Mais non ! Ce n'est pas une plaisanterie ! D'ailleurs vous tous les amateurs de rap, vous seriez bien éclairés de découvrir cet album ! Tout le monde a entendu parler de Cassius CLAY, qui va changer de nom quelques semaines plus tard et se proclamer Mohammed Ali, suite à son intronisation dans la Nation of Islam. Quoi de si étonnant ? Ceux qui l'ont vu combattre savent à quel point le rythme est implacable dans ses combinaison de coups portés, et ceux qui l'ont entendu déclamer ses longues tirades en interview ou juste pour faire le buzz avant les combats savent que l'homme utilise les mots comme autant d'éléments lui permettant de faire apparaître ses adversaires comme de gros lourdauds et de les déstabiliser.

Un thrash talking délirant mais élégant ! "Fly Like A Butterfly, Sting Like A bee" - "Vole comme un papillon, pique comme une abeille" - telle est une de ses citations les plus célèbres. Il est dès lors évident que l'homme va un jour poser sa voix sur le microsillon. Nous sommes en 64 et cet album est une introduction au championnat du monde contre Sonny Liston que tout le monde croyait invincible.

L'album est donc divisé en rounds, comme il se doit. CLAY embraye comme il aime à le faire lors des fameuses conférences de presse qui ont émaillé sa carrière. Les deux premiers sont donc le lieu de son auto-glorification. "I'm The Greatest", puis "I'm The Double Greatest" lui permettent de mettre en avant un rythme jusqu'alors inédit en musique, et qui mènera vers le rap après les essais de Gil SCOTT HERON quelques années plus tard. Il est vraiment doué pour le faire pas de doutes ! Il est le plus beau, le meilleur et on y croit ! Il annonce qu'il va devenir champion du monde et il va le devenir ! Il brocarde son adversaire Sonny Liston, les éléments percussifs le suivent et ça le fait. cerise sur le gâteau, il est vraiment drôle : "I'm Modest", clame-t-il !

"Do you have To Ask" lui permet d'expliquer qu'il est né poète. Possiblement le début d'une mode chez ses admirateurs, ICE-T a ainsi débuté en déclamant les poèmes de Iceberg Slim... Pas de secret, l'exemplarité, ça fonctionne ! Et en terme d'exemple, le champion de boxe n'a rien à envier à quiconque bien au contraire, il a plus fait pour le statut des noirs qu'Obama en 8 ans de présidence. Il annonce sa future carrière d'auteur de pièces de théâtre sur "I Have Written A Drama, He Said Playfully". Puis nous avons "Will The Real Sonny Liston Please Fall Down" ou comment détruire la confiance de son opposant en quelques minutes, avec un talent consommé. "Je n'ai rien contre lui, mais il occupe mon job" dit-il dans "Funny you had to Ask". Il prédit le moment ou le combat s'arrêtera sur "2138", et on sourit fréquemment lors des écoutes ! Enfin sur le round 8 "The Knockdown", il évoque avec humour sa retraite.

Il y a bien quelques morceaux de musique cependant, ainsi, "Stand by Me" de ben E. KING est là, il la chante de manière juste, à défaut d'autre chose, se trompant juste un brin sur la fin, pas grave car le but de la manœuvre n'est pas là. A force d'user de son bagout, l'homme gagne en respectabilité, même s'il n'est évidemment pas là pour être chanteur. Il chante aussi "All The Gang's Here", un petit titre pop dans l'esprit de l'époque. Il y singe un peu le Chubby CHECKER de "Let's twist again", alors qu'on sait que ses goûts le portent plutôt vers le funk de James BROWN puis plus tard la soul de Bill WITHERS.

Un morceau d'histoire pas moins ! Et un disque vraiment à part dans l'histoire de la musique. Je confirme qu'il faut y voir un des ancêtres du rap et des mouvements hip hop, car la conviction avec laquelle Cassius CLAY déclame ses textes de manière rythmée ne laisse pas de place au doute ; Il n'y a qu'à voir le culte dont il a fait l'objet pour beaucoup d'artistes majeurs classiques dont BUSTA RHYMES, DR DRE ou même les FUGEES. Alors qui c'est le meilleur ?

"I am the greatest, I said that even before I knew I was". C'est du panache non ? En tous cas, c'est bien vrai !

Ali Bomaye !