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HILLBILLY NASHVILLE SOUND  |  COMPILATION

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2008 Don Rocks

Don GIBSON - Don Rocks (2008)
Par LE KINGBEE le 16 Avril 2020          Consultée 669 fois

Ce monument de la Country Pop des années 50/60 demeure peu connu chez nous, la Country est ses différentes branches ne font pas partie, il est vrai, de nos racines ni de notre culture. Don GIBSON demeure le propriétaire d’une discographie assez luxuriante jugez plutôt : à ce jour on comptabilise 4 EP, 105 singles et environ 110 albums (compilations, coffrets et les disques compris). En clair, malgré son manque de notoriété dans l’Hexagone, Don GIBSON a traversé les décennies et s’est même produit à l’Hippodrome de Pantin au début des années 80.

Le 3 avril 1928, Shelby⃰, ville importante de Caroline du Nord, voit augmenter sa population avec l’arrivée de Donald Eugene Gibson. Le gamin a tout juste un an quand son paternel décède. Sa mère se remarie aussitôt avec un fermier du coin. Gamin, Donald passe une enfance semblable à celles de nombreux jeunes américains, entre travaux à la ferme et l’école qu’il quitte rapidement. Tout irait pour le meilleur des mondes, si sa famille n’avait pas du mal à joindre les deux bouts, s’il n’était pas atteint d’un léger bégaiement et surtout d’une timidité excessive. Adolescent il se met à la guitare, écoute les programmes de l’Ole Opry avant de se passionner pour Django REINHARDT. C’est en jouant au billard contre des adversaires musiciens qu’il monte un premier groupe The SONS Of The SOIL, une pâle réplique des SONS Of The PIONEERS. En octobre 1948, la formation enregistre deux singles pour Mercury dans les studios de la WRBO, une radio de Forest City, deux galettes qui ne connaissent strictement aucun succès. Il enchaîne au sein de Don Gibson & His King Cotton Kinfolks et grave quatre singles pour la RCA, disques qui ne connaissent pas plus de succès que les précédents.

Mais Don est un battant, il décide de poursuivre et part s’installer à Knoxville puis tente à plusieurs reprises sa chance à Nashville, en vain. Entre 1952 et 54, il met en boite six singles pour la Columbia, qui ne se vendent pas mieux. Notre bonhomme enchaîne chez la MGM, pour laquelle il enregistre six microsillons qui n’intéressent personne, jusqu'à ce que Faron YOUNG reprenne "Sweet Dreams"° et fasse grimper cette guimauve ramollie sur la seconde marche des charts. Il aura juste suffit d’accélérer légèrement le tempo et de gommer les effets larmoyants de la lap steel pour que la chanson se transforme en carton. Au fil des ans, le titre sera repris par moult chanteurs. Si Patsy CLINE (à titre posthume), les EVERLY BROTHERS et surtout Emmylou HARRIS en 75 en firent des versions accédant aux charts, la chanson sera surtout reprise par des artistes n’ayant pas de lien avec la Country : Bettye SWANN, Roy BUCHANAN, Elvis COSTELLO jusqu’au HELLECASTERS.

Si Don parvient à enregistrer somme toute assez conséquemment par rapport à d’autres musiciens, il le doit à Wesley Rose qui l’avait pris sous contrat. Le producteur, futur dirigeant de la maison d’édition dirigée par son père Fred et Roy Acuff, tablait sur les compositions de son poulain, et lui trouvait des petits contrats chez certains labels, un échange de bon procédé convenant aux trois parties. En 1957, Don décroche un contrat avec la RCA, grave quelques titres sous la houlette de Chet ATKINS et fait parler de lui l’année suivante avec "Oh Lonesome Me" et "Can’t Stop Loving You". Si le premier rentre dans le Top Ten et rencontre un second souffle via les reprises de Johnny CASH et Johnny BURNETTE, le second connaîtra au fil du temps un nombre incroyable de covers de Ray CHARLES à Ricky NELSO en passant par SINATRA, Roy ORBISON et Tina TURNER, alors que le bon Richard ANTHONY susurre "C’était plus fort que tout" une adaptation affligeante de Maurice Tézé. Un morceau toujours tendance, puisqu'il y a quelques mois, Louise Mandrell, grosse vedette de la Country FM, reprenait la chanson à son compte. Pour Don qui vivait à cette époque dans une roulotte, ces deux titres se révèleront être une incroyable bouchée d’air et vont lui permettre de maintenir la tête hors de l’eau pendant de longues années.

Don parviendra à faire illusion jusqu’au début des sixties en alignant quelques titres comme "Lonesome Number One", future reprise de Norma JEAN et surtout "Sea Of Heartbreak" qui fera le bonheur d’artistes aussi variés que Leroy VAN DIKE, The SEACHERS, Johnny CASH, Shakin’ STEVENS, POCO ou The COUNTRY GENTLEMEN. Et c’est justement là que se situe la force de Donald, celle de marier plusieurs genres comme le Hillbilly, la ballade à l’eau de rose, la Pop, le Rock et même le Rockab, divers registres capables d’intéresser des artistes aussi divers que Kitty WELLS, Ray Charles, Roy ORBISON, Johnny CASH, Merle HAGGARD, Paul ANKA, Neil YOUNG ou les EVERLY BROTHERS pour n’en citer que quelques uns.

Après avoir officié au sein de la Tennessee Barn Dance, Don Gibson fera les beaux jours du Grand Ole Opry, show dont il sera viré en 1963 pour avoir été pris le nez sur une ligne de poudre blanche. D'une grande timidité, mal à l’aise avec les média, individu assez secret et solitaire, dépositaire d’un jeu de scène aussi dynamique qu’un poteau électrique, Gibson a longtemps tenté de combattre ses démons par le Bourbon et des pilules amincissantes. Au milieu des années 70, il œuvre principalement dans le Nashville Sound, registre démodé. Il se fait toutefois remarqué à l’occasion de duos avec les chanteuses Dottie WEST et Sue THOMPSON et accroche encore quelques Top Ten Country dans sa besace. Durant les années 80, Don Gibson enregistre une quarantaine de singles pour le label Hickory. Son nom revient occasionnellement pendant les décennies suivantes lorsque les KENTUCKY HEADHUNTERS, Tracy NELSON, Mary CHARPIN CARPENTER, Martina McBRIDE, Madeleine PEYROX, Norah JONES, Mark CHESNUTT ou les HELLECASTERS reprendront certains de ses titres.

Don GIBSON demeure un personnage influent dans le monde de la Country Pop. Excellent chanteur, il reste le propriétaire de 22 Top Ten Country et d’un Top Ten Pop. Mais c’est à travers quatre ou cinq chansons accommodées à toutes les sauces que son nom revient, preuve que le personnage est un sujet auquel les américains se réfèrent encore de nos jours, alors que le bonhomme nous a quitté en 2003.

Bear Family poursuit sa série "Rocks" avec ce nouveau volet consacré à Don GIBSON. Ce recueil fait suite à quatre compilations, trois coffrets de 4CD et au vinyle "Don Gibson And Indios Tabajaras". Hormis de rares alternates et certains titres plus anecdotiques gravés durant les eighties pour Golden Stars, un label à petit prix, on estime que le label allemand a publié toutes ses faces.

Comme le laisse présager son titre, cette nouvelle compil met l’accent sur les titres les plus Rock du songwriter. Le compilateur regroupe 33 morceaux enregistrés entre février 57 et janvier 66 dans les studios de la RCA à Nashville. Cette compilation agrémentée d’un livret de 48 pages richement illustré devrait convenir à tout néophyte et tout amateur de Country. Au rayon des reproches, on pourra regretter le manque de chronologie dans la position des 33 faces. Il est possible que le compilateur ait choisi de mélanger les périodes pour une écoute plus confortable. Second et dernier petit bémol, on peut reprocher l’absence de titres MGM comme "I Ain’t Gonna Waste My Time", une pépite Rockabilly de J.D. Miller enregistrée par Wiley BARKDULL et Rusty & Doug KERSHAW et "I Ain’t Studying You Baby" un excellent Hillbilly Rock tendance rurale.

Au fil de ces 73 minutes d’écoute, le disque nous renvoie habilement vers d’anciens parfums Country en prenant soin d’éviter de rentrer trop de plein fouet dans les écueils du Nashville Sound. Les titres s’enchaînent et les odeurs finissent par se mélanger pour déboucher sur un patchwork de fragrances d’un autre temps, celui d’une époque plus claire et moins polluée où senteurs et arômes se détectaient plus naturellement.

Le disque s’ouvre sur "Look Who’s Blue", une petite perle d’Hillbilly Rock tendance rurale avec Velma SMITH et Rusty KERSHAW encadrant Gibson à la guitare. Le titre sera repris par Etta JAMES, preuve que Country et Soul ont souvent changé de camp. "Bad Bad Day" annonce une coloration cashienne assez prononcée. Issu du répertoire Minstrel et popularisée par de nombreuses bandes sonores de film "Camptown Races" s’inscrit ici dans un répertoire traditionnel. Les amateurs d’harmonica se régaleront avec "There's A Big Wheel" dans lequel figure Charlie McCOY. Le duo Wilma LEE /Stoney COOPER a mis le titre à son menu dès 1959 pour un succès garanti, à tel point que Gibson reprendra sa compo au milieu des sixties.
Auteur compositeur prolifique, il arrivait que GIBSON s’intéresse aux autres, c’est ainsi qu’il reprend le célèbre "I’m Movin’ On" d’Hank SNOW, le canadien lui reprenant de son côté aussi quelques chansons, ce qu’on appelle le principe des vases communicants. Si des nombreux artistes de Soul ont pioché dans ses compositions, Don s’intéressait à la musique noire ; c’est ainsi qu’il reprend "What The Reason I’m Not Pleasing You" popularisée par Fats DOMINO. Là pour le coup il s’appuie sur des influences aussi variée que Ruby BRAFF et le SLEW FOOT FIVE de Grady MARTIN. Autre reprise avec "Satisfied" de Martha CARSON, l’une des reines du Country Gospel ayant officié pas mal de temps à Knoxville, et dans laquelle Don incorpore quelques petits zestes issus de la musique noire.

Au rayon du Nashville Sound, GIBSON nous délivre quelques joyeuses surprises : "Sweet Sweet Girl", avec Hank GARLAND à la gratte et les Jordanaires aux chœurs. Certains lui préfèreront la version de Warren SMITH parce que gravée dans les studios Sun quatre mois plus tard. Vu mon pseudo, je conseillerai aussi la reprise des KINGBEES, groupe américano-canadien de Revival Rockab Garage. Moins cadencé "Blue Blue Day" s’inscrit aussi dans cette branche nashvillienne et révèle de bons moments. Le titre sera repris avec succès par Dean MARTIN, Roy ORBISON mais l’original nous parait plus authentique et a paradoxalement moins vieilli que certaines reprises récentes. "Won’t Cha Come Back To Me" s’inscrit dans une veine identique, flirtant entre Nashville et Teen Rock à la Johnny HORTON. Le titre repris en version Bluegrass par le duo FLATT & SCUGGS sera remis au gout du jour par les TAILDRAGGERS, excellent combo hollandais.
Enfin il reprend le plus grand succès de Melvin ENDSLEY, "Singing The Blues" popularisé par Marty ROBBINS, faisant oublier la version pitoyable de Guy MITCHELL qui curieusement installa le titre à la tête des charts pendant près de neuf semaines. Comprend qui pourra ! Hugues AUFRAY l’adaptera avec "Tout le long du chemin". Mais là, c’est une histoire que vous a déjà conté notre collègue Marco Stivell.

Si ce "Don Rocks" ne rock pas autant que l’indique son titre, il constitue néanmoins un parfait voyage initiatique dans le répertoire de ce guitariste chanteur, auteur de textes parfois désenchantés ou nostalgiques. Une belle expédition au cœur du Nashville Sound avant que celui-ci ne finisse par devenir gonflant et ridicule, comme témoin d’une époque révolue ou dépassée. Une écoute facile, le titre le plus long ne dépasse pas les 2 minutes 35.

⃰Shelby dispose d’une place centrale comme il en existe des milliers en Amérique. Cette place est agrémentée d’une statue à l’effigie de Leroy McAfee, colonel d’infanterie et grand titan du KKK, montée en 1916. A l’origine, cette statue devait être coiffée d’un masque du KKK, ce qui doucha l’enthousiasme des habitants. Voici tout ce dont je me souviens de mon passage en Caroline du Nord au début eighties. C’est là aussi qu’on arrêta Dylan Roof, un abruti congénital auteur de 9 meurtres dans une église de Charleston en Caroline du Sud.
°Titre bien sur homonyme à ceux des EURYTHMICS, des KNACK ou de BEYONCE.

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   LE KINGBEE

 
  N/A



- Don Gibson (chant, guitare)
- Chet Atkins (guitare 2-3-4-5-8-9-12-13-15-16-17-18-20-25-27-28-)
- Velma Williams Smith (guitare 1-7-10-11-16-18-20-21-22-23-24-28-33)
- Hank Garland (guitare 2-5-9-12-14-17-19-21-22-23-24-28-33)
- Ray Edenton (guitare 2-5-9-13-25-27-29-31-32)
- Jerry Reed Hubbard (guitare 6-29-31-32)
- James Selph (guitare 4-12-14-15)
- Harold Bradley (guitare 17-19-22-26)
- Grady Martin (guitare 6-22-23)
- Rusty Kershaw (guitare 1-7-10)
- Leon Sutton (guitare 25-27)
- Jerry Glenn Kennedy (guitare 28-30)
- Samuel Pruett (guitare 6)
- Johnny Smith (guitare 19)
- George Mccormick (guitare 30)
- Lloyd Green (steel guitar 29-31)
- Summie L Hendricks (steel guitar 8)
- Harold Rugg (steel guitar 30)
- Weldon Myrick (steel guitar 32)
- Roy Huskey Jr. (basse 3-6-8-10-12-14-16-18-20-25-27-28-30-31-32-33)
- Joseph Zinkan (basse 4-11-13-15-21-22-24)
- Bob Moore (basse 1-7-17-19-26)
- Henry Strzelecki (basse 23)
- Buddy Harman (batterie 1-2-4-5-6-7-9-10-12-13-14-15-17-19-21-22-)
- Troy Hatcher (batterie 3-11-16-18-20)
- William Ackerman (batterie 30-33)
- Walter Lenk (batterie 8)
- Morris Palmer (batterie 23)
- Douglas Kirkham (batterie 25)
- Floyd Cramer (piano1-2-3-4-5-6-7-9-10-11-12-13-14-15-16-17-18-19)
- Hargus Robbins (piano 29-30-31)
- Jerry Smith (piano 32-33)
- Brenton Bolden Banks (orgue 20)
- Joseph Layne (orgue 33)
- Morris Wilson (clavecin 6)
- Tommy Jackson (fiddle 8)
- Tommy Vaden (fiddle 8)
- Charlie Mccoy (harmonica 23-29-31, vibraphone 29-31)
- James Riddle (harmonica 13)
- Hoyt Hawkins (chœurs 1-2-3-4-5-6-7-9-10-11-12-13-15-21-23-24-25-)
- Neal Matthews (chœurs 1-2-3-4-5-6-7-9-10-11-12-13-15-21-23-24-25-)
- Hugh Gordon Stoker (chœurs 1-2-3-4-5-6-7-9-10-11-12-13-15-21-23-24-25-)
- Raymond Walker (chœurs 2-4-5-6-9-12-13-15-21-23-24-25-28-29-30-31-)
- Anita Kerr (chœurs 14-16-17-18-19-20-26-27-28-33)
- Dottie Dillard (chœurs 14-16-17-18-19-20-22-26)
- Louis Dean Nunley (chœurs 14-16-17-18-19-20-22-26)
- William Guilford Wright (chœurs 14-16-17-18-19-20-22-26)
- Hugh Jarret (chœurs 1-3-7-10-11)
- Mildred Kirkham (chœurs 3-11-28)
- Culley Holt (chœurs 14-27)
- Marijohn Wilkins (chœurs 12)
- Mary France Lyell (chœurs 28)
- Priscilla Ann Hubbard (chœurs 30)


1. Look Who's Blue
2. Sweet Sweet Girl
3. Blue Blue Day
4. Didn't Work Out, Did It ?
5. Who Cares (for Me)
6. I Can Mend Your Broken Heart
7. Bad Bad Day
8. Sittin' Here Cryin'
9. Won't Cha Come Back To Me
10. If You Don't Know It
11. Oh Lonesome Me
12. Far Far Away
13. Don't Tell Me Your Troubles
14. I'm Movin' On
15. Even Tho'
16. Hurtin' Inside
17. Sea Of Heartbreak
18. What About Me
19. Camptown Races
20. What's The Reason I'm Not Pleasing You
21. Satisfied
22. I Sat Back And Let It Happen
23. Lonesome Number One
24. That Lonesome Valley
25. Why Don't You Love Me
26. Fireball Mail
27. My Hands Are Tied
28. Head Over Heels In Love With You
29. There's A Big Wheel
30. There She Goes (let Her Go)
31. Singing The Blues
32. (yes) I'm Hurting
33. You Don't Knock



             



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