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2019 Wildcard
2022 Palomino

Miranda LAMBERT - Wildcard (2019)
Par BRADFLOYD le 12 Avril 2020          Consultée 1385 fois

En plus d'être une musicienne country plusieurs fois primée, Miranda LAMBERT est devenue une célébrité dans son pays depuis son premier album en 2005. Par ailleurs, reconnaissable par sa beauté, son image orne désormais les pages des magazines nationaux, notamment les pages "people", comme lors de son mariage au début de 2019 avec un officier de police de NEW-YORK. Voix qui porte, Miranda LAMBERT a ainsi vu son influence sur la musique country en général et les artistes féminines en particulier croître irrésistiblement depuis son premier enregistrement.

Après avoir divorcé en 2015 de Blake SHELTON, célèbre chanteur de country outre-Atlantique, être revenue l'année suivante avec l'ambitieux et introspectif double album "The Weight Of These Wings", avoir sorti l’album "Interstate Gospel" avec son groupe The PISTOL ANNIES en 2018, Miranda LAMBERT a fait appel aux faiseuses de hits certifiés que sont Lori MCKENNA, Liz ROSE et Hillary LINDSEY, alias les LOVE JUNKIES, pour co-écrire de nouvelles chansons et viser un public plus large que celui glané depuis ses débuts.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que cet album ratisse large avec ses mélodies destinées à la radio américaine, voire occidentale. Et ce n’est pas la pochette quelque peu putassière qui aidera à infirmer ce propos. Extraverti et énergique, "Wildcard" n'est pas tant un disque de country qu'un album pop avec une infusion de country. On pense notamment à la diversité de "Up!" de Shania TWAIN, en plus rock. Tout au long de la majeure partie de l'album, le mix reste saturé et direct, accentuant un son de batterie sec et placé devant. Cette approche peut paraître exubérante à certains moments et surprenante à d'autres.

De plus, "Wildcard" voit la fin de la collaboration de la belle avec Frank LIDDELL, le producteur en charge de chacun de ses albums depuis "Kerosene" en 2005, ce dernier remplacé par Jay JOYCE (Eric CHURCH, COHEED & CAMBRIA, Ashley MCBRYDE, Brandy CLARK et Brothers OSBORNE). Et le changement est notable dès le premier titre où, dès les premières notes de "White Trash", l’auditeur se demande raisonnablement s’il ne s’est pas trompé de disque. Les arrangements n’ont rien de country, faisant plus penser à Britney SPEARS et ses consœurs qu’à une vedette en provenance du fin fond du Texas. Titre humoristique sur la difficulté de changer de style de vie quand on change de statut ("La reine a enfin obtenu un château ") Miranda LAMBERT se moque d’elle-même avec son intention de ne pas abandonner ses façons pèquenots de mettre des œillets dans une bouteille de whisky en guise de vase ou de laisser des poils de chien sur des meubles fantaisie. Surprenant, taillé pour la radio et hautement addictif si l’on fait l’effort d’y revenir.

On reste dans cette veine pop acidulée avec "Mess With My Head", et là, les interrogations se font plus fortes. La belle a-t-elle décidé de changer complètement de style ? Si l’humour est toujours présent, la référence à Shania TWAIN n’en est que plus vive. Titre très court, "Mess With My Head" est une chanson pop-funky avec des visées de plaire au maximum d’auditeurs, notamment lors des concerts prévus dans les stades. Cependant, il faut reconnaître que c’est bien foutu.

A ce stade, on en est avec une notation ne dépassant pas 2/5. Et puis, tout bascule. "It All Comes Out in the Wash " nous entraîne dans une mélodie faite pour danser sur les plateaux de square-danse avec un orgue qui enveloppe le titre et une guitare slide pour un gimmick superbement amené. Premier single de l’album, dont la morale serait que quoi qu'il arrive dans la vie, on se redresse toujours, il passe très haut la main à la première impression et l’on se prend à espérer. Et nos espoirs ne sont pas déçus : la ligne mélodique de la basse de "Settling Down", le dobro qui tisse des volutes autour de cette voix acide dans un titre mid-tempo de toute beauté, nous emmènent entre la production brillante de la musique de Laurent VOULZY et le style du groupe TEXAS pour un titre où la belle se demande si le vrai bonheur est de se retrouver sur la route avec son âme vagabonde ou chez elle avec l’homme qu'elle aime.

Et les morceaux roots de se succéder, provoquant des ruptures de tons bienvenues : "Holy Water", blues évangélique sur la corruption religieuse et politique convoquant les muses gospel avec un dobro de toute beauté, "Way Too Pretty For Prison" où Miranda LAMBERT partage les vocaux avec Maren MORRIS, citant avec humour toutes les raisons pour lesquelles elles ne sont pas faites pour la prison, que ce soit le fait de partager un lavabo avec d’autres détenues en combinaisons orange ou de ne pas pouvoir se maquiller, s’estimant très loin d’être des Thelma et Louise* alors que leur seul désir est de se venger d’un ex-violent.

L'une des plus belles chansons de l'album, "Bluebird", explore les thèmes de la résilience et de la résignation sur un rythme oscillant et au tempo lent. Une légère atmosphère trip-hop (Si Moorcheba avait sorti ce titre, nous n’aurions pas été étonnés) évoque des après-midis solitaires en proie aux souvenirs douloureux.
"How Dare You Love" et "Fire Escape" (chansons jumelles placées l’une après l’autre sur l'album pour des raisons assez évidentes, avec une production beaucoup plus clinique que la production typée Nashville) sont des moments calmes qui nous rappellent à quel point Miranda LAMBERT est habile à universaliser ses sentiments personnels. Ainsi, "Fire Escape" est une chanson d'amour au sujet de deux personnes se rencontrant dans l'escalier de secours d’un bâtiment qui brûle autour d’eux. Quant à "Track Record", ce titre pourrait être une reprise d’un titre de SPRINGSTEEN sans que l’on soit surpris outre-mesure.

Dans "Tequila Does", qui se moque des « wannabe-cowboys » du bar qui ne sont cowboys que par l'accoutrement (« tout chapeau, pas de bétail »), Miranda LAMBERT apprécie la perspective de rentrer seule plutôt que de céder à une éventuelle déception. L'album se termine enfin avec "Dark Bars", une ballade country classique qui voit LAMBERT lutter contre ses mauvaises habitudes alors qu'elle observe des gens au cœur brisé noyer leurs chagrins dans l’alcool. De part sa structure et son côté introspectif, "Dark Bars" pourrait avoir été composée durant les sessions de "The Weight of These Wings".

Enfin, "Wildcard" atteint son point culminant (pile poil en son milieu) avec "Locomotive", un titre accrocheur à la limite du punk et du hard-rock avec un refrain déjanté, tandis qu'un harmonica imite le long sifflement d’un train arrivant en gare et que la coda instrumentale se fait funky. Miranda LAMBERT chante dans le style de Joan JETT sur un rythme effréné, en avouant sa fierté d'être une fille de la classe ouvrière du Sud des Etats-Unis.

A l’issue de cette chronique, je me surprends à constater sa longueur. C’est qu’il y a énormément de choses à dire sur cet album éclectique et, somme toute, particulièrement plaisant. A l’issue, l’impression générale est bonne, voire très bonne, alors que nous partions sur une note plutôt négative. D’où la nécessité de tout écouter si l’on veut vraiment apprécier les œuvres dans leur globalité.
"Wildcard" est presque construit comme un juke-box avec 14 titres pour moins de 50 minutes avec une liste de lecture proposant une série de singles déconnectés mais liés. Là où "The Weight of These Wings" avait été conçu comme un album de facture classique et formant un tout, "Wildcard" propose un tour complet de la nouvelle country des années 2020, trouvant son équilibre entre la fragilité de "Wings" et la nature débridée de tubes comme "Kerosene" ou "Gunpowder and Lead" (dans l’album "Crazy Ex-Girlfriend"). Plus adapté à une boîte de nuit animée qu'à un salon enfumé, "Wildcard" subit l’influence du temps passé par sa génitrice à New-York, ce qui aurait tendance à dénaturer quelque peu le terreau sur lequel il est construit.

De ce fait, les puristes de la country auront du mal à mettre plus que 2/5 tandis que ceux qui ne sont pas rétifs à ces assimilations de styles différents lui mettront au minimum 4/5, la qualité des chansons ne pouvant être déniée. A titre personnel, c’est la seconde option que je choisis.


*Thelma et Louise est un film réalisé par Ridley Scott en 1991 où les deux héroïnes s’ennuyant dans leurs vies respectives décident de s'offrir un week-end sur les routes de l’Arkansas avant que cette escapade ne tourne au tragique. Avec Geena Davis, Susan Sarandon, Harvey Keitel, Michaël Madsen et la première apparition sur grand écran de Brad Pitt.

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   BRADFLOYD

 
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- Luke Dick (electric guitar)
- Dan Dugmore (pedal steel guitar, dobro, mandolin, acoustic guit)
- Hillary Lindsey (guitar)
- Jay Joyce (guitars, organ, bongos, clavinet, drums, guitar ba)
- Rob Mcnelley (electric guitar, acoustic guitar)
- Joel King (bass)
- Fred Eltringham (drums, djembe)
- Travis Meadows (harmonica)
- Ashley Monroe, Hillary Lindsey, Miranda (backing vocals)


1. White Trash
2. Mess With My Head
3. It All Comes Out In The Wash
4. Settling Down
5. Holy Water
6. Way Too Pretty For Prison
7. Locomotive
8. Bluebird
9. How Dare You Love
10. Fire Escape
11. Pretty Bitchin'
12. Tequila Does
13. Track Record
14. Dark Bars



             



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