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Betty WRIGHT - I Love The Way You Love (1972)
Par LE KINGBEE le 25 Avril 2021          Consultée 946 fois

Décédée en 2020 des suites d’un cancer, Betty WRIGHT a signé avec "I Love The Way You Love" son plus grand succès commercial. Quatre ans se sont écoulés entre My First Time Around, son premier album édité par Atlantic, et ce second jet. Il arrive parfois que la chance et de curieux concours de circonstance rebattent la donne des cartes. Betty avait enregistré "Girls Can’t Do It What The Guys Do", single qui n'ayant connu aucun succès. La reprise du titre par Judy White, fille de Miriam Makeba, enchante subitement de nombreux programmateurs radio. Il n’en faut pas plus pour attiser l’appétit de la firme Atlantic qui décide de lancer la cavalerie et de publier le single de Betty sous sa propre bannière, aussitôt suivi du premier disque d’une gamine d’à peine quinze ans.
Durant ces quatre ans, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Si Betty enregistre quelques faces pour Alston Records, le label d’Henry Stone, aucun titre n'entre dans les charts. Il faut dire que la Soul est plus un passe-temps pour Betty qui, poussée par sa famille, a décidé de poursuivre ses études au détriment des studios.

En 1970, Betty met en boîte "Pure Love" ⃰ qui entre péniblement dans les charts, suivi l’année suivante de "I Love The Way You Love" ° mais c’est le single "Clean Up Woman" couplé à "I Love You Forever" qui permet à Betty de faire son grand retour en novembre 71, la chanson grimpant sur la 6ème marche des classements Pop et à la seconde place des classements R&B sans une once de promotion. Suite à un accord avec Atlantic, le single est aussitôt réédité par la firme new-yorkaise qui profite de l’occasion pour refourguer "Girls Can’t Do It What The Guys Do" en face B.

Le succès de "Clean Up Woman" incite aussitôt Alston Records à sortir un album. Oui toujours la fameuse histoire du fer qu’il faut battre pendant qu’il est chaud. Avec ses petits riffs de guitare, le titre s’installe dans les charts et demeure l’un des grands hymnes Soul de la décennie. Rappelez-vous: "A clean up woman is a woman who - Gets all the love we girls leave behind -The reason I know so much about her -Is because she picked up a man of mine". La chanson pleine d’humour plait aussi bien aux hommes qu’aux auditrices. D’ailleurs, dans la foulée, Alston décide de faire enregistrer par Jimmy "Bo" Horne sa variante masculine avec "Clean Up Man" qui ne connait guère de succès. Ce carton connaitra bien évidemment diverses reprises souvent bien faiblardes ou sans caractère (Maria Muldaur, Karen Silver). En fait, hormis la reprise de Gwen McCrae, bien que servile, et celle de l’excellente Leela James, la chanson d’origine n’a jamais été égalée.

Mais cantonner cet album à ce hit serait plus que réducteur. Placé sous la houlette de Clarence Reid et Willie Clarke, le disque bénéficie des présences de Little Beaver (alias Willie Hale) et Mike Lewis qui viennent apporter leur science des arrangements. Au moment du décompte final, on s’aperçoit qu’en dehors de "Clean Up Woman" pas moins de quatre autres pistes intègrent l’envieux Top 50 du Billboard. Si Betty a collaboré aux paroles du morceau phare, neuf chansons proviennent de la plume de Clarke, Hale et Reid, toutes composées en tandem.

Deux titres échappent à l’hégémonie des songwriters d’Alston : "I Found That Guy", variante de "I Found That Girl" chanté par les JACKSON 5. Ce n’est pas la meilleure piste de l’album, loin s’en faut, même si elle est plus consistante et moelleuse que l’originale. Autre emprunt extérieur avec "Ain’t No Sunshine", superbe pépite désenchantée de Bill WITHERS. Si on reste attaché à l’original, Betty WRIGHT s’en sort plutôt bien et demeure parmi les meilleurs repreneurs du morceau avec Freddie KING, Joan OSBORNE, Jose James ou Mama Lion. On est loin des essais discutables voire indigestes de Nancy SINATRA, Tom JONES (cher au camarade Erwin), COEUR DE PIRATE ou Patricia KAAS.
Les arrangements et une orchestration aux petits oignons permettent même un agencement agréable avec la section corde et violon qui ne paraît jamais pesante pour le coup. Les jeux de guitares croisées complémentaires de Little Beaver et Jess Carr influent aux titres une atmosphère tantôt funky, tantôt typique à la Soul floridienne. "I Love The Way You Love" s’avère délicatement soyeux et évite toute surenchère sucrée. Betty s’offre un petit virage à 90° avec "All Your Kissin' Sho' Don't Make True Lovin'" la guitare plongeant dans un nappage de Funk maitrisé de bout en bout. Si les violons pouvaient faire craindre le pire au tout début de "If You Love Me Like You Say You Love Me", le chant et la rythmique reprennent leurs prérogatives au bout d’une quinzaine de secondes, tandis que le tempo entrainant évoque certaines productions du label TK Records, autre maison de disques d’Henry Stone. Plus de douceur et de groove sur "Pure Love" avec sa ligne de basse bien ronde épicée juste comme il faut par quelques cuivres. La chanteuse confère un apport de tendresse à "Don’t Let It End This Way". Le disque prend fin avec "Let’s No Rush Down The Road Of Love". Après trente secondes de spoken song, annonciatrices des futures intro de Donna SUMMER, Gloria GAYNOR ou Anita Ward, Betty poursuit sur le ton d'une ballade légèrement langoureuse emplie de violonades.

Ce second jet reste à ce jour le meilleur disque de la chanteuse, tant son contenu que du point de vu commercial. Les arrangements, l’orchestration et la cohérence du répertoire permettent de densifier l’album. Mais ce qui frappe avant tout, c’est la maitrise vocale de Betty qui a gagné en maturité entre les trois années séparant ses deux premiers albums. I Love The Way You Love restitue une belle combinaison de Miami Soul et de Soul Sudiste avec d’agréables alternances des rythmes. Suite à divers accords liés à la distribution, le disque paraît en Europe sous l’étiquette d’Atlantic Records. Le disque a fait l’objet de rééditions au format CD via les labels Water et Atlantic.

⃰ Titre homonyme à ceux chantés par Sonny James et Ronnie Milsap.
° Titre homonyme à celui chanté par Marv Johnson.

La chronique provient de l’écoute du pressage UK édité en 1972 par Atlantic.

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- Betty Wright (chant)
- Willie 'little Beaver' Hale (guitare)
- Jess Carr (guitare)
- James Knight (guitare 3)
- Ron Bogdon (basse)
- Edmund Collins (basse)
- David Brown (basse 10)
- Robert Ferguson (batterie)
- Jimmie Lee Harrell (batterie)
- Clarence Reid (orgue, piano, arrangements)
- Benny Latimore (orgue, piano)
- Arnold Albury (orgue, piano)
- Andrew Love (saxophone)
- Wayne Jackson (trompette, trombone)
- Jack Hale (trombone)


1. I Love The Way You Love
2. I'll Love You Forever Heart And Soul
3. I Found That Guy
4. All Your Kissin' Sho' Don't Make True Lovin'
5. If You Love Me Like You Say You Love Me
6. Clean Up Woman
7. I'm Gettin' Tired Baby
8. Pure Love
9. Ain't No Sunshine
10. Don't Let It End This Way
11. Let's Not Rush Down The Road Of Love



             



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