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1970 Potlatch

REDBONE - Potlatch (1970)
Par LE KINGBEE le 2 Novembre 2019          Consultée 1555 fois

Second disque de ce combo californien dont l’allure vestimentaire et les origines firent couler pas mal d’encre au moment de sa sortie. C’est encore une fois chez Pygmalion que votre humble serviteur aura déniché cette bande d’indiens.

En 1970, REDBONE sort un double album éponyme mal distribué malgré un pressage français. Toujours est-il que ce disque dont la pochette représentait un os et une plume passe inaperçu au profit de « Potlatch » sorti quelques mois plus tard. Je me rappelle encore un pseudo-journaliste de France Inter qui affirmait que le groupe était composé de faux indiens et qu’il n’y avait aucune sincérité dans ce disque. On sait depuis que le gars en question ne s’y connaissait pas plus en matière de Rock que vous et moi en matière de physique nucléaire. Alors hormis une bande de connards, probablement un brin Reac, personne n’a jamais affirmé que REDBONE était un groupe d’indiens, pas même les publicitaires ni les commerciaux de la Columbia. REDBONE est en fait un mot cajun rarement utilisé signifiant métis ou sang-mêlé. Mais il y a toujours des gars, rois de l’inculture, qui se complaisent dans la polémique.

Les deux frangins Vasquez Vegas (Patrick et Candido Abelando surnommé « Lolly », ça fait plus fun) voient le jour à Fresno. D’ascendance mexicaine, shoshone et yaqui, les frangins s’installent à Los Angeles en 1963, bien décidés à vivre de leur passion, la musique. Ils montent leur propre groupe The Vegas Brothers, enchaînent au sein de Crazy Cajun Cakewalk, puis d’Aventis avec Mike Kowalski, futur batteur des BEACH BOYS. Malgré une poignée de singles dont deux publiés sous le nom des Sharks, ils n’arrivent pas à percer dans l’industrie du disque américaine. Ils écument les scènes californiennes et se produisent sur le Strip de Las Vegas. Ils vont accompagner sur la scène californienne bon nombre de pointures : Tina TURNER, LITTLE RICHARD, PJ Proby, ouvrir pour les BEACH BOYS, Elvis. Ils auraient pu continuer leur carrière de requins de studios ou d’accompagnateurs (il n’y a rien de mal à cela) mais la légende dit que Jimi HENDRIX, rencontré sur le Sunset Strip, aurait poussé les deux Vegas à monter un nouveau groupe. C’est fou le nombre de musiciens qui prétendent avoir été éclairés par le Sieur HENDRIX. En 1969, Pat et « Lolly » Vegas montent REDBONE en compagnie du batteur Pete DePoe et du guitariste Tony Bellamy (ex Jim Ford) et signent un contrat avec Epic, filiale de la Columbia. Après un premier double disque produit par Bumps Blackwell (ex-producteur de LITTLE RICHARD, Ray CHARLES ou Larry Williams) le combo met en boîte en avril son second opus « Potlatch ».

Dans la tradition amérindienne, le Potlatch est une cérémonie de partage et de donation. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais lors d’un concert à Philadelphie, le groupe cartonne avec « Chant : 13th Hour », titre qui leur vaut alors une renommée soudaine. Imaginez quelques chefs indiens sous un tipi, ou plus simplement un western de John Ford ou encore « Danse Avec Les Loups », et des chœurs indiens destinés au partage et commémorant une grande victoire ou une bonne chasse. Une soirée ordinaire chez les indiens en ce XIXème siècle, une soirée sans Custer, sans cheval de fer (on est en train de le construire), une soirée sans télé ni internet (ça n’existe pas encore), juste une soirée à la belle étoile dédiée au partage et soudain après ce chant traditionnel de deux minutes, les grondements de tambours et les psalmodies indiennes laissent place à un bon Rock bien groovy et funky aux paroles improbables : « Will you be counted when the roll call comes? - The masters of your own domain in the thirteenth hour - Give peace a holiday and time to grow » renforcé par le refrain reprenant à quatre reprises « Give us just a little more time ». Choc culturel garanti et transe peu académique mais hypnotique. C’est avec ce morceau que débute la face B du disque.

Mais bien avant cela, REDBONE nous emmenait sur les rives escarpées du Rock tantôt bluesy, tantôt groovy sans oublier des fortes fragrances de Tex Mex et de sonorités Cherokee et Choctaw. Sur « Maggie », l’esprit de Louie & The Lovers est clairement palpable, rien d’anormal s’agissant là aussi d’autres Californiens texmex. Les indiens vous diront qu’il faut faire reposer les chevaux pour ne pas les crever, pratique mise en route avec « Who Can Say » une ballade folk à l’allure mélancolique enrobée par l’orchestre à cordes de Pete Robinson. Si le Jour du Jugement Dernier a connu de belles paraboles dans le Blues, REDBONE nous en offre une version funky débordante de peps avec « Judgment Day ». Le combo prend un virage à 90 degrés avec « Without Reservation », un instrumental funky et Psyché qu’on pourrait croire sorti de l’imagination de Dyke & The Blazers s’il n’était pas aussi barré, mais malgré le manque de paroles, cette chanson recoupant la précédente fait allusion aux multiples pertes de terres des amérindiens, le morceau se finissant sur « Judgment Day » repris en chœurs à deux reprises. Outre le fantastique « Chant : 13th Hour », la face B propose encore une ballade folk pleine de spleen avec « Alcatraz » qui pourrait s’inscrire dans un disque de CROSBY, STILLS & NASH ou d’AMERICA. Si le groupe diffuse une palette à la coloration bigarrée, l’influence de CREEDENCE est évidente sur « Drinkin’ And Blo », un vrai Rock bien groovy. « Bad News Ain’t No News At All » nous emmène vers un territoire plus psyché avec une rythmique qui tient la baraque. En fermeture, « New Blue Sermonette » vient se ranger entre Rock Psyché et Acid Rock. Au fur et à mesure que les secondes s’égrènent, le titre ne peut que faire penser à SPIRIT, PINK FAIRIES et consorts.

Presque cinquante ans après sa sortie , « Potlatch » n’a guère pris de ride, contrairement à bon nombre de disques du même style et de la même époque. Ces quatre Californiens avaient tout compris au groove, proposant diverses influences allant du golf du Mexique, de la Californie jusqu’à des parfums de tribus chassée par l’homme blanc et le pognon. Sans les deux ballades, certes très belles mais barbantes, ce disque aurait pu récolter la note maximale. Pour une meilleure visibilité, on classe l’opus dans la catégorie Rock Psyché, mais les amateurs de Rock et de Gros Sons seventies peuvent jeter une oreille dessus, ils ne seront pas déçus.

Pour info, Lolly Vegas est décédé en 2010 à 71 ans. Patrick, son cadet de deux ans, est toujours parmi nous. En 2017, Pat était au générique de « The Indians Who Rocked the World », un documentaire réalisé par Catherine Bainbridge, produit par Stevie SALAS et Tim Johnson et récompensé au Festival de Sundance.

Cette chronique provient de l’écoute du pressage anglais publié par CBS. Le disque a été réédité en CD avec deux titres bonus issus de versions single.

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   LE KINGBEE

 
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- Lolly Vegas (guitare, chant 1-3-4-8-9-10)
- Tony Bellamy (guitare)
- Pat Vegas (basse, chant 2-6-7)
- Pete Depoe (batterie)
- Orchestre De Pete Robinson (3)


1. Maggie
2. Light As A Feather
3. Who Can Say?
4. Judgment Day
5. Without Reservation
6. Chant: 13th Hour
7. Alcatraz
8. Drinkin' And Blo
9. Bad News Ain't No News At All
10. New Blue Sermonette



             



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