Dans le cercle très fermé des cadors du soft rock, de la pop rock, bref de la pop dans sa pureté la plus totale, certains artistes parviennent à mener une carrière de premier plan plusieurs décennies durant. Tout le monde n'est certes pas Bryan ADAMS, mais quelques-uns survivent au sommet de cette hiérarchie. Le toujours très charmeur Richard MARX domine les charts depuis plus de trente ans, une performance en soi quand on sait que le compositeur chanteur n'a guère changé de style depuis lors. D'un autre coté, quand on est pop, on est pop, il n'y a pas d'évolutions : voyez le Canadien cité plus haut ! Richard a pondu cet album "sans s'en rendre compte". Une grossesse refoulée ? En tout cas, il signe toutes les compos, son fils se voit crédité à la production et l'opus est dédié à son épouse, c'est parti !

En coécrivant dans la bonne humeur "Another One Down", introduction sophistiquée à l'album, le jeune Lucas Marx fait honneur à la famille. On reconnaît dès la première écoute les tics vocaux de papa Richard, bien servi cette fois par l'imagination fertile de son fils. Ce dernier figure aussi dans les crédits de "All Along", mais la chanson s'avère moins remarquable. Si sa batterie en carton ne vous fait pas rire, camarades, c'est que vous n'êtes pas fan des années quatre-vingt ! D'ailleurs, j'aime bien "Love Affair That Last Forever", pour son rythme supra mainstream et ses effets vocaux, comme aux plus beaux jours des eighties, sans oublier un super refrain !

Single datant d'il y a quatre ans déjà, "Last Thing I Wanted" est une petite course trépidante dont le texte est du pur soft rock avec juste ce qu'il faut de guitare et d'atmosphère pour ne pas se perdre dans les dédales de la variété, autant de bonnes raisons pour le recycler ici ! On jurerait le compère canadien sur "Front Row Seat", seule la voix les distingue l'un de l'autre. C'est sympa et bien foutu, mais pas révolutionnaire ! Toujours cette science du refrain qui tache avec "Up All Night", incontestablement le boulot de production et des arrangements est aux petits oignons. Difficile de critiquer. Je conseille l'éponyme "Limitless" dont la jolie gratte acoustique et l'esprit planant nous invitent à voler, comme l'a sans doute conçu Richard.

Bien entendu, plusieurs slows sont de la partie ! Il faut bien faire se pâmer les ménagères de notre temps, les ex-fans des débuts ! Nous avons donc "Not In Love" qui convoque un grand piano romantique, et le tour est joué. Petit slow acoustique à la "More Than Words" d'EXTREME, "This One" pêche par un certain manque d'émotions. Malgré un chant irréprochable, la compo ne dépasse pas la moyenne. Dans une ambiance plus intimiste, "Let Go" déploie un rythme de belle allure, et le beau Richard place un chant efficace et toujours aussi technique. L'allure globale, superbe, présente incontestablement un travail d'orfèvre ! Enfin, "Break My Heart Tonight" n'est pas un slow, plutôt un chant d'amour mid-tempo typé eighties, mais les paroles ne trompent pas, on ne se refait pas !

On n'est plus dans les eighties Richard, va te cacher ! Cela dit, il n'y a ici que de la bonne came superbement produite, avec un savoir-faire évident et un talent certain pour les ritournelles, tout y est très écoutable et calibré. Le principal défaut réside dans le manque de pêche – en effet, l'ex-sémillant jeune premier a désormais 57 printemps et le temps passe sur lui comme sur les autres ! Je ne vois guère comment ce genre de musique pourrait plaire à la jeunesse des années 2020. La fan base sera en revanche fort satisfaite de cette livraison, qui s'en sort avec la note de trois, bien évidemment.