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1972 Karthago
1973 Second Step

KARTHAGO - Karthago (1972)
Par LE KINGBEE le 24 Juin 2020          Consultée 976 fois

Le guitariste chanteur Joey ALBRECHT, un ancien de RIVALS, évolue dès 1968 avec le bassiste Gerald Luciano HARTWIG (futur membre d’EMBRYO et GURU GURU) au sein du duo BLUES MACHINE, le gars n’est alors âgé que de seize ans. Conscient de son manque d’impact, ALBRECHT décide de monter une formation plus consistante et crée KARTHAGO en 1971. Il est rejoint par le batteur Wolfgang BROCK (futur membre d’UPPERSEPTION et de RATTLES), l’organiste Ingo BISHOF (ex MARVIN KEMPER & The SOUL GROUP et futur KRAAN) et le percussionniste bolivien Tommy GOLDSCHMIDT (futur KRAAN, GURU GURU, NOVALIS). Après avoir écumé les clubs de la Saxe, le groupe se produit abondamment sur tout le territoire, ce qui lui vaut un premier passage télévisé.

La télévision a toujours permis à certains groupes de se faire connaitre et pour certains d’entre eux de se faire connaitre. KARTHAGO, dont le nom nous oriente vers une ancienne cité punique de l’actuelle Tunisie, attire l’attention du label BASF, filiale du célèbre consortium chimique. Spécialisé dans la fabrication de cassettes et de bandes magnétiques, BASF entend se faire un nom dans le domaine de la production phonographique. Faute d’une ligne éditoriale cohérente et de directeurs artistiques d’envergure, le label n’insistera pas outre mesura et arrêtera les frais avant les eighties. Le label du géant teuton qui n’a pas encore attrapé EMBRYO dans ses filets n’entend pas se faire doubler par Brain ou un autre concurrent se précipite d’envoyer le quintet en studio. En octobre 71, le groupe est ainsi confié à Dieter Zimmerman, un arrangeur producteur chef d’orchestre habituellement aux manettes de Cliff Carpenter & His Orchester.

Bien rôdé sur les scènes Rock et Jazz du pays, KARTHAGO est envoyé à l’Audio Studio de Berlin, là ou viendront bientôt enregistrer Edgar FROESE, AGITATION FREE, Baden POWELL ou Jean-Luc PONTY. Le groupe n’est pas venu les mains vides, hormis le titre d’ouverture ALBRECHT a signé ou cosigné les huit autres titres.

D’entrée de jeux, le groupe nous balance une longue pépite de Prog Jazz sur laquelle les percussions de GOLDSCHMIDT apportent une coloration latine se démarquant de la plupart des productions Krautrock du moment. Si des fragrances d’Impro Jazz émanent de "String Rambler", certains passages s’avèrent aussi dansants qu’un titre MANDRILL, FUNKADELIC ou KOOL & The GANG via une rythmique bien funky. Si la guitare instaure une ambiance bluesy sans concession dès les premières mesures, "I Don’t Live Tomorrow" délivre via les congas et bongos un univers proche des Caraïbes. Un morceau phare qui va à l’essentiel et qui ne s’éternise pas. Le groupe réduit sa voilure avec "But I Know", une ballade dépassant les 5 minutes. Parsemée de délicats cris d’oiseaux instaurant un climat de quiétude à l’instar du bruit du vent ou d’une rivière, le chant et l’orgue s’autorisent quelques fulgurances bien maîtrisées qui évitent toute monotonie. L’expérience en duo de Joey ALBRECHT est clairement perceptible sur "Morning Surprise", un duel acoustique entre guitare et percussions d’obédience latine. Un titre qui apporte un éclairage différent sur le groupe et qui casse encore une fois tout prosaïsme. Cette face Ase termine sur une véritable pépite avec "I Give You Everything You Want", une pièce où viennent s’emboîter Funk, Jazz Prog sous une palette de teintes latines, un titre hyper dansant, terriblement accrocheur d’autant plus qu’il ne se prolonge pas inutilement. On pourra apprécié comme il se doit les chœurs en milieu de piste qui non contents de relancer la machine distillent une atmosphère tribale pleine de bonne humeur.

Joey ALBRECHT ne s’enferme pas dans un moule inoxydable, sa section rythmique lui permet de s’engouffrer de plein fouet dans des allures plus enlevées. "I Know What You Can Do My Babe" démarre sur les chapeaux de roues, si la gratte hendrixienne dévoile rapidité et virtuosité, les percussions viennent en contrepoint adoucir un tempo sur le fil du rasoir, échappant de ce fait à un trop plein d’agressivité. Si l’orgue laisse d’emblée planer une atmosphère oscillant entre le planant et le Psy, le chant volontaire endosse vite le premier rôle sur "Why Don’t You Stop Buggin’ Me (Wave On)", mais c’est justement le long passage sans chant au milieu du disque qui procure la meilleure impression, moment suivi d’un énorme break, procédé permettant de ramener une bonne dose de groove alors que le titre se termine sur des notes d’orgue presque célestes. Malgré son titre, "Black Fire" nous plonge dans un univers plus planant, presque cosmique pouvant par moment évoquer BRAINTICKET, alors que l’orgue nous renverrait presque vers Gary BROOKER et PROCOL HARUM, seules les percussions viennent interférer sur ce décor planant, Le disque s’achève sur une note fortement latine avec "Nos Vamos", les percussions, l’orgue, la guitare et la rythmique pourraient figurer, sans que personne ne puisse venir s’offusquer, dans Abraxas, célèbre album de SANTANA.

Ce premier jet de KARTHAGO combine plusieurs alternatives se transformant en fusion pour un mariage réussi. La formation prend soin de s’écarter des schémas planants caractérisant une partie du registre Krautrock, tout en synthétisant diverses branches du Jazz Rock, du Prog, du Latin Jazz et du Funk Rock. Mais c’est par le biais des percussions bien latines de Tommy GOLDSCHMIDT que le groupe s’écarte résolument de ses concurrents allemands de l’époque. Reste à savoir dans quel tiroir ranger ce premier disque éponyme. Les tiroirs du Prog et du Jazz Rock se battent encore pour lui ouvrir leur porte. Signalons la pochette bien dans l’esprit de ce début des seventies avec un graphique né de l’imagination de Johannes Heinz Löffler, un photographe designer auteur de pochettes pour les labels Storyville et Atco, filiale d’Atlantic. Dans un shaker à cocktail, mettez quelques gouttes de formations Krautrock genre AGITATION FREE, KRAAN, FRUMPY ou GROBSCHNITT, une pincée de SOFT MACHINE et d’IF, une rasade de BLOOD SWEAT & TEARS, quelques zestes de Chick CORREA, une pointe de WEATHER REPORT, et un soupçon de SLY & The Family STONE et de FUNKADELIC et remuez le tout ! Servi bien frais, vous aurez un breuvage d’une belle couleur et pas démodé pour un sous. Ce disque est classé dans la catégorie Jazz Rock, registre nous semblant plus cohérent que celui du Rock Prog. en partie à cause d’une forte utilisation de bongos et congas.

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   LE KINGBEE

 
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- Joey Albrecht (chant, guitare)
- Gerald Hartwig (basse, chant, choeurs)
- Ingo Bischof (orgue, chant, choeurs)
- Wolfgang Brock (batterie, choeurs)
- Tommy Goldschmidt (percussions, choeurs)


1. String Rambler
2. I Don't Live Tomorrow
3. But I Know
4. Morning Surprise
5. I Give You Everything You Want
6. I Know What You Can Do My Babe
7. Why Don't You Stop Buggin' Me (wave On)
8. Black Fire
9. Nos Vamos



             



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