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1976 Jaco Pastorius
1981 Word Of Mouth
 

- Membre : Al Di Meola , Herbie Hancock
- Style + Membre : Weather Report, Biréli Lagrene , Joni Mitchell

Jaco PASTORIUS - Word Of Mouth (1981)
Par CALYX le 20 Mai 2020          Consultée 1729 fois

Word of Mouth est à l’origine le nom donné à un Big Band formé par PASTORIUS à la fin des années 70. Offrant de grandes possibilités musicales, celui-ci était composé de Herbie Hancock, Wayne Shorter, Howard Johnson, Peter Erskine, Jack DeJohnette, Tom Scott, Michael Brecker, Don Alias et Toots Thielemans. En 1980, Jaco PASTORIUS est à l’apogée de son art entre collaborations fructueuses, concerts à guichet fermé et reconnaissance de ses pairs. Il obtient un contrat avec la Warner et réunit chacun de ses membres pour enregistrer ce qui sera son second et dernier album solo. D’avantage orienté vers ses capacités de composition, où son excellence technique se voit sublimée, l’album est un chef-d’œuvre.
Malgré l’attention de la presse et l’attente du public, Word of Mouth fut un échec commercial à sa sortie. Bien que celui-ci hérite de l’enthousiasme, de la sincérité, de la prise de risque et de l’éclectisme de son prédécesseur, il s’en détache en étant plus aventureux et d’une accessibilité moindre, certains titres nécessitant plusieurs écoutes. Par ailleurs, après un procès contre Warner Bros, CBS interdit que les noms de certains musiciens soient mentionnés. Jaco annonce en toute humilité "Si ces musiciens ne peuvent être répertoriés, alors personne ne le sera." C’est ainsi que sur les 50 000 premiers exemplaires, aucun participant n'est crédité.

L’album s’ouvre sur la pièce expérimentale "Crisis". Une composition écrasante, infernale où sa ligne de basse stroboscopique dantesque nous fait abandonner toute espérance. Une œuvre difficile d’accès au potentiel monstrueux, bien que sous exploité. S’ensuit l’élégant "Three Views Of A Secret", éblouissant dans sa construction et très mélodique. Ce titre est une réinterprétation d’une des compositions de PASTORIUS sur l’album Night Passage de WEATHER REPORT paru l'année précédente. "Liberty City" bénéficie d'arrangements à l’originalité exacerbée, tandis que l’expression conjointe des différents instruments, notamment cette section de cuivres, est fabuleuse. La transcription du "Chromatic Fantasy" de J.S. BACH est impressionnante et je ne pense pas qu’une personne pensait possible de retranscrire cette œuvre monumentale à la basse, où l’auditeur est submergé par un déluge d’arpèges. Une virtuosité rarement atteinte, quel que soit l’instrument. Magistral. La reprise surprenante de "Blackbird" des BEATLES est d’une grande originalité. Le chant de McCartney est ici repris par Toots Thielemans à l’harmonica et converse avec la basse dans une ambiance western particulièrement réussie. L'exécution de "Word of Mouth est inventive et sans contrainte. La distorsion de la basse y est assez proche de ce que faisait FRANK ZAPPA à la guitare lors de certaines de ses improvisations. La batterie est ici tenue par PASTORIUS lui-même. Ce fut le premier instrument qu’il apprit lorsqu’il était enfant et ce n’est qu’après s’être cassé le poignet à l’âge de 13 ans, qui entrave son aptitude à jouer, qu’il décide de s’orienter vers d’autres instruments tels le saxophone, le piano ou encore la guitare avant d’adopter définitivement la basse. Nommé d’après ses deux premiers enfants, "John and Mary" est un titre magnifique à l’ambiance intime exprimant la joie. Les vocalisations de son premier né sont terriblement attachantes et le pont en partie centrale est beau à en pleurer avec ce solo de basse déchirant. Sans doute le plus beau témoignage de Jaco PASTORIUS.
Fabuleusement orchestré, cet album sublime comporte parmi les plus belles compositions qu’il m’ait été donné de découvrir. Je ne saurais dire si Jaco PASTORIUS est le plus grand bassiste de l’histoire. Ce qui est certain, c’est que c’est l’un des plus grands compositeurs, chacune de ses créations étant une œuvre à part dont chaque mesure est soigneusement pensée.

L’année suivant la sortie de Word of Mouth est annonciatrice du déclin mental de PASTORIUS. Prestations inégales, apparition nu sur scène et autres excentricités alimentent la presse et ternissent son image. Un trouble bipolaire lui est alors diagnostiqué et il suit sur une courte période un traitement qui, selon lui, l’empêche de jouer. Il le cesse donc et adopte des habitudes autodestructrices, entre drogues et alcools. En plein divorce, il perd la confiance des maisons de disques qui le convoitaient tant et ses collaborations s’érodent progressivement, le laissant ainsi sans emploi. En 1986, il se retrouve sans domicile fixe et c’est durant cette triste période qu’il perd sa mythique "Bass of Doom" sur un banc dans un parc. L’instrument s'avère introuvable jusqu'à ce qu’un anonyme cherche à le vendre dans un magasin de guitares new-yorkais, en 2006. Ce n’est qu’un an plus tard que le luthier de Jaco PASTORIUS, Kevin Kaufman, est contacté pour l’authentifier. Le propriétaire se montre très réticent à vendre la basse emblématique à la famille de PASTORIUS, ce qui entraîne l’affaire devant les tribunaux. C’est finalement Robert Trujillo, bassiste de METALLICA et grand admirateur de PASTORIUS, qui intervient deux années plus tard en achetant la basse et la restitue à la famille.
Le 11 septembre 1987, il est expulsé du Sunrise Musical Theatre à Sunrise en Floride, où Carlos SANTANA se produisait alors, après être monté sur scène sans y être invité. Plus tard dans la soirée, il se voit refuser l’entrée du Midnight Bottle Club par le directeur du club, Luc Havan. Après une violente altercation, il est sauvagement battu par ce dernier et conduit dans un hôpital de Fort Lauderdale où il s’accroche à la vie dix jours durant, avant de s’éteindre définitivement à l’âge de 35 ans. Ses dernières années peuvent être vues au travers du poème "Tristesse" d’Alfred de Musset : "J’ai perdu ma force et ma vie, et mes amis et ma gaieté. J’ai perdu jusqu’à la fierté qui faisait croire à mon génie".

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- Jaco Pastorius (basse électrique, contrebasse, orgue, piano, synth)
- Herbie Hancock (claviers, synthétiseurs, piano)
- Wayne Shorter, Michael Brecker, Tom Scot (saxophone)
- Toots Thielemans (harmonica)
- Chuck Findley (trompette)
- John Clark (cor français)
- Howard Johnson (tuba)
- Don Alias, Robert Thomas, Jr. (percussions)
- Peter Erskine, Jack Dejohnette (batterie)
- Paul Horn-muller (casseroles en acier)
- Othello Molineaux (poêle en acier)
- John F. Pastorius Iv (vocal sur 'john and mary')


1. Crisis
2. 3 Views Of A Secret
3. Liberty City
4. Chromatic Fantasy
5. Blackbird
6. Word Of Mouth
7. John And Mary



             



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