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MUSIQUE CONTEMPORAINE  |  STUDIO

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Pierre HENRY - Fragments Pour Artaud / Entite / Prisme (2002)
Par ONCLE VIANDE le 7 Avril 2007          Consultée 7420 fois

FRAGMENTS POUR ARTAUD (1970)
On sait la passion de Pierre Henry pour les thèmes mystiques et les textes sacrés (« le livre des morts égyptien », « l’Apocalypse de Jean »…), mais son amour pour la littérature a également constitué une source d’inspiration importante, comme en témoignent les « Pierres réfléchies » de Roger Caillois ou « Dieu » de Victor Hugo. Que fait le musicien lorsqu’il puise dans les textes d’Antonin Artaud sinon réconcilier ces deux aspects de son travail ?
En première approche, on pourrait croire à un simple hommage à « momo », l’écrivain dément, puisque les fragments utilisés sont pour le moins épars : « Les Tarahumaras », récit de voyage au Mexique, « Héliogabale », roman historique sur l’antiquité syrienne et « l’étoile mange », poème surréaliste. Trois textes sans rapport apparent, manifestement déconnectés les uns des autres, mais dont le dénominateur commun va apparaître évident au moment de l’écoute.
Derrière cette sélection anodine, Pierre Henry nous convie à une lecture oblique, isolant des extraits pour en proposer un montage surprenant. L’œuvre reconstruit une logique narrative, établit des parallèles à travers le temps et l’espace et révèle des passerelles enfouies dans l’œuvre de l’écrivain. Aussi, si les trois premiers titres nous plongent sans ambiguïté en Amérique centrale (« Mexique », « Les Tarahumaras » et « Maya »), « la religion » nous ramène deux millénaires plus tôt, au moyen orient, sans que la logique du récit ait été rompue.
Le découpage met en avant les visions d’Artaud et ses révélations hallucinées, qu’elles aient trait à l’architecture templière, aux rites sanglants ou à l’astronomie antique, et impose le soleil comme fil d’Ariane.
Si les œuvres passées s’appuyaient sur la découverte et le travail des sons, c’est désormais autour des textes que s’articule la musique. L’électroacoustique vise à amplifier l’action magique des mots plutôt qu’à les illustrer. Elle restitue remarquablement le traumatisme provoqué à la lecture d’Antonin Artaud, avec ou sans renfort de substances hallucinogènes.
Cette façon très radiophonique de lire ou de réciter à considérablement vieilli, mais n’enlève rien à la puissance des phrases où chaque mot a son poids et imprime autant un son qu’un sens. Cette œuvre est un choc pour peu que l’on soit sensible à la fulgurance littéraire. Les traitements appliqués aux voix les rendent parfois incompréhensibles, et l’on peut regretter que les textes utilisés ne figurent pas dans le livret. Cela est d’autant plus dommage que Philips n’a pas lésiné sur le soin apporté à ces rééditions.
Probablement l’oeuvre la plus hétéroclite de Pierre Henry, déconseillée aux âmes sensibles et aux oreilles prudes. Un bon moyen de découvrir l’écrivain aussi.

ENTITE (1959)
Cette petite pièce ludique augure la période la plus austère de Pierre Henry (1959-1963), dépourvue d’effets spectaculaires et visant au dépouillement absolu. « Entité » met en confrontation deux présences que tout oppose. L’une féminine : liquide, ronde, douce, sereine et lointaine, l’autre masculine : solide, sèche, coupante, irritée et proche. Un dialogue singulier et amusant qu’on peut considérer comme une première approche du « Voyage » de 1962.

PRISME (1973)
« Prisme » fut commandé par l’opéra de Paris dans le cadre d’un « opéra électronique » qui incluait chorégraphies et arts plastiques ; une création cybernétique tournée vers les nouvelles technologies. Pierre Henry se livre à une démonstration de puissance particulièrement jouissive. Une pièce d’un quart d’heure prétexte à une virtuosité étourdissante. On peut vraiment parler de « sculpture » et d’« architecture » sonore. Sculpture, parce que le son y est matière, avec toutes les qualités physiques qu’on lui prête (aspérité, densité, dureté…). Une matière flétrie et froissée, remodelée comme une pâte docile sous l'action des machines. Architecture, parce que « Prisme » évoque un édifice métallique où les masses d’acier s’empileraient les unes sur les autres, propulsant l’auditeur vers des niveaux d’énergies toujours plus élevés. Une montée en puissance tendue et éprouvante.
Une pièce immédiatement séduisante, qui en met plein les oreilles et que l’on peut apprécier pour le simple plaisir physique du son. Les plus perspicaces y décèleront les prémices de l’électro, de l’indus et autres dark ambient. Papy Henry est encore passé par là.

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- Pierre Henry (électroacoustique)
- Lecteurs Non Spécifiés


- fragments Pour Artaud (1970)
1. Mexique
2. Les Tarahumaras I
3. Maya
4. La Religion
5. Chœur I
6. Le Temple D’emèse
7. Chœur Ii
8. Les Tarahumaras Ii
9. Le Langage
10. L’étoile Mange
11. Chœur Iii
12. Le Temple Est Là
13. Il N’y A Que Le Vide
- entite (1959)
14. Entité
- prisme (1973)
15. Prisme



             



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