Il ne reste plus rien à prouver aux gars du REO après le succès planétaire de High Infidelity. Le précédent opus Good trouble ne s’est vendu que la bagatelle de 2 millions d’exemplaires. Malgré tout, il faut cravacher pour retrouver le top du top, la crème de la crème. La charge du REO continue et pour illustrer ce haut fait d’armes, il sera dit que la roue est toujours en train de tourner ! Et voyez donc ! Pour ce onzième opus, Hypgnosis a encore frappé avec une couverture qui se veut science fictionnaire pour un résultat que l’on dira incertain, mais qui ne manque pas de piquant pour l’année 84. On constate direct que 4 singles sont extraits de cet album, les grands moyens sont là pour retrouver le grand remède.

"I Do Wanna Know" débute la valse des singles de cette livraison. D'emblée, la bonne humeur fait plaisir à entendre : Gary se lâche sur une belle wah wah, et l’ensemble sonne quasiment rock’n’roll. On se prend au jeu et on met une bougie pour que le REO retrouve des compositions conformes à ses standards. On atteint la 29ème place du billboard, un résultat honnête en encourageant. Le single suivant casse la baraque et reste à jamais comme le titre symbolique du groupe. 3 semaines au sommet du billboard, ce n’est pas rien. "Can’t Fight This Feeling" est un des classiques intemporels de l’AOR. Le chant de Kevin toujours très juste y trouve un sommet. Bien sûr, le refrain se veut supra mainstream, mais la mélodie se greffe facilement dans le cortex, c’est indéniable. Ils la joueront d’ailleurs lors du Live Aid, s’il fallait une preuve supplémentaire.

Le suivant, "One Lonely Night", narre les aventures loufoques d’un chevalier solitaire en armure en cette fin de 20ème siècle avec un Kevin Cronin en magicien. On doit la belle mélodie à Neal Doughty qui ose enfin se lancer dans le grand bain des singles. Bien que grotesque, la vidéo qui atteint la 19ème place du Billboard fait son effet. L’ensemble affiche une très belle gueule. Le 4ème et dernier single est une video tournée en live, "Live Every Women" ne brille cependant pas par son originalité, mais Gary Richrath parvient malgré tout à placer un solo de belle allure, comme le plus souvent. Que dire ? C’était la mode aux USA à l’époque ! L’éponyme "Wheels Are Turnin’" démontre à quel point Kevin Cronin a désormais pris le pouvoir sur notre REO. Ce titre qui mixe pas mal d’influences et présente des aspects americana se révèle bien sympa à l’écoute. Il aurait pu aisément faire un autre single, avec un solo superbe et jazzy de Neal au piano.

On retrouve comme toujours le bassiste Bruce Hall, pas au micro mais sur une de ses compositions. Cette fois,c’est "Thru The Window", un rocksteady mâtiné de soft rock d’assez belle allure. "Rock’n’roll Star" narre les aventures d’un jeune homme qui rêve de devenir une star du rock. C’est autobiographique et amplement mérité pour le REO que cette petite chanson à leur auto-glorification ! "Gotta Feel More" est une petite course qui fleure bon le RUSH, dont je ne note pas assez les fréquentes similitudes. On remarque que Kevin chante parfois à la manière de Geddy Lee à la même époque. Ou est-ce le contraire,damned ? Après tout, les deux groupes sont voisins géographiquement. Enfin, "Break His Spell" est le seule contribution solo de Gary Richrath, pas désagréable mais forcément dispensable.

Il s’agit probablement de l’album le plus recommandable du REO en cette décennie des années huitantes. Je le trouve bien plus équilibré que ses prédécesseurs. Il dispose de son classique indémodable, "Can’t Fight This Feeling", et de plusieurs autres titres de qualité. L’album s’écoule à plus de 4 millions d’exemplaires de par le monde et reste un point d’ancrage important de la musique de la décennie. Je suis sur un 3,5 mais je pose le 4 de par son importance historique.