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Stephan EICHER - Hüh ! (2019)
Par GEGERS le 2 Mars 2019          Consultée 3366 fois

Stephan EICHER n'est pas un mec très bruyant. Forcément, il est Suisse. Ces dernières années, le chanteur s'est même plutôt fait silencieux. Son dernier album studio, L'envolée, remonte tout de même à 2012. Miné par des soucis de santé qui lui ont fait prendre conscience que, bien qu'intemporels, les artistes prennent eux-aussi de l'âge, l'éternel interprète de "Déjeuner en paix" s'est retrouvé en litige avec sa maison de disques, Barclay, qui lui a coupé les vivres. Stephan EICHER n'est pourtant pas resté inactif toutes ces années. Trouvant refuge sur scène, le chanteur offre à votre serviteur le souvenir ému d'un concert épique donné en 2013, près de Limoges. Soignant sa mise en scène, le musicien propose une sortie de scène dantesque, traversant la foule et l'emportant avec elle dans sa poésie musicale. En 2015, c'est avec ses automates qu'il revisite son répertoire. Une escapade solitaire qui trouve un écho dans cette collaboration démarrée en fin 2017 avec le Traktorkestar, ensemble de cuivres suisses mais d'origine Yéniche. Après une longue tournée, l'artiste entouré de cette fine équipe propose un album inattendu, confié à Polydor.

Réenregistrement de titres issus du répertoire du Suisse, Hüh !, dont la pochette se pose en référence à la Fantaisie Militaire d'Alain BASHUNG, permet de remettre au premier plan la musique, après un précédent album minimaliste dans ses arrangements. Les cuivres dépoussièrent la musique de Stephan EICHER et lui donnent une saveur nouvelle. Se dégagent ainsi des titres revisités des ambiances tantôt festives, tantôt empreintes d'une douce mélancolie, qui nous rappellent que le bonhomme fait partie des très rares artistes qui parviennent à nous faire sourire en chantant la tristesse et à nous faire pleurer en chantant la joie. Introduit par deux morceaux issus de l'excellent album Louanges, l'album débute par "Ce Peu d'Amour" qui voit ses sonorités celtiques remplacées par des ambiances tziganes, alors que les cuivres savent se faire à la fois imposants et subtils. Plus présents sur "Louanges", ils transforment le morceau en une pantalonnade festive irrésistible, même s'il n'y a pas là le charme ni la classe de la version originale.

Ignorant le tube "Déjeuner en paix" (qui se voit tout de même rapidement expédié en live), l'album n'oublie pas néanmoins les classiques. Bien sûr, on connaît les paroles de Philippe Djian par coeur, et c'est bien à la musique que l'on accorde toute notre attention sur "Cendrillon Après Minuit", qui se fait chaloupé et dansant, presque zouk, ou sur "Pas d'Ami (Comme Toi)", proposé dans une version dance typique des musiques d'Europe Centrale.

Festive et espiègle, la nouvelle version des "Filles du Limmatquai" est irrésistible. Ce titre qui suit le chanteur depuis le début des années 80, revisité mille fois, semble ici avoir trouvé son interprétation définitive. Après cela, difficile d'imaginer faire mieux. Imposants, solennels, les cuivres sont également à la fête sur "Envolées", seul titre issu de l'album de 2012, qui se fait syncopé et un peu moins marquant que les autres morceaux enjoués. Les cuivrent savent néanmoins aussi proposer des ambiances plus délicates, à l'image de celles, tendres, que l'on découvre sur "La Chanson Bleue", pépite de 1983. Et puis, il y a les inédits qui préfigurent un nouvel album de compositions originales prévu pour l'été. Au nombre de quatre, ils bouleversent tout l'équilibre de l'album et lui donnent, soudain, une profondeur inattendue. "Etrange", porté par un piano délicat, permet de mettre en valeur le timbre de voix à la fois chaleureux et doux-amer du sieur EICHER. Le court instrumental "Chenilles" précède (c'est naturel) "Papillons", qui démarre comme une ballade folk acoustique, s'enrichit d'instruments à mesure qu'il progresse, rappelant l'époque d'Eldorado. Philippe Djian, bien sûr, est derrière le crayon de ce titre délicieusement lancinant. "Nocturne", enfin, se fait un titre-univers, si intimiste et grandiloquent à la fois. Un piano frénétique, la voix du chanteur et les cuivres de plus en plus imposants s'y croisent et s'y entremêlent pour donner naissance à une véritable petite symphonie conclue en apothéose.

Un grand fracas, un joyeux bordel, à l'image des concerts qui se succèdent depuis le début de l'année 2018. La soixantaine approchant, Stephan EICHER joue ici le rôle du catalyseur d'énergie face à cette bande de joyeux drilles amateurs de tubas, trompettes et autres saxophones. Le mariage des deux mondes se fait classieux et espiègle, permettant à la fois de revisiter avec une vraie réussite le répertoire du chanteur, et de proposer de nouveaux morceaux très inspirés, qui laissent espérer le meilleur pour l'album à venir.

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1. Ce Peu D'amour
2. Louanges
3. Envolées
4. Étrange
5. Cendrillon Après Minuit
6. La Chanson Bleue
7. Les Filles Du Limmatquai
8. Pas D'ami (comme Toi)
9. Combien De Temps
10. Chenilles
11. Papillons
12. Nocturne



             



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