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1976 Jaco Pastorius
1981 Word Of Mouth
 

- Membre : Al Di Meola , Herbie Hancock
- Style + Membre : Weather Report, Biréli Lagrene , Joni Mitchell

Jaco PASTORIUS - Jaco Pastorius (1976)
Par CALYX le 12 Mai 2020          Consultée 3018 fois

Au cours de l’année 1975, Bobby Colomby, fondateur et batteur du groupe BLOOD, SWEAT AND TEARS, fait la connaissance d’une femme à laquelle il demande "êtes-vous mariée ?". Ce à quoi elle répond "oui, et mon mari est le meilleur bassiste du monde". Il se dit alors que cette femme doit manquer d’objectivité par amour, mais intrigué, demande tout de même à faire la rencontre de cet homme et le convie à venir assister à une session dans un club. Le soir venu, ce dernier se présente "Je suis Jaco PASTORIUS, le meilleur bassiste du monde". A la fin de la représentation, Bobby Colomby demande aux membres de son groupe de laisser l’ampli basse sur scène et demande à Jaco s’il a sa basse, ce à quoi il répond positivement par un hochement de tête. Tous s’assoient et l’écoutent jouer. Il disait donc vrai.

C’est ainsi qu’en Octobre 1975 Jaco PASTORIUS entre en studio pour enregistrer son premier album éponyme et démontrer que la basse peut être abordée différemment, par sa virtuosité mais aussi sa créativité. Sorti en août 1976, l’album lui apporte une reconnaissance immédiate, dépassant les frontières du jazz. Bien qu’enregistré deux mois plus tard, les auditeurs avaient pu entrevoir ses capacités avec les titres "Cannon ball" et "Barbary Coast" sur l’album "Black Market" du groupe WEATHER REPORT paru en mars 1976. Exceptées les pistes 2 et 5, toutes sont jouées sur une Jazz Bass de 1962 défrettée, achetée d’occasion pour seulement 90$ au début des années 70. L’instrument était en mauvais état, mais se voit restaurer par PASTORIUS lui-même et devient la "Bass of Doom", une basse à la sonorité bien distincte et reconnaissable qui, alliée à son jeu, offre à PASTORIUS une personnalité marquée. Il n’est pas le premier à émanciper la basse de son rôle rythmique avec des apports mélodiques, mais son touché lumineux et ses qualités de compositeur font de cet album une œuvre à part. La performance technique n’est pas qu’individuelle mais bien collective, grâce à l’apport des différents intervenants, tels le saxophoniste Wayne Shorter, le batteur Lenny White, le pianiste Herbie HANCOCK ou encore le percussionniste Don Alias, chacun ayant travaillé pour l’immense Miles DAVIS. En outre, le travail effectué au mixage par le producteur Bobby Colomby, l’ingénieur David Palmer et Pastorius lui-même est vraiment bon.

L’album s’ouvre sur une reprise d’un standard du jazz, "Donna Lee" de Miles DAVIS, crédité à Charlie PARKER dans le livret. Entièrement joué à la basse, il a fallu pas moins de sept années de travail à PASTORIUS afin de la retranscrire et obtenir le son désiré. Les congas qui l’accompagnent donnent une sonorité quelque peu latine au morceau et l’on ressent immédiatement qu’on a à faire à quelque chose de différent. "Come On, Come Over" est l’unique titre clairement en-deçà du reste de l’album. Funk aux rythmes et aux voix assez quelconques et à la ligne de basse peu inspirée. La sonorité particulière de "Continuum" a été obtenue sans aucune pédale d’effet, en interprétant deux fois le morceau, note par note, et en les assemblant. Une composition à l’atmosphère éthérée teintée de mélancolie. La ligne de basse sur "Kuru/Speak Like A Child" est dévastatrice et s’accorde parfaitement à l’envolée de Herbie HANCOCK au piano, une réussite.

Nommé d’après sa première femme, Tracy Sexton, "Portrait of Tracy" est un somptueux poème musical presque exclusivement joué avec des harmoniques naturelles. C’est l’unique morceau sur lequel la basse n’est pas accompagnée, l’instrument étant abordé de manière polyphonique. Innovant, brillant et techniquement éprouvant (en particulier ce Ré#), il est de ces titres que vous redécouvrez à chaque écoute. "Ocus Pocus" ne manque pas d’originalité avec cette intro jouée au steelpan, apportant une sonorité caribéenne bienvenue. La basse s’y joint nonchalamment avant l’arrivée du saxophone soprano tenu par Wayne Shorter. La variété des influences se poursuit avec "Okonkole Y Trompa" et sa sonorité africaine, son rythme itératif complexe et son cor d’harmonie accompagnant mélancoliquement l’ensemble. La forme de "(Used To Be A) Cha-Cha" montre le penchant le plus Jazz de l’artiste ou chaque intervenant à son espace de liberté, en particulier Hubert Laws, qui fait des merveilles avec sa flûte et son piccolo. Affectueux sans être étincelant, "Forgotten Love" est l’unique titre où la basse est humblement absente, laissant les violons, les violoncelles, les altos et le piano d’Herbie HANCOCK s’exprimer.

Bien qu’imparfait, l’album est tantôt sincère, fragile, enthousiasmant, éblouissant et attachant. Ou peut-être tout cela à la fois… Œuvre d’un virtuose aux compositions intimes et aux influences multiples. Le Jazz bien sûr, mais aussi musiques des caraïbes, Rythmes and Blues et même Reggae. Les années qui suivirent, Jaco PASTORIUS suscita la convoitise de nombreux artistes tels Joni MITCHELL, Al Di MEOLA et même Michel POLNAREFF sur le titre "Une simple mélodie". Le son Pastorius est aujourd'hui encore une source d’inspiration et d’admiration.

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   CALYX

 
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- Wayne Shorter (saxophone soprano)
- Hubert Laws (flûte, piccolo)
- Herbie Hancock (piano, fender rhodes)
- Lenny White (batterie)
- Don Alias (okonkoko iya, congas, cabasa; bongos)
- Jaco Pastorius (basse électrique)


1. 1.donna Lee
2. 2.come On, Come Over
3. 3.continuum
4. 4.kuru/speak Like A Child
5. 5.portrait Of Tracy
6. 6.opus Pocus
7. 7.okonkolé Y Trompa
8. 8.(used To Be A) Cha-cha
9. 9.forgotten Love



             



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