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1968 Greatest Hits

The FOUR TOPS - Greatest Hits (1968)
Par LE KINGBEE le 14 Décembre 2019          Consultée 900 fois

Parmi la longue et pléthorique liste d’artistes liés à la Motown, les FOUR TOPS figurent parmi les rares à ne pas avoir été modelés et fabriqués par Berry Gordy et son staff.

Aujourd’hui, on se dit que si les Four Tops ont réussi une si longue carrière, ils le doivent à leur collaboration avec la triplette d’auteurs compositeurs Holland/Dozier/Holland mais également à un répertoire naturel les ayant déjà emmenés vers le Jazz et la variété bien avant d’être signés par Gordy. L’autre clef importante demeure dans la bonne entente entre les différents membres du groupe. Contrairement à de nombreuses formations vocales passées dans les mailles de la Tamla Motown où les ego surdimensionnés, l’ambition et les addictions liés à de soudains succès aboutissaient généralement à de nombreux changements de line-up ou à l’envol vers des carrières solo, les Four Tops est un groupe de copain qui voit le jour en 1953, suite à une soirée d’anniversaire dans un club de Detroit. Si Levi Stubbs a déjà chanté au sein des Four Falcons avec Jackie Wilson, et si Lawrence Payton officie comme ténor avec The Thrillers, le chant et la musique ne sont pour eux qu’un loisir.

Au cours d’une soirée, Stubbs et Payton rencontrent Abdul « Duke » Fakir et Renaldo « Obie » Benson, tous originaires de la Motor City, et poussent la chansonnette. Très vite ce qui n’était qu’un hobby s’annonce plus sérieux avec de multiples demandes d’engagements. Le quatuor vocal se produit sous le nom des Four Aims et enregistre dans un rôle de choristes quelques singles pour Caroline Hayes, Dolores Carroll et Maurice King. En 1956, le groupe passe à la vitesse supérieure ; invité par Roquel Davis, un cousin de Payton, le combo grave son premier single pour Chess sous le nom des Four Tops, changement destiné à ne pas les confondre avec les Ames Brothers, l’un des groupes phare du moment.

Si le groupe fait les beaux jours des cabarets et des clubs de Las Vegas à New York, servant de première partie aux stars du moment (Brook Benton, Della Reese ou l’orchestre de Count Basie) ses différentes tentatives chez Riverside et la Columbia sont décevantes. Ni John Hammond pour la Columbia ou Orrin Keepnews chez Riverside ne parviennent à retranscrire en studio la sonorité et encore moins les chorégraphies spectaculaires diffusées sur scène par le groupe.

Les quatre chanteurs atterrissent dans l’écurie Motown, Berry Gordy les cantonnant dans des jobs de choristes. Dans le meilleur des cas, ils mettent en boîte d’obscurs singles pour Jazz Workshop, une sous marque de Motown destinée à tâter le terrain. En 1964, Gordy a l’idée de les placer sous la houlette du trident Holland/Dozier/Holland. Le premier essai s’avère le bon puisque « Baby I Need Your Loving » atteint la 11ème place du Hot 100. Ce premier coup d’épée sera suivi par une pluie de cartons, les Four Tops ayant à leur actif pas moins d’une dizaine de titres se succédant en tête du Top 10 mais aussi du Top 20 Pop. En dehors de leurs deux Number One, le groupe se produit à travers l’Amérique, passe en Angleterre (les Beatles auraient été dans la salle) et surtout se révèle comme d’excellents vendeurs d’albums, une manne non négligeable pour Gordy.

En 1968, les Four Tops (les Quatre Sommets) sont au sommet de leur consécration. Le groupe vient d’enquiller six albums générateurs de pognon bien frais pour la Motown qui décide alors de publier une quatrième compilation de succès. Pour Gordy, il n’y a pas de mal à se faire du bien à moindre coup.

Ce « Greatest Hits » dont le titre est clairement explicite, sort en janvier 68 sur Tamla Motown UK distribué par E.M.I. Sur les 16 titres compilés, 12 figurent déjà sur la première compile américaine intitulée sous le même nom. Le compilateur nous offre donc quatre titres supplémentaires : « Where Did You Go », « You Keep Running Away », « Darling, I Hum Our Song » et « I’ll Turn to Stone » ce qui en soit n’est pas plus mal.

Commençons par détailler cet important éventail de hits par deux Number One : « Reach Out I’ll Be There ». Si une bordée de cordes inonde l’intro, le refrain frappe immédiat et vous revient invariablement à la mémoire : « … Darling Reach out - I'll be there, with a love that will shelter you - I'll be there, with a love that will see you through … ». On ne compte plus le nombre de reprise mais celle des Four Tops avec les relances des chœurs garde un cachet particulier, même quand les autres s’en rapprochent servilement. Chez nous, notre bon Claude François se dandinera comme un vers de terre en déclamant : « … J’attendrai que tu me reviennes à nouveau – Oui j’attendrai longtemps s’il le faut … ». Oh ne riez pas, il y a bien pire comme la version ultra ralentie et sensuelle de Diana ROSS qui tombe dans le ridicule. Second coup de tonnerre avec « I Can’t Help Myself (Sugar Pie Honey Bunch) » gravé en 65 et qui restera en tête des charts pendant deux semaines. Oh les Supremes de Diana Ross raviveront la flamme l’année suivante, pour la Motown c’est tout bénef ! Là encore, on ne compte plus le nombre de tueurs massacrant la chanson à qui mieux mieux. Dernièrement Kid Rock en délivrait une version acceptable. Les amateurs de Pub Blues se souviendront de celle explosive de NINE BELOW ZERO, un must dans le genre ! Bien sûr, le morceau sera adapté chez nous sous plusieurs intitulés par Claude François, Sylvie Vartan, mais taisons ces grotesques et pitoyables tentatives, elles ne rendent pas honneur à la variété française.

Décortiquons le reste de l’album non pas chronologiquement mais par positions dans les classements. « Bernadette », 4ème au Hot 100, sonne grandiloquent avec de légères fragrances psyché. Claude François reprendra le morceau. « It’s The Same Old Song » connaîtra elle aussi un paquet de covers généralement serviles et sans grand intérêt. Les Supremes reprendront le morceau deux ans plus tard sur un tempo plus rapide, tandis que dans l’Hexagone, Claude François (décidément grand fan des Four Tops), François Valery la chantent’ sous le titre « C’est la Même Chanson » tandis que Sylvie Vartan l’avait transformé en « Moi Je Danse », la niaiserie absolue. En 2016, M Pokora reprenait la chanson à son compte et prouvait qu’on peut toujours faire pire quand on s’en donne la peine. Si « Standing In The Shadows Of Love » distille une étrange combinaison proche des deux Number One et du titre précédent, le tempo plein de contrepoint se révèle agréable et relègue de très loin les versions Disco de Fever, Deborah Washington ou celles des rosbeef Stewart et Collins. « Baby I Need Your Loving », l’un des premiers succès, reste marqué par une mélodie entraînante. Sandie Shaw, la chanteuse aux pieds nus, en délivrera une interprétation correcte de même que plusieurs artistes Motown (Marvin Gaye, Supremes) et Gladys Knight & The Pips. Claude François chatera le morceau sous une adaptation de Vline Buggy (l’une des sœurs Konyn). « 7-Rooms Of Gloom » se révèle plus vindicatif niveau chant et connaîtra de surprenantes reprises via Pat BENATAR et BLONDIE.

Terminons ce panorama par les trois titres issus de faces B ne rentrant pas dans les charts : « Where Did You Go » marque les débuts du groupe chez Motown. « Darling, I Hum Our Song » fait figure de vilain petit canard, c’est l’unique morceau du trident Holland Brothers/Dozier à avoir été préalablement enregistré par d’autres artistes Motown (Eddie Holland et Martha & The Vandellas). Enfin « I’ll Turn To Stone », en fermeture d’album, pourrait constituer la synthèse de ces seize pistes, le titre sera repris par les Supremes et Jackie DeShannon.

Si le son Motown ne vous écorche pas trop les oreilles, cette compilation des Four Tops constitue un excellent exercice de vulgarisation. La bonne humeur souvent contagieuse, la qualité des harmonies vocales et le talent d’auteur de la triplette Holland/Dozier/Holland sont les meilleurs atouts de cette galette.

Aujourd’hui, trois des Four Tops ont rejoints les cieux. Lawrence Payton sera le premier à partir en 1997 victime d’un cancer. Après avoir été amputé d’une jambe, Renaldo « Obie » Benson décède en 2005 d’une crise cardiaque. Handicapé par un AVC, Levi Stubbs rejoindra ses deux amis en 2008 victime d’un cancer. Abdul « Duke » Fakir, le survivant, s’est produit en 2013 aux côtés de Mary Wilson, une chanteuse étiquetée Motown, lors d’une tournée estivale.

Cette chronique provient de l'écoute du pressage anglais en mono.

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   LE KINGBEE

 
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- Levi Stubbs (chant)
- Renaldo 'obie' Benson (chant)
- Lawrence Payton (chant)
- Abdul 'duke' Fakir (chant)
- Robert White (guitare)
- Eddie Willis (guitare)
- Dennis Coffey (guitare 9-12-16)
- James Jamerson (basse)
- Benny Benjamin (batterie)
- Earl Van Dyke (piano, claviers)
- Paul Riser (trombone)
- Marlene Barrow (chœurs)
- Jackie Hicks (chœurs)
- Louvain Demps (chœurs)
- Mike Terry (saxophone)


1. Reach Out I'll Be There
2. Where Did You Go
3. I Can't Help Myself
4. 7-rooms Of Gloom
5. Loving You Is Sweeter Than Ever
6. Standing In The Shadows Of Love
7. Something About You
8. Baby I Need Your Loving
9. You Keep Running Away
10. Shake Me, Wake Me (when It's Over)
11. Ask The Lonely
12. Bernadette
13. Darling, I Hum Our Song
14. Without The One You Love
15. It's The Same Old Song
16. I'll Turn To Stone



             



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