NATURAL DISORDER est un groupe de la scène rock/metal de la région Caen/Cherbourg-Octeville. À ceux qui pensent viking, death-metal (en grande partie suédois) et Bergen Touch (le black donc), il faut répondre non, point de cela mis à part le son et la vigueur propre au style en général, sachant que les membres qui forment le collectif ont tous aux alentours de 25 ans.

Ceux-ci préfèrent mélanger un son blues-heavy avec des influences punk, alternatives et metal progressif. Le batteur "Marsouin" jouait déjà depuis un bon bout de temps avec Margaux, la guitariste. Viennent se greffer ensuite les trois autres membres, dont Childé, l'autre six-cordiste qui gère également l'ensemble de l'enregistrement de ce premier album, avec ses propres moyens, mais déjà un feeling professionnel. Ce n'est pas la maquette enregistrée dans le garage, on parle de projet abouti d'un groupe rôdé au bout de quelques années d'exercice !

La production sur la basse d'Arthur et les guitares en témoigne, et on est tout de suite conquis par la marque de la batterie, sèche et sans concession, tout en veillant à ce que l'ensemble ne dépasse pas le stade du lourd acceptable, comme cela arrive souvent, même dans le genre. Et NATURAL DISORDER révèle immédiatement son dernier atout, celui qui renforce le sentiment d'identité et de professionnalisme : Suzy.

La chanteuse qui dès l'adolescence était capable de chanter "All by Myself", de la soul, du ANGE et du DREAM THEATER dans la meilleure option musique lycéenne de France (Millet) avec la même puissance et la même classe se retrouve ici projetée au même rang que les grandes chanteuses metal, ni plus ni moins. Elle n'use pas de growl ni du lyrisme comme les GOSSOW ou les JANSEN, c'est du direct, de la voix pleine, de tête aussi mais sans intention autre que l'envie de sonner rock, voire soul (le pont de "Run").

Il y a des passages épiques, des refrains super bien taillés, et on salue l'originalité de NATURAL DISORDER à ne pas limiter le titre de l'album à un seul nom de chanson comme le font la plupart des artistes, mais deux. "Corrosion" ouvre le tout, "Passion" le clôture et ils semblent former une suite, dans leurs thématiques, leurs mélodies (sombres, sans surprise). Ce sont les deux poids lourds du disque.

Si les guitares offrent peu de solos vrais, mis à part le tapping sur "Corrosion", elles se complètent avec brio ainsi que la basse ; le court instrumental cosmique "The Last 2 Minutes Before it Happens" prouve cela à lui seul, et que le groupe a de la suite dans les idées. "Spelunkers" et "Karma Trauma" sont les deux titres à la construction la plus proche de la pop, mais n'en demeurent pas moins garnis d'effets divers, ruptures heavy, guitares néo-classisantes...

Tout aussi bon demeure "To Fill a Blak Space", bluesy et parcouru d'excellents riffs, avec des couplets "flow" par Suzy qui alternent avec un refrain héroïque. Le titre-fleuve "Krawlium 2.0" évoque une marche morbide dans sa thématique, l'urgence des paroles. Quant à "Run" et "Black Lake Degree Zero", elles offrent à NATURAL DISORDER de belles récréations à base de rythmes funky sur lesquels Arthur et Marsouin se font plaisir. La deuxième surtout, reste le morceau le plus progressif du disque, avec ses changements incessants, sa partie nébuleuse presque gothique vers les deux tiers.

Un "petit" groupe qui mérite de jouer sur de grandes scènes, à suivre de près !

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