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POST PUNK PROTO SLUDGE  |  COMPILATION

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COMPILATIONS

1995 Sex Bomb Baby

FLIPPER - Sex Bomb Baby (1995)
Par NOSFERATU le 1er Juillet 2020          Consultée 919 fois

Issu de San Francisco à la fin des remuantes seventies, dans le sillage de CHROME et des RESIDENTS, FlIPPER était une autre bizarrerie du coin, suivant les expérimentations locales inaugurées par le psychédélisme des sixties. Des types mal famés tombent d’abord dans le punk rock californien inauguré par les GERMS et forment différents gangs d’épinglés à nourrice ayant pour patronymes de guerre, SST (qui sera plus tard le nom du célèbre label protogrunge), SLEEPERS et NEGATIVE TREND. Tous jouent au flipper (hum ), s’adonnent à toutes les drogues de l’univers et s’enfoncent dans un ennui qui ferait passer celui des STOOGES pour celui d’ABBA… Ils se rassemblent ensuite au sein de ce combo hors normes qui influencera une bonne partie des fous furieux underground du noise rock pointant bientôt leur nez…

Les membres de ce gang outrancier étaient tous ravagés par la dope. D'ailleurs, leur chanteur Will Shatter mourra suite à une overdose carabinée, par la suite deux autres de ses comparses connaîtront le même sort.Moby, bien avant qu’il ne fasse de la techno avec le succès que l’on sait, officiera seulement deux jours durant l’année 1982 en tant que chanteur , fuyant juste après ces individus cramés jusqu'à la moelle …
Le groupe était plutôt provocateur sur scène. Le public aussi malade que le groupe le suivait assidûment comme une véritable société secrète, et montait souvent sur scène. On appellera çà du "théatre de la cruauté" façon punk… Ainsi des gus s’amusaient à désaccorder les musiciens durant leur show sauvage, ce qui entraînait un bordel sans nom.

Comme leurs lointains cousins "rosbifs" CRASS (à qui on pourrait aussi les comparer, l’idéologie en moins), ils utilisaient les méthodes d'"agit prop" pour se faire connaître. Le groupe est ainsi connu pour son fameux logo, une sorte de poisson mort ou de dauphin("Flipper" le dauphin !). Logo que les fans, dans une logique ésotérique, ont propagé partout : sur le mur de Berlin, la grande muraille de Chine, dans les toilettes du vatican, sur la planète Mars, sur le poster d’Ava Gardner dans la chambre d'Erwin. Au départ, leur discographie était surtout constituée d’enregistrements sur des cassettes au son aléatoire, témoignant de cette sauvagerie live. Le combo fit la première partie de PUBLIC IMAGED LIMITED en 79, la cruciale association post punk dub de John Lydon qui leur piquera l’idée de la pochette de leur premier forfait sonique. Pas mal d'EP déviants suivent, puis leurs disques studios, Generic Flipper en 82 et Gone Fishin’ en 85 qui en traumatiseront plus d’un.

Cette compilation sort d’abord déjà initialement en 82, puis en 88 après leur split apocalyptique et surtout le décès de Will Shatter rassemblant les principaux brûlots sortis sur leur label Subterrean, depuis leurs débuts décousus en 79. Dans le détail, il y a des singles, des extraits de concerts destroy. D'autres titres seront rajoutés dans une édition de 95, que j’avais acheté à Aix à cette époque chez un fournisseur plutôt typé black métal. Du punk, ces ravagés en retiennent surtout l’énergie et l’impertinence. Le but est d’être encore plus mauvais que Sid VICIOUS. Ils suscitent tellement de sarcasme, même de la part des punks de 77 , qu’ils arrivent à se faire une renommée. Alors que tous les groupes appuient sur la pédale d’accélération, pour créer le hardcore, eux ralentissent le tout. Leurs compositions sont lentes, plutôt heavy, d'où leurs ombrageuse portée sur la génération grunge. Un Kurt Cobain arborait fièrement leur tee-shirt sans parler des MELVINS qui anéantiront leurs "chansons" déjà bien tordues.

Le titre qui m’a le plus interpellé est cet affolant "Ha Ha Ha" repris plus tard par les fracassés d’UNSANE. Le nec plus ultra de la punkitude, toutes périodes confondues, donc du rock tout court… Quelque chose de pas bien identifié alors, avec un refrain à la fois sarcastique et sordide à la fois. Un must absolu. Tout simplement le meilleur titre DE TOUS LES TEMPS… On y entends une basse lourde, une guitare ultrastridente, des vocaux qui feraient passer Johnny Rotten de New York(meilleur titre des PISTOLS soit dit en passant) pour Leonard COHEN, et un refrain hallucinant marqué par une reverb désopilante. Autre pièce à mettre au dessus du panier, ce "Sex Bomb" avec ses débuts orageux à la BLACK SABBATH qui tourne rapidement en PERE UBU en roue libre croisant des MINUTEMEN complètement à la ramasse.

L’énergie du hardcore est détournée. "The Game’s Got a Price" est un pastiche de ce genre, pas loin des délires des BUTTHOLE SURFERS. La bande y est accélérée et les vocaux trafiqués. Le hardcore de "Brainwash" est enregistré dans un studio pendant qu’un autre musicien parle quasiment dans une autre pièce, ce qui entraîne un effet bizarre… Un coté heavy primaire transparaît dans leur musique comme peut l’illustrer le lancinant "Love Canal", avec une basse menaçante bien mise en avant, une guitare lourde et crade à la fois. En témoigne aussi ce heavy "Sacrifice", morceau live, évidemment repris par les MELVINS qui leur ont pompé des tics, véritable croisement entre le post punk, le rock psychédélique et une ambiance sludge avant la lettre. "Earthworm", pesant et répétitif, n’est pas loin des travaux noisy d’un futur HAMMERHEAD.

Ce sont les titres live qui nous impressionnent le plus, démontrant l’ambiance chaotique des concerts. Sur "Falling", les vocaux sont incroyablement désespérés et les musiciens semblent construire le morceau en direct tout en (dés)accordant leurs guitares. Le son de "Ever" est particulièrement rugueux. On appellera ce style d’exercice du "slowcore". Les spoken word cités se transforment en hurlements, à faire passer les suiveurs de LAUGHNING HYENAS pour du SUPERTRAMP. "Lowrider", introduit par un "one two three four" ultra lymphatique est une réponse déglinguée californienne à la no wave new yorkaise d’un MARS. "End of the Game" hyper boueux, donne dans le proto sludge, pas loin des futures "sludgeries" angoissantes des sanguinaires UPSIDEDOWN CROSS (tous puceaux, paraîtrait-il, qui feront encore pire dans ce registre bordélique).

Leur musique, trop bizarre pour les fans de hardcore pur et dur qui ne comprenaient pas toujours leur coté malsain, se situe donc entre un garage stoogien et de longues compositions souffrantes. Une sorte de post punk souffreteux teinté de violence hardcore. Plus proches de l’atmosphère branque de formations contemporaines comme BIRTHDAY PARTY ou U-MEN, voire du style "no wave bruitiste" new yorkais, le coté arty en moins. A la fois bordélique, noisy, hypnotique, sinistre, assez proche aussi des WIPERS mais en plus noir. Dans votre discothèque, vous pouvez ranger cette compil, si voulez encore d’autres références, à coté d’œuvres d agités du bocal comme les californiens contemporains de SAVAGE REPUBLIC (avant leur période post-rock) dans le trip hardcore d’avant–garde.

De même, il est à noter, que la formation s’est reformée avec un autre personnel, dont un certain Krist Novoselic (l’ancien bassiste de NIRVANA étant bien sur un vieux fan ), et s’est attaquée à des standards du métal comme "Enter Sandman" de METALLICA qu’elle a royalement transfigurés.
En attendant, mettez à fond cet incroyable Ha Ha Ha !

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- Ted Falconi
- Steve Depace
- Rachel Thoele
- David Yow


1. Sex Bomb
2. Love Canal
3. Ha Ha Ha
4. Sacrifice
5. Falling » (live)
6. Ever » (live)
7. Get Away
8. Earthworm
9. The Game’s Got A Price
10. The Old Lady Who Swallowed A Fly
11. Brainwash
12. Lowrider » (live)
13. End Of The Game » (live)



             



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