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2019 The Highwomen

The HIGHWOMEN - The Highwomen (2019)
Par BRADFLOYD le 28 Avril 2020          Consultée 1189 fois

Je dois dire, en commençant cette chronique, à quel point je suis embêté. Cela fait plusieurs jours que je tourne autour, sans savoir vraiment comment l’aborder. En raison de deux éléments : primo, ce disque de country est un disque politique. Et parce qu’il est politique, il devient polémiste et polémique. Secundo, parce que les thèmes abordés sont ancrés dans l’air du temps et que cet air, à mon humble avis, est devenu particulièrement nauséabond. Alors, il est possible que vous, lecteur, soyez outré ou en total désaccord avec moi. Et vous aurez raison. Tout comme moi. Aussi, vais-je m'attarder dans un premier temps à ce qui fait réagir et dans un second à la musique puisque, sur ce site, c’est bien de cela qu’il s’agit.

Les HIGHWOMEN sont présentées, outre-Atlantique, comme un super-groupe féminin dans le monde macho de la country, une revanche des femmes face à une industrie musicale traditionaliste qui fait tout pour les réduire à la portion congrue. Déjà, dans cette double affirmation, il y a deux erreurs majeures. D’une part, il ne s’agit absolument pas d’un super-groupe. Cette notion concerne des artistes en provenance de groupes connus et reconnus qui créent un autre groupe censé fédérer tous les amateurs des groupes desquels ils sont issus. Le premier super-groupe emblématique est ASIA, au début des années 80, même si des groupes comme les CROSBY, STILLS & NASH And YOUNG, les CREAM, BLIND FAITH, DEREK AND THE DOMINOS, U.K., dans les années 60 et 70 pourraient être catalogués ainsi. Cette notion s’est développée ces dernières années. Je cite ainsi les G.T.R., les TRAVELING WILBURYS, les M.A.R.S. dans les années 80, LIQUID TENSION EXPERIMENT, TRANSATLANTIC dans les années 90 et ADRENALINE MOB, les FLYING COLORS, THE WINERY DOGS (comme par hasard, les 5 derniers avec Mike PORTNOY), AUDIOSLAVE, CHICKENFOOT, BLACK COUNTRY COMMUNION, etc pour les années 2000 à aujourd’hui.
Dans le style Country qui nous occupe aujourd’hui, nous avons les HIGHWAYMEN, qui avaient réuni, dans les années 80, les quatre autoproclamés "Outlaws" que furent Johnny CASH, Waylon JENNINGS, Willie NELSON et Kris KRISTOFFERSON. Pour rappel, cette catégorie de country s’affranchissait du son "Chet ATKINS", jugé trop tendre, pour inclure des éléments de rock ’n’ roll dans la country et la rendre plus sombre.

Or, qu’en est-il de cette notion de super-groupe avec les HIGHWOMEN ? Déjà, connaissez-vous les quatre composantes, hors Jason Isbell, le guitariste principal et mari de l’une d’entre elles ? Nouveau collectif de compositeurs-interprètes, il contient en son sein Brandi Carlile (BRANDI CARLISLE BAND), Amanda Shires (Jason Isbell And The 400 Unit, Thrift Store Cowboys), Maren Morris et Natalie Hemby. Comme vous pouvez le constater, hormis peut-être aux U.S, la notion de super-groupe a perdu de sa valeur. Elles ne sont connues que des spécialistes, et encore, mais surtout seules deux d’entre elles sont déjà dans un autre groupe, les deux autres étant auteures de chansons, Maren Morris ayant plus de crédit que les autres.

Ensuite, ces braves dames se disent les dignes héritières des HIGHWAYMEN au point de se créer un nom sur la base d’un jeu de mots bien troussé et, pour aller encore plus loin dans l’atavisme, reprennent la chanson éponyme des "Outlaws" pour la réécrire sur une base de lutte des femmes contre les mâles qui participent à cette industrie en totalité phallocrate. Et, comme de bien entendu dans cette époque #MeToo, la presse est convoquée et reproduit, à coups de superlatifs tous plus dithyrambiques les uns que les autres, son admiration pour de véritables "rebelles" (sic) qui osent se dresser contre l'industrie du disque qui les empêche d’exister et pour un album où chaque chanson est un manifeste pour toutes les femmes, qu’elles soient hétérosexuelles ou homosexuelles ou queer ou autres formes de sexualité.

Wouah !! Hurler dans le sens du vent n’a jamais fait de vous un rebelle, que je sache. Par ailleurs, c’est oublier toutes ces grandes voix féminines de la country que sont Tammy WYNETTE, Emmylou HARRIS, Dolly PARTON, Loretta LYNN (qui avait sorti en 1975 une chanson sur la pilule) mais aussi Rebba McENTIRE, Martina McBRIDE, Shania TWAIN (rappelez-vous son "Man! I feel like a woman"), Mindy McCREADY (qui, en 1996, réclame l’égalité, déjà, des mœurs entre hommes et femmes), Faith HILL, Linda RONDSTADT, Crystal GAYLE, Olivia NEWTON-JOHN (si, si) et, pour les plus jeunes, The DIXIE CHICKS (manifestant, lors d’un concert en 2003, contre l’intervention américaine en Irak), Carrie UNDERWOOD, Miranda LAMBERT, Kelly CLARKSON, Alison KRAUSS ou Taylor SWIFT. En bref, groupe en toc avec une stratégie puant le marketing à donf au point que certains media osaient dire qu’il s’agissait du plus grand disque Country de l’année, voire de ces dix dernières années, rien que ça. Alors que quelques mois auparavant était sorti une petite bombe dans ce style si prisé des Américains, à savoir le "Interstate Gospel" des PISTOL ANNIES, le groupe de Miranda LAMBERT.

Alors, qu’en est-il de cette merveille des merveilles ? Honnêtement, pas mal mais sans plus. La réécriture de "Highwayman" est originale, même si les bons sentiments n’ont jamais assuré une bonne écriture. Surprise, dans ce titre, la voix de Yolanda QUARTEY, une chanteuse noire au timbre très proche de Tina TURNER. Les voix sont mises très en avant, avec un cinquième couplet en harmonies vocales, pour un résultat somme toute sympathique. Ensuite, l’atavisme revendiqué se retrouve jusque dans la production qui est loin de faire moderne. "Redesigning Women", en ce sens, nous donne l’impression que nos anciens se sont réincarnés en femmes pour un titre qui sent le copier-coller avec d’anciennes productions du quatuor. C’est bien foutu, la musique est agréable. Il s’agit d’ailleurs du single qui a été envoyé aux radios pour soutenir ce disque.

Les titres se suivent et se ressemblent et n’inventent rien. Ça coule naturellement. Parfois, l’impression d’être autour d’un feu de camp prédomine ("Loose Change" fait penser à du Crystal GAYLE, "Heaven Is a Honky Tonk"). D’autres titres font mous du genou ("Crowded Table", "If She Ever Leaves Me" qualifiée de "première chanson country gay" alors que cela fait des dizaines d’années que ce thème a été abordé dans ce style, "Old Soul", "My Only Child", "Cocktail and a Song" sur la fin de ses ainés, "Wheels of Laredo" qui est une reprise de la chanson de Tanya TUCKER) même si certaines mélodies sont bien troussées. Mais tout cela reste convenu. Quelquefois, un éclair et c’est l'embellie "My Name Can’t Be Mama" qui aborde la maternité et la manière dont chacune la vit… ou ne la vit pas, la belle "Don't Call Me", un rock cool avec sa guitare à la KNOPFLER, un manifeste pour tous ceux qui ont besoin d'un rappel pour ne pas décrocher le téléphone quand un ex vient appeler.

Verdict ? Ouais, bof. Un album de 2019 qui sent les années 70 sans le charme et surtout qui se prend au sérieux. Peut-être qu’aux Etats-Unis, c’est le genre de chose qui peut plaire, mais par chez nous, je doute que la sauce prenne. Ça fait vieux, même si c’est bien fait, et surtout, seules deux chansons m’ont fait lever les sourcils. Deux sur douze. C’est vraiment trop peu. Et en plus, je n’ai plus envie d’y revenir. La note reflète donc ce ressenti. Et ce n'est pas Sheryl CROW qui changera quoi que ce soit.

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   BRADFLOYD

 
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- Brandi Carlile (voix-guitare a piste 1)
- Amanda Shires (voix-violon piste 1)
- Natalie Hemby (voix)
- Maren Morris (voix)
- Yolanda Quartey (voix support pistes 1, 9, 10, 12)
- Sheryl Crow (voix support piste 1-basse piste 9 )
- Phil Hanseroth (basse)
- Chris Powell (batterie-percussions)
- Jason Isbell (guitare e)
- Tim Hanseroth (guitare e-percussions)
- Peter Levin (claviers)


1. Highwomen
2. Redesigning Women
3. Loose Change
4. Crowded Table
5. My Name Can't Be Mama
6. If She Ever Leaves Me
7. Old Soul
8. Don't Call Me
9. My Only Child
10. Heaven Is A Honky Tonk
11. Cocktail And A Song
12. Wheels Of Laredo



             



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