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- Membre : Mother Earth

Tracy NELSON - Tracy Nelson (1974)
Par LE KINGBEE le 2 Octobre 2021          Consultée 861 fois

Après deux albums curieusement estampillés Tracy Nelson/Mother Earth, une dénomination hybride et peu porteuse, la chanteuse vole de ses propres ailes et décroche un contrat chez Atlantic pour ce qui peut être considéré comme son premier disque solo. Mais dans les faits, la réalité est tout autre. Le 20 mai 1974, Tracy NELSON met en boite deux titres en duo avec Willie Nelson, célèbre outlaw au bandana. Contre toute attente "After The Fire Is Gone" que le duo Loretta Lynn/ Conway Twitty avait fait grimpé sur la première marche des charts Country trois ans plutôt, connait une seconde vie se classant à la 17ème place. Cela suffit pour attirer l’attention d’Atlantic qui décide de faire revenir la chanteuse en studio.

Atlantic décide de confier la production à Bob Johnston. Cet ancien multi instrumentiste passé par la vague Rockabilly a connu de fulgurants succès auprès de DYLAN, CASH, The BYRDS, SIMON & GARFUNKEL et Leonard COHEN pour lequel il a été organiste. Le bonhomme vient de boucler deux albums auprès d’Esther Ofarim et de Pete Seeger et se retrouve libre de tout contrat. Sa première décision est de confier les arrangements et la section cuivre à Allen Toussaint à la Nouvelle Orléans, où une partie des titres est enregistrée tandis que l’autre aura lieu au Ray Stevens Sound Laboratory à Nashville. Seconde résolution Johnston de faire appel à une équipe de musiciens chevronnés pour épauler sa chanteuse : le bassiste Bill Cogbill (ex Wilson PICKETT, ELVIS, A FRANKLIN), les guitaristes Ron Cornelius (ex DYLAN, Leonard COHEN), Reggie Young (ex ELVIS, Wilson PICKETT et King Curtis), le batteur Kenny Malone (ex Tony Joe WHITE, JJ CALE) ou le pianiste Buddy Emmons (ex ELVIS, Bobby WOMACK, Rita COOLIDGE). Parallèlement le producteur n’hésite pas à donner sa chance à l’organiste Leon Pendarvis qui vient de se faire un nom auprès de Maggie BELL et Esther Phillips. De son côté, Allen Toussaint non content de s’atteler aux arrangements à dégoter une section cuivre d’enfer avec le saxophoniste Clarence Ford (ex Little RICHARD, Pee Wee Crayton, Fats DOMINO) et le trompettiste Marshall Cyr (Edgar WINTER, DOOBIE BROTHERS).

Si Tracy n’apporte qu’une seule composition préférant se consacrer au chant et au choix des chansons avec Bob Johnston, elle reprend toutefois quelques titres de sa période MOTHER EARTH. C’est ainsi que « Slow Fall » une ballade à tournure mélancolique de Jack Lee ouvre les débats dans une torpeur rappelant le climat du Grand Sud. Elle reprend "Love Has No Pride", une ode à l’amour de son ancien équipier Eric Kaz. Si Bonnie RAITT, Rita COOLIDGE ou Linda RONSTADT en firent une ballade sentimentale aussi belle que barbante, les accompagnateurs apportent leur science du groove alors que le renfort d’une bonne troupe de choristes permet d’amener de la consistance. Non content de superviser le répertoire, l’accompagnement, les consoles, Bob Johnston a sorti de son étui "Rock Me In Your Craddle", une superbe ballade de Deep Soul qu’on croirait sortie tout droit des studios FAME. Les ivoires de Buddy Emmons mettent la voix de Nelson au diapason. Tracy Nelson écrit peu mais elle le fait bien ; elle nous refourgue en clôture d’album "Down So Low", titre figurant dans "Living With The Animals" de Mother Earth. Si la version antérieure valait le détour, celle ci lui est largement supérieure. L’accompagnement et la qualité des arrangements fait toute la différence. Ce n’est pas pour rien qu’Etta JAMES et plus tard Cyndi LAUPER reprendront cette chanson.

La section cuivre donne une ampleur incroyable à "Lay Me Down Easy" tandis que le timbre oscille entre Gospel Soul et Southern Rock. Le titre sera repris dans une version funky par le duo James et Bobby Purify (en réalité 2 cousins) sans grand succès. On se montrera plus sceptique avec "Hold An Old Friend’s Hand", une compo de Donna Weiss gravée par Brenda Patterson. Certes le chant puissant et une orchestration d’envergure contribuent à densifier la ballade, mais la mélodie ne parvient pas à retenir durablement l’oreille. A l’instigation du producteur, Tracy s’attaque au dylanesque "It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Lot To Cry" figurant dans "Highway 61 Revisited". Les cuivres tissent une coloration très Soul tandis que la slide de Mac Gayden distille une ambiance aussi bluesy que psyché. Une bonne version qui ne fait toutefois pas oublier la reprise d’Al KOOPER et celle de LITTLE FEAT. Popularisée par la doublette Loretta Lynn/ Conway Twitty, "After The Fire Is Gone", une histoire d’adultère bourrée de clichés péquenots dont les paroles pourraient nous faire rire (ou pleurer c’est selon), a connu son lot de duos. Secondée par la voix douce et nasale de Willie Nelson (aucun lien de parenté) le duo s’en sort à bon compte même si le titre sort du cadre général de l’album.

Terminons ce panorama avec deux coups de cœurs : "I Wish Someone Would Care", une compo d’Irma THOMAS délivré ici sous un écrin de Southern Soul. Si les parfums de la Nouvelle Orléans s’effacent au profit d’une sonorité proche de Muscle Shoals, Nelson nous assène une petite pépite. Grand classique de Bill WITHERS, "Lean On Me" s’annonce comme une ode à la solidarité, l’amour du prochain et tout bonnement à la foi. Entre chant religieux et Soul, accommodé à toutes les sauces (de Tom JONES à SEAL en passant par The Tenors ou Crystal Gayle, il ne manquerait plus que Garou s’en empare) Tracy Nelson nous distille une version qui vaut son pesant de cacahuètes. L’orgue de Bobby Emmons instaure une atmosphère crépusculaire, comme celle qu’on entend dans les églises tandis qu’en arrière plan la slide de Reggie Young et la douceur des chœurs viennent renforcer la puissance du chant.

Hormis deux titres nettement moins enthousiasmants que le reste de l’album, Tracy Nelson nous propose un disque d’excellente facture. La trame avec Mother Earth n’est pas totalement rompue, sur la pochette dorsale Tracy est assise au côté d’un sympathique canidé. Reste à savoir où ranger cette galette. Si la Soul et le Blues Rock sont susceptibles de l’accueillir à bras ouvert, sa véritable place se situe dans le tiroir de la Country Soul. Un disque qui frise le 4. A été réédité en format CD.

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   LE KINGBEE

 
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- Tracy Nelson (chant, piano 10)
- Linda Ronstadt (chant 6)
- Willie Nelson (chant 6)
- Reggie Young (guitare)
- Ron Cornelius (guitare)
- Max Gayden (guitare)
- Tommy Cogbill (basse)
- Kenny Malone (batterie)
- Bobby Emmons (orgue)
- Bobby Woods (piano)
- Leon Pendarvis (piano 2-7)
- Clarence Ford (saxophone, clarinette)
- Lon Price (saxophone)
- Michael Pierce (saxophone, flûte)
- Marshall Cyr (trompette)
- Steve Howard (trompette)
- Merry Clayton (chœurs)
- Clydie King (chœurs)
- Pat Powdrill (chœurs)
- Beau Cecchino (chœurs)
- Gerald Garrett (chœurs)
- Jim Gilstrap (chœurs)
- Joe Green (chœurs)


1. Slow Fall
2. Love Has No Pride
3. Hold An Old Friend's Hand
4. Rock Me In Your Cradle
5. It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry
6. After The Fire Is Gone
7. Lean On Me
8. I Wish Someone Would Care
9. Lay Me Down Easy
10. Down So Low



             



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