Le site Discogs classe les deux premiers albums de Gabrielle APLIN en indie pop/pop-rock. Ce qui est tout à fait juste, ces deux disques restent deux beaux exemples de ce qu'une chanteuse peut offrir aujourd'hui en la matière, avec les épices nécessaires empruntées à la soul.

Tout change avec ce troisième effort, Dear Happy. Tout ? Non, l'artiste garde une base pop-soul et même folk évidente, sauf que tout est dilué la production 2010 en diable. Nul besoin de dire à nouveau tout le bien que l'on pense de celle-ci, la note parle d'elle-même.

Par contre, on se demande toujours si les artistes, quand ils font cela par envie ou sur demande de la maison de disques, arrivent à apprécier vraiment, en surface ou au fond d'eux, à écouter d'un bout à l'autre leur dernière oeuvre avant de la publier. C'est le lot de tous les musiciens bien sûr, mais là, en particulier, dans les changements comme celui-ci, à une heure où les codes de la musique qui marche sont encore plus serrés que le courant classique du XVIIIe siècle.

Parce qu'il n'y a pas plus commun, fade, uniforme, que "Until the Sun Comes Up", "Kintsugi", "Losing Me" (duo avec J-P COOPER), "Nothing Really Matters", "Magic" et "Love Back". De la pop r'n'b avec les sons caractéristiques (et dont souffre beaucoup la voix, notamment sur les refrains), en pilote automatique, sans qu'on puisse même parler de "tube".

Soit il y a le phrasé rap/rythmique/bégayant pour paraître "cool" et qui ne fonctionne à aucun moment du disque, soit ce sont des refrains plutôt agréables mais vite gâchés par les divers effets. "Kintsugi" en est un exemple frappant, même si en reprenant le simple mot consacré à l'art de réparer avec de l'or, APLIN se rapproche inéluctablement de la J-Pop ou la K-Pop en vogue et devrait facilement rafler le public amateur, rien que pour ça.

A contrario, les refrains de "Losing Me" prouvent bien grâce aux choeurs qu'il est possible de faire de choses jolies, même simples, avec un Vocoder. "Magic", très proche de "Nothing Really Matters", possède une mélodie légèrement meilleure. "Strange" et "Like You Say You Do" qui sonnent plus funk, même s'ils n'ont pas une grande envergure, sans êtres désagréables pour autant, mettent la basse en avant. Les guitares, pour une fois, sont soit rares, soit pauvres hélas.

On en oublierait presque la vague zouk/merengue, mais "So Far So Good" est là pour nous la rappeler ! Manque de chance, le refrain est énervant alors que ça commençait mieux qu'on l'espérait. Et sur "Miss You", sont-ce là des marimbas ? Des vrais de vrais ? Même pas joués au synthé ? Mazette, c'est chouette !

Trois morceaux valent le détour, et comme par hasard, ce sont les plus mélodiques, les plus folk. Surprenant, hein ? "One of These Days" rapproche Gabrielle APLIN des Lana DEL REY et autres BIRDY. Rien d'original certes mais au moins, sa voix trouve un meilleur écrin, sans parler de tout le reste, sons, progression musicale. Même chose pour "My Mistake" et "Dear Happy" avec leurs piano-voix, le final ample de ce dernier.

Quitte à reprendre des éléments "grand public", on souhaite que le prochain album fasse moins usage d'airs aussi basiques, de facilités vocales dégoûtantes, et qu'il soit plus aventureux.