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2011 No Time For Dreaming
2018 Black Velvet
 

- Style : James Brown , Lee Fields

Charles BRADLEY - Black Velvet (2018)
Par LE KINGBEE le 13 Mars 2020          Consultée 1270 fois

Charles Edward BRADLEY n’est pas totalement inconnu sur notre site. Notre collègue Maniac Blues s’était attaqué à l’excellent « No Time For Dreaming » édité par l’écurie Daptone Records, celle-là même qui a popularisé Sharon JONES, Naomi SHELTON, The Como Mamas ou The Budos Band, pour ne citer que les principaux.

« Black Velvet » nous offre l’occasion de revenir brièvement sur la carrière atypique de ce chanteur méconnu, découvert sur le tard. Hélas, Charles Bradley ne pourra jamais lire ces modestes lignes puisque décédé en septembre 2017, juste quelques mois avant la sortie de cette galette posthume. En l’espace d’un an, Daptone Records venait de perdre deux de ses figures de proue (Sharon JONES), toutes deux victimes d’un cancer.

Charles Bradley voit le jour en Floride en 1948. Abandonné dès huit mois par sa mère, il est élevé par sa grand-mère jusqu’à ce que sa génitrice vienne le rechercher huit ans plus tard et l’emmène à Brooklyn. Grandement délaissé par sa mère, il bénéficie à l’adolescence d’un programme fédéral destiné à lui apprendre un métier sous un autre horizon. Charles s’installe à Bar Harbor dans le Maine où il devient cuisinier. Au milieu des sixties, il chante dans un petit groupe local, mais la Guerre du Vietnam vient mettre un terme à cette belle expérience, l’Oncle Sam appelant la plupart des membres à venir voir si l’herbe n’est pas plus verte sur les rives du Mékong.

Charles Bradley échappe au Vietnam et retourne donc à ses fourneaux, se spécialisant dans la cuisine de collectivité pour des maisons de retraite et des hôpitaux psychiatriques. Installé en Californie depuis presque vingt ans, il regagne New York suite à un licenciement. Sa passion de la musique ne l’a pas quitté, il se produit dans les petits clubs de Brooklyn sous les pseudos de James Brown Jr et du Black Velvet⃰.

C’est au Tar-Heel Lounge, un petit bar basé à Bedford Stuyvesant, quartier du rappeur Notorious B.I.G.♠, que Gabriel Roth, patron du label Daptone, le remarque. Roth décide d’enregistrer son nouveau chanteur et le confie à Neal Sugarman, saxophoniste du Sugarman Three et cofondateur du label Daptone. Bradley croise ensuite la route de Tom Brenneck, guitariste de Dirt Rifle & The Bullets, groupe sur le point de disparaître. Les deux hommes se lient d’une forte amitié et alors que la côte de Brenneck monte en flèche suite à la création du Budos Band et du Menahan Street Band, le guitariste qui vient de monter Dunham Records⸋ continue à prendre le vétéran sous son aile protectrice. Entre 2011 et 2016, Charles Bradley enregistre trois albums et une grosse quinzaine de singles. Parallèlement à sa carrière discographique pour Daptone et Dunham, il continue de se produire à New York sous le nom de Black Velvet et se spécialise dans l’imitation de son idole James BROWN. Ses prestations lui permettent de passer en 2008 au Late Show, la célèbre émission télé de David Letterman. En 2010, Charles est programmé dans le club de BB King sur Time Square à deux jets de pierre de Bushwick, le quartier dont Charles est devenu la gloire locale.

Produit par Tom « TNT » Brenneck, cet opus posthume se révèle plus apaisé que ses prédécesseurs. Pourtant, c’est sur un cri de désespoir que s’ouvre le disque avec « Can’t Fight The Feeling ». A moins que Charles Bradley nous envoie en fin de compte un cri d’espoir. Le documentaire « Soul Of America » édité en 2013 nous apprenait la vie misérable endurée par le chanteur. Entre la réalisation de son premier single et ce documentaire poignant, Charles apprenait à lire, tout en s’occupant de sa mère, celle-là même qui l’avait abandonné. De ses shows quasi caricaturaux dans lesquels il imite James BROWN, à la sortie de « No Time For Dreaming », l’un des albums Soul Funk les plus marquants du nouveau millénaire, le documentaire imprégné d’une forte misère sociale peut être considéré comme un message d’espoir. Epaulé de LaRose Jackson, Bradley s’annonce plus exotique sur « Luv Jones », titre enregistré trois ans plus tôt et édité en 45-tours. Les cuivres et les cordes n’ont de cesse de mettre le duo au diapason en ne cessant de relancer la machine.
« I Feel A Change » se révèle plus intimiste mais le tempo reste marqué par une rythmique dont le seul crédo est d’obtenir une mélodie devenant vite obsédante. Ce titre demeure un parfait étalonnage du talent du chanteur. Et dire que le titre issu de la session de second disque n’avait pas été retenu ! Avec « Slip Away », il reprend un titre que Sixto Rodriguez avait gravé en 1967 pour Impact Records avant que l’artiste ne tombe dans l’oubli et soit redécouvert sur le tard. Il faut voir dans cette reprise un bon clin d’œil et un message d’espoir. Si l’original nous plongeait dans un mélange de Folk Psy bien tempéré, la version de Bradley comporte plus d’envolées cuivrées, alors que le chant se porte parfois vers une exaltation intense. Cette face A se termine par un instrumental du Menahan Street Band évocateur des répertoires des Soul Investigators de Nicole WILLIS ou des SWEET VANDALS.

La face B s’ouvre avec une curiosité, la reprise de « Stay Away », titre figurant dans « Nevermind » de NIRVANA. Si vous êtes comme moi amateur de Soul, la reprise de Bradley risque de vous combler par son groove et sa puissance, si vous êtes adepte d’un son Grunge ou Punk Rock, le titre risque de vous désarçonner quelque peu. Hit interplanétaire de Neil YOUNG, « Heart Of Gold » a été repris à toutes les sauces et parfois dans des orientations Soul surprenantes. Si la version de Bettye LAVETTE reste dans les mémoires, le titre a aussi été joyeusement massacré par Boney M, Tori AMOS et tout un tas d’artistes Country dont les orchestrations faisaient perdre toute son essence au titre du Canadien. Là, les montées de cuivres sensées mettre de l’adrénaline ne parviennent pas à faire oublier le phrasé d’harmonica ; on aurait aimé que la basse soit un peu plus ronde et les cordes moins présentes. On dirait que Charles Bradley se montre ici trop respectueux.
Thomas Brenneck incorpore « (I Hope You Find) The Good Life », titre issu d’un E.P en version limitée enregistré avant que le cancer de Charles ne vienne l’amoindrir. Mais le morceau ne parvient jamais à convaincre, le chant éraillé faisant plus penser à un chat écorché qu’à un chant maitrisé et plein d’émotion. Charles prend un peu de hauteur avec « Fly Little Girl » secondé par les Gospel Queens dans un rôle de choristes de luxe. Le disque s’achève sur une alternate très électrique de « Victim Of Love », titre qui donnait son nom au deuxième album du vétéran.

En guise de conclusion, on ne peut s’empêcher de penser que Charles Bradley a connu une reconnaissance tardive et qu’il était proche du dénuement lorsque la chance le plaça sur la route de Thomas Brenneck. La moitié du disque provient de singles antérieurs à 2016, mais Charles Bradley, malgré son cancer, témoigne d’une puissance et surtout d’une volonté hors-du-commun, dédiée à une Soul Vintage à l’esthétique épurée et aux arrangements soignés. La face B, un ton inférieure à sa consoeur, soustrait à elle seule un point de la note finale. Cet album demeure le bon témoignage d’un artiste qui donnait le maximum de lui-même sur scène. Les amateurs qui l’ont vu sur les scènes françaises en gardent un souvenir chaleureux.

⃰ Pseudo homonyme au groupe anglais (ex Raisins) ayant enregistré pour Beacon, Mam et Pye à l’orée des seventies.

♠ Notorious B.I.G. parfois appelé Biggie Smalls est un acteur majeur du Rap new-yorkais. Brièvement soupçonné d’être l’instigateur du meurtre de Tupac Shakur, Notorious B.I.G. sera assassiné six mois plus tard, victime d’un drive shooting à l’instar de Tupac. Aujourd’hui, on pense que ces deux assassinats sont l’œuvre de David Mack, un flic corrompu, et de Suge Knight, patron du label Death Row Records.

⸋Dunham Records est une filiale de Daptone Records.

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- Charles Bradley (chant, orgue 9)
- Thomas Brenneck (guitare, basse 4-6-9, orgue 6, piano 9, vibraphone)
- Dave Guy -trompette 1-2-3-5-6-7-8-9-10,
- Billy Aukstik (trompette 4)
- Leon Michels (saxophone, piano 1, orgue 1-3-5)
- Freddy Deboe (saxophone 4)
- Aaron Johnson (trombone 10)
- Nick Movshon (basse 1-2-3-5-7-8-10, batterie 4)
- Homer Steinweiss (batterie 1-2-3-5-6-7-10)
- Mickey Post (batterie 9)
- Mike Deller (claviers )
- Victor Axelrod (piano 7)
- Fernando Velez (conga 2)
- Edna Johnson (chœurs 7-9)
- Bobbie Jean Gant (chœurs 7-9)
- Cynthia Langston (chœurs 7)
- Kristine Johnson (chœurs 9)
- Bill Schalda (chœurs 8-10)
- Will Schalda (chœurs 8-10)
- Paul Schalda (chœurs 8-10)


1. Can't Fight The Feeling
2. Luv Jones
3. I Feel A Change
4. Slip Away
5. Black Velvet
6. Stay Away
7. Heart Of Gold
8. (i Hope You Find) The Good Life
9. Fly Little Girl
10. Victim Of Love



             



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