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ROCKAB- HILLBILLY - ROCK   |  COMPILATION

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2010 I'M The Man

Al FERRIER - I'm The Man (2010)
Par LE KINGBEE le 26 Février 2020          Consultée 724 fois

En préambule, on conseillera aux lecteurs voulant découvrir Al FERRIER, d’éviter Wikipédia, la page qui lui est consacrée étant bourrée d’erreurs. Al FERRIER demeure l’un des représentants cajuns ayant œuvré entre Rockabilly et Hillbilly au même titre que Johnny JANO ou Rod Bernard.

Al Ferrier voit le jour en 1935 à Montgomery, une bourgade au nord de la Louisiane. Issu d’une famille comptant onze enfants, il se passionne très vite pour la musique. Son père, un exploitant forestier, joue du violon et sa mère de la guitare. Quand ils ne travaillent pas, les parents animent des squares dances et des kermesses locales et se produisent pour des radio shows. Mais c’est avec Warren qu’Al fait son apprentissage de la guitare dès huit ans. Et l’apprentissage va se révéler à la dure. Lors d’une interview, Al déclarait qu’à chaque fois qu’il se trompait d’accord ou faisait une fausse note, le bon Warren lui donnait un coup de violon sur le crane.

A treize ans, Al quitte l’école et bosse au sein de l’entreprise familiale, il livre des journaux, empaquète des cartons et dans les bons jours se lève à 5 heures du mat pour se produire avec deux de ses frères dans des émissions radios locales. Dès 1950, les trois frangins Ferrier (Al, Warren et l’aîné Brian) font leur apparition à la télé sur Channel 5, une chaîne basée à Alexandria. En 1953, Al quitte la Louisiane et s’installe en Alabama où il devient musicien attitré du Midway Jamboree Show pour la WGWD sous le nom d’Al Ferrel. D’abord très influencé par Grandpa Jones, Jimmie Rodgers, Lew Childress et Hank Williams, Al va découvrir la nouvelle star de Sun Records, un jeune camionneur de Tupelo qui allait bientôt révolutionner la musique.

De son côté, Brian (le 3ème frère) s’illustre à la Louisiana Hayride au sein des Alcan Playboys, l’orchestre d’Hank THOMPSON. Des liens forts unissent Warren, Brian et le cadet si bien que les trois frangins montent leur propre groupe fin 54 The Boppin’ Billies. Au cours d’un concert, le trio sympathise avec Jimmy Newman qui les présente à Eddie Shuler, patron du label Goldband Records basé à Lake Charles. Membre des Hackberry Ramblers, Shuler a pour l’instant enregistré une vingtaine de 78 tours sur lesquels il demeure le principal acteur. Hormis un 45 tours de l’accordéoniste cajun Iry Le June⃰ et un autre de James Freeman, le catalogue Golband ne contient qu’un seul nom : celui de son propriétaire et fondateur. Shuler est à la recherche d’un groupe pouvant se démarquer de la production cajun et hillbilly et va tenter le coup avec Al Ferrier with The Boppin’Billies comme l’annonce la belle étiquette rouge du label (elle deviendra jaune). En novembre 1955, Al met en boîte « No No Baby », une compo de Clarence GARLOW couplée à « I’ll Never Do Any Wrong », deux chansons qui ouvrent aux trois frères les portes de la Louisiana Hayride. L’année suivante, Al remet le couvert avec « My Baby Done Gone Away » et « It’s Too Late Now » avec une session en janvier et une seconde en février.

On sait maintenant pourquoi Eddie Shuler a mis plus de dix mois à publier « No No Baby », le patron de Goldband ne voulait pas que la version de son jeune poulain vienne parasiter celle de Clarence « Bon Ton » Garlow éditée chez Folk Star. Plusieurs titres gravés lors de ces cessions de 56 ne seront publiées que bien tardivement. Sentant que le bon Eddie néglige son talent et sa carrière, Al Ferrier tentera sa chance chez son concurrent J.D. Miller, patron du label Excello. Si certains titres figurent dans plusieurs publications (Golband, Excello, Zynn et Rocko) les versions entre Goldband et les trois autres maisons de disques appartenant à Miller proposent des sonorités différentes, la coloration Hillbilly étant moins marquée chez Miller, Warren n’étant pas présent au fiddle.

Pendant les années 60, Al ne se produit que sporadiquement souvent dans un cadre familial, il ne connaîtra pas la notoriété qu’il était en droit d’espérer. A l’orée des seventies, il sera réembauché par Eddie Shuler, enregistrant pour Goldband neuf singles et trois albums. Sa discographie prendra un peu d’épaisseur avec six nouveaux disques édités par Rockhouse, Big Tone, Flyright (droits revendus par JD Miller), Jin, Louisiana Folklife Center, et surtout « The Back Sound of Rockabilly » édité par Showtime Records (une autre filiale de Miller) et enregistré en octobre 75 à l’initiative du suisse Fernand Simonet. En 1981, suite au décès de Brian Ferrier victime d’une crise cardiaque à seulement 49 ans, les Boppin’ Hillbilly se séparent. Al Ferrier continuera à se produire avec les Brumley Brothers. Durant les eighties il se produira plusieurs fois au New Orleans Jazz & Heritage Festival et à Zwolle, aux Pays Bas. En 1996, Al Ferrier enregistrera « Help Me Keep The Faith », un disque de Country Gospel. Al Ferrier nous a quittés en janvier 2015 à 79 ans. Si le guitariste n’a jamais fracassé les charts, la réussite commerciale se refusant à lui, il laisse néanmoins un solide héritage sans la moindre compromission.

Le label catalan nous délivre ici une excellente compilation principalement dédiée aux premières années. Si la pochette dorsale indique 32 pistes, c’est en fait 21 titres que le compilateur nous propose, 7 d’entres eux figurant sous plusieurs versions.

Tout l’éclectisme de ce musicien attachant transparaît clairement au fil des plages. Les pièces Hillbilly se révèlent foisonnantes : « I’ll Never Do Any Wrong » avec des mini passages imitant des yodels, « It’s Too Late Now » avec le violon pleurnichard de Warren Ferrier, « Too Late Now » évocateur d’Hank Williams, l’impayable « Indian Rock And Roll » aux racines Cherokee proche de Marvin Rainwater ou bien « You Win Again » dont les touches de piano lorgnent sur du Moon Mullican.

Deux instrumentaux plus dansants figurent également au répertoire : « Chisholm Trail Rock » avec passage de sax dans un registre entre Hank Ballard et un vieux madison des familles, suivi de « Gunsmoke » en mode Western.
Ce n’est pas pour rien que de nombreux amateurs et journalistes lui attribuèrent le sobriquet de King of Louisiana Swamp Rockabilly⸋. Ferrier nous délivre ici quelques Rockab de première bourre : « No No Baby », « Hey ! Baby » et sa variante « Let’s Go Bopping Tonight » avec vocal syncopé, piano à la Jerry Lee LEWIS et basse slappée. Les influences Hillbilly viennent parfumer plusieurs Hillbilly Rock de bonne facture : « My Baby Done Gone Away », « What Is That Thing Called Love? » probable source d’inspiration pour Hasil Adkins, . Des titres parfumés de fragrances à la Johnny CASH sont eux aussi bien présents : « I’m The Man » ou « Send Her Back ». Comme tout bon louisianais, Al nous assène un excellent Swamp Rock avec « Blues Stop Knockin’ », alors que l’excellent « She Left Me » s’inscrit pleinement dans le Swamp Blues en droite ligne avec Slim HARPO ou Lonesome SUNDOWN.

Excellent recueil dans lequel le compilateur a privilégié quelques doublons accommodés à différentes sauces, un procédé qui permet de découvrir des chansons interprétées sous différents nappages et mitonnées différemment selon la présence de tel ou tel instrument. Signalons le livret intérieur de Dave Penny (8 pages) malgré le manque total d’indications sur les différentes line-up. Celle que nous proposons n’est à 30% que suggestive.

⃰ Iry Le June est en fait Iry LeJeune, l’orthographe sur l’étiquette Goldband est due à une erreur de prononciation et non de typographie. Accordéoniste virtuose et mal voyant, ce pionnier de la musique cajun est décédé prématurément en 1955 renversé par une voiture. Auteur de « Love Bridge Waltz » en 1948 qui se vendra à des milliers d’exemplaires, LeJeune fut avec Harry Choates le catalyseur de la musique cajun traditionnelle d’après-guerre.

⸋ Les américains adorent donner de surnoms à leurs vedettes, c’est plus fort qu’eux et ce procédé remonte aux années 30. La Louisiane n’échappe bien évidemment pas à cette règle. Le guitariste Johnny JANO hérita du sobriquet « King of Louisiana Rock-A-Billy ». Quelques années plus tard, les Américains, tout penauds, se demandèrent si Al Ferrier ne méritait pas lui aussi un petit nom. Ils décidèrent alors de lui attribuer celui de « King of Louisiana Swamp Rockabilly », une façon de le démarquer de son confrère, que certains jugeront maladroite. Aujourd’hui ces deux seconds couteaux du Rock louisianais installés en bonne place au paradis en rigolent peut-être encore.

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- Al Ferrier (chant, guitare)
- Brian Ferrier (guitare, contrebasse)
- Warren Ferrier (fiddle)
- Al Foreman (guitare 19-23-28-32)
- Ricky Fontenot (guitare 11-12)
- Bobbie Mc Bride (basse 19-23-28-32)
- Jimmie Honeycutt (basse 13-24-29)
- Warren Storm (batterie 19-23-28-32)
- Katie Webster (piano 19-23-28-32)
- Rubble Wright (piano 13-18-24-29)
- Jack Hooter (saxophone 11-12)
- Virgil Brumley (saxophone 11-12)


1. No No Baby
2. I’ll Never Do Any Wrong
3. My Baby Done Gone Away
4. It’s Too Late Now
5. I’m The Man
6. Hey! Baby
7. Let’s Go Bopping Tonight
8. What Is That Thing Called Love?
9. Kiss Me Baby
10. I Thought I Found Love
11. Chisholm Trail Rock
12. Gunsmoke
13. Blues Stop Knockin’ (at My Door)
14. Honey Baby (fast Take)
15. Too Late Now (alternate)
16. No No Baby (fast Take)
17. My Baby Done Gone Away (take 1)
18. Indian Rock And Roll
19. Send Her Back
20. Hey! Baby (alternate)
21. Honey Baby (slow Take #1)
22. I’m The Man (alternate)
23. She Left Me
24. Blues Stop Knockin’ (at My Door) (alternate)
25. Why Doubt My Love
26. Yesterday We Were Married
27. Honey Baby (slow Take 2)
28. She Left Me (alternate)
29. Blues Stop Knockin’ (at My Door) (alternate Take 2
30. Hey! Baby (alternative Take 2)
31. Honey Baby (slow Take 3)
32. You Win Again



             



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