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1966 96 Tears

QUESTION MARK & THE MYSTERIANS - 96 Tears (1966)
Par LE KINGBEE le 29 Juin 2020          Consultée 1631 fois

Cette formation de Corpus Christi, ville natale des actrices Farrah Fawcett et Eva Longeria, demeure assez singulière à plusieurs titres : il s’agit d’une part de la première formation latino rock ayant rencontré du succès sur les terres américaines, d'autre part le combo s’est aussi distingué en étant le seul groupe de Garage à placer un single sur la première marche du Billboard, et autant le préciser le dernier.

On retrouve parfois ce groupe sous l’intitulé ? and The MYSTERIANS. En 1962, les guitaristes Bobby BALDERAMMA et Larry BORJAS fondent un trio de Surf Garage avec le batteur Robert MARTINEZ. Le trio se produit localement avant de s’agrandir avec les arrivées du bassiste Fernando AGUILAR, de l’organiste Frank RODRIGUEZ et du chanteur Rudy MARTINEZ qui prend en main les rennes de la formation.
A l’instigation de leur chanteur, le groupe quitte ses pénates pour s’installer à Bay City dans le Michigan. MARTINEZ connaît bien la région pour avoir été élevé à deux pas de là, à Saginaw, au bord du lac Huron, le gars étant persuadé que c’est là que le groupe peut gravir les échelons. Le groupe qui se produit alors dans le circuit des Universités sert d’happening aux nombreux groupes de Rock qui viennent jouer dans les salles du Michigan.
En 1965, si le nom de scène du groupe suscite des interrogations légitimes, les gens se demandant qui est ce point d’interrogation ornant les affiches de concerts, il attire l’attention de Lillian et de Joe Gonzales, un couple d’épiciers passionnés de musique qui vient de monter le label Pa-Go-Go. Joe « Pago » Gonzales vient de publier Danny & The Tejanos et Sir David & His Knights, deux groupes locaux comme il en regorge à cette époque. QUESTION MARK & The MYSTERIANS enregistrent leurs deux premiers titres pour le couple d’épiciers avec « 96 Tears », couplé à« Midnight Hour », deux compositions du groupe.
Le 45-tours pressé au départ à 750 exemplaires passe sur les radios locales et c’est « 96 Tears » avec sa mélodie accrocheuse et simple, un gimmick à l’orgue reconnaissable entre mille et une rythmiques omniprésentes, qui décroche la timbale. Nouvellement installé aux commandes du label de Philadelphie Cameo Parkway, une firme en perdition depuis qu’elle a perdu l’appui de l’émission télé American Bandstand, et ses plus gros vendeurs (Dee Dee SHARP, Chubby CHECKER, Bobby RYDELL), Neil Bogart flaire le bon coup et parvient à racheter le disque aux deux épiciers, alors que Roulette le label du peu recommandable Morris Levy était à l’affût.

Devant l’inattendu carton rencontré par « 96 Tears », Neil Bogart, futur patron de Casablanca Records, décide d’envoyer le quintet en studio afin d’enregistrer un premier album. C’est bien connu, il faut forger le fer quand il est chaud et « 96 Tears » est chaud patate, non content d’être Number One aux States et chez les voisins canadiens, le titre s’est classé dans toute l’Europe à d’honorables places ; chez nous, il grimpe à la 7ème place du hit-parade.

Expédié à Philadelphie, le groupe doit faire face aux départs de Larry BORJAS et de Robert MARTINEZ, partis endosser le treillis de petit soldat pour l’Oncle Sam. Les deux musiciens sont remplacés par le batteur Eddie SERRATO et le bassiste Frank LUGO. Bogard décide de garder les deux titres du single tels quels. Si Rudy MARTINEZ reste le principal pourvoyeur en matière d’écriture, neuf des dix nouveaux titres sont accrédités aux MYSTERIANS.

Bogart laisse libre cours aux Mysterians de Rudy MARTINEZ, le groupe ayant eu le temps de bien se rôder lors des festivals et sur les scènes du territoire. Il n’a pas donc plus besoin qu’on lui tienne la bride. Bogart fait appel à Joe Stein pour la prise de son. Si le bonhomme n’a pas une longue expérience chez Cameo, il a assez de feeling pour bien capter l’essence-même du son Question Mark. Il a aussi assez de jugeote pour sympathiser avec les différents membres. Bogart n’intervient en fait véritablement que dans l'agencement des différentes plages, le producteur tient absolument à faire figurer « I Need Somebody » en ouverture. Flair ou intuition, toujours est-il que cela reste le seul titre à se classer en single (22ème).

C’est bien évidemment « 96 Tears » qui donne son nom à l’album. Excellent chanteur à l’allure charismatique, Rudy MARTINEZ, s’il ne se sépare jamais de ses lunettes noires, est capable de nuancer son timbre de voix. Le chanteur peut se faire tendre comme en atteste « Stormy Monday », l’unique reprise du groupe. Le standard de T. Bone WALKER passé à la moulinette prend ici l'allure d'une ballade bluesy aux confins du Jazz. Mais, malgré des changements de rythmes et de cadences, tant au niveau du chant que de l’orchestration, on retrouve une trame identique tout au long de l’album. Ce premier disque reste marqué par la présence du Vox Continental, l’orgue de Frank RODRIGUEZ. Hormis « Set Aside » une petite douceur pouvant évoquer Mose ALLISON, à mi-chemin du Blues et du Jazz, et dans laquelle la guitare endosse le premier rôle sous un nappage de piano, les titres proposent une habile orientation musicale oscillant entre le Garage du Michigan, registre pratiqué par de nombreux petits groupes locaux souvent éphémères, et une coloration plus Tex-Mex pouvant évoquer SIR DOUGLAS QUINTET ou SAM The SHAM.
Les amateurs de guitare devraient se réfugier derrière « Ten O’Clock », seul titre avec « Set Aside » où la guitare prend le pas sur l’orgue. Mais si QUESTION MARK se démarque autant de ses nombreux concurrents du moment, en dehors de racines proches du Golf du Mexique, c’est par l’utilisation du Vox Continental en lieu et place du petit Farfisa.
Terminons ces modestes lignes avec « 96 Tears », le plus gros carton des MYSTERIANS. Si le morceau a été revisité dans des versions Soul assez discutables (Big MAYBELLE, Thelma HOUSTON, Aretha FRANKLIN), il a aussi été repris à la sauce New Wave, Punk et Rock par une kyrielle de groupes et autant dire que pas mal d’entre eux s'y sont cassé les dents. Seuls The STRANGLERS et The MUSIC MACHINE échappent au naufrage, alors que les TEXAS TORNADOS en livrent une version Live avec accordéon tout simplement démentielle. De nombreux auditeurs devraient retenir ce superbe one hit wonder intemporel : « Too many teardrops - For one heart to be crying --Too many teardrops - For one heart to carry on … ».

Si le nom des MYSTERIANS provient d’un obscur film japonais réalisé par Ishiro Honda en 1957 dans lequel des extra-terrestres rêvaient de conquérir la terre, QUESTION MARK & The MYSTERIANS à l’instar de ces vilains extra-terrestres, voit son rêve de gloire exploser en plein vol. Les trois singles suivants ne connaissent aucun succès, il en va de même du second disque. L'intemporel « 96 Tears » demeure donc le seul titre de gloire du groupe. En 1971, la revue Creem qualifiait QUESTION MARK de groupe Punk Rock, inaugurant le terme bien avant l’arrivée du genre dans les bacs des disquaires.

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- Rudy Martinez (chant)
- Bobby Balderrama (guitare)
- Larry Borjas (guitare 11-12)
- Frank Lugo (basse 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10)
- Fernando Aguilar (basse 11-12)
- Frank Rodriguez (orgue)
- Eddie Serrato (batterie 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10)
- Robert Martinez (batterie 11-12)


1. I Need Somebody
2. Stormy Monday
3. You're Telling Me Lies
4. Ten O'clock
5. Set Aside
6. Up Side
7. 8 Teen
8. Don't Tease Me
9. 9don't Break This Heart Of Mine
10. Why Me
11. Midnight Hour
12. 96 Tears



             



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