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1960 Guitar Groove

René THOMAS - Guitar Groove (1960)
Par DERWIJES le 15 Mai 2020          Consultée 1259 fois

Lorsque René THOMAS vint au monde en Février 1926, toutes les guitares du monde firent vibrer leurs cordes pour annoncer la venue d'un très grand guitariste. Bon d'accord, ce n'est pas tout à fait vrai, mais avouez que ça a de la gueule, non ?
D'ailleurs, on n'est même pas sûr que Février 1926 soit la bonne date, d'autres sources affirment 1925 ou 1927, mais on est sur le même créneau. Alors, ne chipotons pas et concentrons-nous sur l'essentiel : né à Liège d'une famille de la classe moyenne, le jeune René n'est pas tellement intéressé pour reprendre l'entreprise familiale de fabrication de sacs en toile en jute, activité certes essentielle à de nombreux égards, mais qui le passionne moins que l'exercice de la guitare, qu'il apprend grâce au compagnon de sa sœur, n'en déplaise à tous les fabricants de sacs en toile de jute qui pourraient me lire. Comme tous les guitaristes de l'époque, il ne jure que par Django REINHARDT et fait de son mieux pour l'imiter : il obtiendra d'ailleurs de son idole une photo dédicacée « Au futur Django belge ! ». Un sacré trésor et déjà la promesse d'un bel avenir.

Lorsque son père meurt, il est hors de-question pour René d'assumer l'héritage, et il s'en va à Paris jouer dans les clubs. C'est là qu'il se découvre une nouvelle passion pour le bop et surtout commence à se tailler un nom en multipliant les collaborations. Lorsque sa sœur et son beau-frère déménagent à Montréal au début des années 50, il les suit et passe son temps à franchir la frontière pour aller jouer chez l'Oncle Sam. Le fait qu'il ne renie pas son premier amour et continue de jouer comme Django Reinhardt lui permet de taper dans l'oeil de nombreux jazzmen américains qui se l'arrachent. Au cours de cette décennie, il joue entre autres pour Sonny ROLLINS, Herbie HANCOCK, Wayne SHORTER. Il ne revient en Europe qu'en 1960, s'installant de nouveau à Paris. Après un court passage chez Chet BAKER, il forme avec Lou BENNETT à l'orgue et Kenny CLARKE à la batterie un trio qui fait les beaux jours des clubs parisiens, alternant sans relâche la scène et le studio.
Cette période intense s'arrête en 1965 lorsqu'une sombre dépression l'oblige à se retirer de la scène musicale. Son retour se fait discret et il rejoint le nouveau trio de Lou BENNETT avec cette fois-ci Al JONES à la batterie. Professionnel jusqu'au bout, sa flamme s'éteint en 1975 après un concert à Santander en Espagne.

Malgré sa réputation dans le milieu du jazz, le nom de René THOMAS reste toujours méconnu du grand public. Tâchons de corriger cette injustice à notre modeste échelle en abordant l'un de ses meilleurs disques, « Guitar Groove », enregistré en 1960 à la fin de son séjour aux USA.
Il est accompagné à la basse de Teddy KOTICK, ancien compère d'Horace SILVER et de Bill EVANS. J.R. MONTEROSE s'occupe du saxophone. Pas le saxophoniste le plus connu, mais le gars est quand même issu de l'école des JAZZ MESSENGERS. Et à la batterie, Albert « Tootie » HEATH, que l'on retrouve habituellement chez J.J. JOHNSON. Une équipe intéressante, composée de professionnels du studio, de musiciens habitués à rester dans l'ombre, ceux qui font les fondations des morceaux sur lesquels les vedettes bâtissent leurs improvisations.

Que recèle donc ce Guitar Groove ? Sept morceaux, répartis parmi trois compositions inédites de Monterose et quatre reprises, « Milestones » de Miles DAVIS, « Ruby, My Dear » de Thelonious MONK, « How Long Has This Been Going On ? » de GERSHWIN et « Like Someone in Love » du duo BURKE/VAN HEUTEN. Des influences diverses que le groupe attaque avec enthousiasme, délivrant amplement le groove promis par le titre de l'album dès le morceau d'ouverture « Spontaneous Effect ». La star du show reste évidemment René THOMAS qui se fait plaisir avec la reprise de GERSHWIN pour y glisser une jolie improvisation et accessoirement la meilleure d'un disque qui n'en manque pourtant pas. Difficile à ce titre de dire quel morceau sort du lot. Mais je choisirai le premier, juste pour son excellente introduction qui rentre directement dans le vif du sujet. Je regrette par contre que les autres musiciens soient un peu trop en retrait. Ce n'est pourtant pas la faute du leader qui fait de son mieux pour leur laisser quelques moments pour briller, mais on les sent un peu timides comme s'ils n'osaient pas se lancer dans un solo trop long, ce qui est particulièrement vrai pour Albert Heath qui reste trop sage. C'est dommage, mais ça ne suffit pas à entamer la brillance de cet album, le meilleur de René THOMAS, en tout cas celui à recommander d'urgence pour le découvrir.

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   DERWIJES

 
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- René Thomas (guitare)
- Albert Heath (batterie)
- Teddy Kotick (contrebasse)
- J.r. Monterose (saxophone)


1. Spontaneous Effort
2. Ruby, My Dear
3. Like Someone In Love
4. Mtc
5. Milestones
6. How Long Has This Been Going On?
7. Green Street Scene



             



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