décide de nous proposer huit titres agités par les courants les plus froids, ceux directement hérités encore une fois des années 80. Tout n'est donc pas définitivement gravé dans le marbre. Cas rare, parfois deux mondes que tout oppose s'unissent momentanément pour un résultat des plus surprenants. Ainsi, le groupe français de black metal symphonique ANOREXIA NERVOSA qui reprend en 2004 "Les Tzars" d'INDOCHINE ou DESIRELESS qui s'acoquine depuis 2013 avec le sombre et très respecté projet qu'est OPERATION OF THE SUN. Je sais pertinemment que lorsqu'on enfonce une porte ouverte, la douleur est moindre à l'épaule, mais vivent les esprits curieux et ouverts.

En parlant de curiosité, elle peut tout simplement débuter par la consultation du livret (spéciale dédicace aux amoureux des supports physiques), livret qui est souvent un indice précieux sur la matière de l'écoute future. On y découvre de très belles photographies dues au talentueux Andy JULIA. Reconnu pour son travail subtilement sensuel mais aussi pour SOROR DOLOROSA, groupe gothique hexagonal dont il faisait partie, JULIA à travers ces clichés de femmes fatales vêtues de blanc et cigarette aux lèvres expose l'atmosphère générale de ces quarante minutes : une élégance feutrée et froide, comme distante. En 2013, à la sortie de son album, LowCityRain nous invitait donc à une synthèse personnelle et intéressante des univers tourmentés. On s'abstiendra de parler pour l'Allemand d'opportunisme compte tenu de l'ultra-confidentialité de cet album, mais plus volontiers d'une forme d'hommage à ces années grises et brumeuses.

Simple constat, pour débuter, mais il est de taille. Siegenhort n'utilise pas les ficelles trop faciles et usées jusqu'à la corde des sempiternelles références à JOY DIVISION. Et oui, le revival post punk, cold et toutes les nuées de corbeaux nostalgiques qui vont avec, ce n'est pas que le quatuor mancunien, loin de là, et heureusement. Pour une oreille habituée à ces mondes discrets, ces paysages mornes et cette mélancolie cotonneuse feront irrémédiablement penser au courant hexagonal que fut la Touching Pop et plus particulièrement aux cultes ASYLUM PARTY. Tiens donc, est-ce un hasard ? Inspecteur Richard ? Je ne crois pas. En 2011, LANTLOS avait effectivement repris "Where Are You Gone My Friend" de ce même trio. Dynamiteur de chapelles. Comme ses illustres modèles, LowCityRain allie également format Pop et sentiments de glace. Que ce soit sur les pleinement réussis "I Don't Know Myself" ou "Vulnerable Now", les mêmes guitares aux arpèges cristallins et les mêmes claviers aux sonorités tristes se partagent cet espace de désolation. Ce son atteint sa plénitude sur le répétitif (par son texte) et néanmoins très prenant "Numb". La voix comme atone semble traverser un épais brouillard et vous enveloppe insidieusement. C'est une parfaite bande-son de jours d'hiver sans fin.

Si j'évoque également l'idée de synthèse, c'est aussi parce que le One-man band teuton a la riche idée de diversifier son propos et d'exposer la large gamme des musiques émotionnelles. En effet, le sombrement rock "Nightshift" (aucun rapport avec le titre gothique de SIOUXSIE AND THE BANSHEES) est comme un écho à KILLING JOKE façon "Love Like Blood". Pas de Jaz COLEMAN, mais Andy JULIA qui cette fois-ci se retrouve derrière le micro et il se débrouille vraiment pas mal (comme d'habitude). Exit également les ambiances d'éther et place à des titres purement électroniques comme avec l'émouvant et atmosphérique "Your Eyes And The Sea" qui clôt l'album. Nous voici plongés sans retenue dans un monde comme en suspend, une parenthèse qui réchauffe paradoxalement le cœur. Plus qu'avec DEPECHE MODE, l'Allemand paye aussi sa dette assurément envers les Néerlandais de CLAN OF XYMOX. Si ce projet n'avait pour vocation que d'être un pitoyable ersatz, l’intérêt serait bien limité, voire inexistant. C'est bien ici que réside tout le sel de LowCityRain. Réactualiser le propos tout en gardant la chaire originelle, sa saveur. "You Are Everyone, You Are Everywhere" caractérise parfaitement cette démarche. Si les guitares claires pourront rappeler les CHAMELEONS, la belle voix féminine quant à elle ne se rattache à rien. C'est un équilibre subtil entre souvenirs et découvertes.

Siegenhort à travers ce projet s'est assurément fait plaisir. Ceci tombe bien car c'est plutôt communicatif. Il est de ces albums qui se découvrent un peu plus à chaque nouvelle écoute. Ce n'est pas faire du neuf avec du vieux. C'est simplement mettre au centre de son propos des émotions qui demeurent tout compte fait bien intemporelles.

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   RICHARD

 
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Non disponible


1. You Are Everyone, You Are Everywhere
2. Grey View
3. I Don't Know Myself
4. Numb
5. Phantom
6. Nightshift
7. Vulnerable Now
8. Your Eyes And The Sea



             



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