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Horace SILVER - The Cape Verdean Blues (1965)
Par DERWIJES le 29 Avril 2020          Consultée 1409 fois

On ne peut qu'imaginer le plaisir qu'a du ressentir Horace SILVER face au succès critique et public de Song for my Father. C'était après tout un album éminemment personnel, une tentative de rendre à la fois un hommage à son père et à présenter la musique du Cap-Vert au grand public. L'occasion était trop belle, comment résister à l'envie de proposer une suite ?

Cape Verdean Blues reprend donc les choses là où elles s'étaient arrêtées à la fin de Song for my Father. Le quintet formé pendant son enregistrement est toujours là : Joe HENDERSON au saxophone, Roger HUMPHRIES à la batterie, Bob CRANSHAW à la basse, ah non, Carmell JONES est au abonné absent, remplacé au pied levé par Woody SHAW, petit génie de la trompette né avec l'oreille absolue et une mémoire eidétique, tant qu'à faire, qui connaîtra une carrière d'étoile filante avant de s'éteindre trop tôt en 1989, à 44 ans.
Trêve d'infos déprimante, de toute manière le disque s'ouvre sur un morceau qui est sûr de vous donner le sourire, comment résister à cette mélodie de piano et ces percussions exotiques qui vous sautent dessus d'emblée de jeu ? Et quand les instruments à vent viennent se joindre à la fête, n'en rajoutez plus, on est déjà k.o... Comme dirait le collègue Jasper, l'indice de sifflabilité est maximal.
Mais l'album ne s'appelle pas Cape Verdean Blues (accentuation sur le dernier mot) pour rien, et la piste suivante "African Queen" vient nous le rappeler. D'un coup le piano se fait plus sérieux à répéter la même ligne, le saxophone vient poser un premier solo très solennel, immédiatement suivi par la trompette qui va se mouvoir comme un serpent ondulant...Eh, c'était pas une blague quand je vous disais que Woody est un petit génie, sa première intervention est superbe. Lui et Henderson profitent bien que le morceau soit étendu à presque dix minutes pour se faire bien plaisir.

Mais il est déjà temps de dire au revoir à la royauté africaine et de revenir vers les rives du hard-bop pour "Pretty Eyes". Sur n'importe quel autre disque ça aurait été un must, mais là vu ce qui le précède et ce qui le suit, c'est le ventre mou de l'album. Encore une fois Shaw vole la vedette en adoptant un jeu nettement plus strident, qui me rappelle celui de COLTRANE si il avait joué de la trompette (mais de loin, et dans le noir, et en forêt). Pas grand-chose à dire de plus là-dessus, et de toute façon on n'a pas le temps parce que qui voilà ? Mais oui, J.J. JOHNSON ! Tout comme son copain Henderson, vous pouvez toujours compter sur lui pour se joindre aux bons coups et apporter une contribution de taille avec son trombone face à un quintet déjà bien soudé. Avec sa participation la fête n'en devient que plus folle, il suffit d'écouter l'ambiance bon enfant de "Nutville" pour s'en convaincre, où pour une fois même Humphries à l'occasion de se faire plaisir et de placer un solo de batterie -petit, mais sympathique-. A contrario "Bonita" prend son temps pour se préparer, c'est le moment de l'album où chacun à sa chance de briller, à commencer par la basse qui pose la base, puis le saxophone et le trombone qui se tournent autour avec des sifflements méchants en crescendo, le piano les interrompt le temps d'un long solo, la trompette le rejoint timidement puis gagne en assurance...A aucun moment les choses ne s'emballent mais c'est un morceau fascinant à écouter, une leçon de composition de jazz. "Mo'Joe" vient conclure l'album avec un hard-bop classique. Une composition de Joe Henderson qui vient nous secouer un peu après ces huit minutes passées avec le professeur Silver, histoire de finir l'album en bougeant un peu.

Cape Verdean Blues fonctionne en tandem avec son prédécesseur. Bien qu'il soit construit avec le même moule il n'est pas un Song for my Father 2,0 car il se permet d'allonger la durée de ses morceaux, permettant du même coup aux musiciens de bénéficier d'un terrain de jeu plus propice à la technicité au feeling. C'est peut-être là que réside la principale différence entre les deux albums, le premier contenant plus de mélodies facilement mémorisables que le second qui préfère accentuer la technique, tout comme les pochettes sont différentes : un homme (son père) assis dans un décor automnal contre une femme cachée par une végétation luxuriante du plus beau vert. Il en est en tout cas son digne successeur, et l'occasion de passer un excellent moment de jazz. Et en plus, qui pourrait dire non à une collaboration entre Joe Henderson et J.J. Johnson ?

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   DERWIJES

 
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- Horace Silver (piano)
- Joe Henderson (saxophone)
- Woody Shaw (trompette)
- Roger Humphries (batterie)
- Bob Crenshaw (contrebasse)


1. The Cape Verdean Blues
2. African Queen
3. Pretty Eyes
4. Nutville
5. Bonita
6. Mo'joe



             



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