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1973 Share My Love

Gloria JONES - Share My Love (1973)
Par LE KINGBEE le 12 Juillet 2020          Consultée 895 fois

Dans la catégorie des chanteuses poissardes, Gloria JONES pourrait briguer une ceinture mondiale, sans qu’on y trouve grand chose à redire. Si son nom ne vous dit rien, certains de ses titres sont devenus de véritables intemporels, parfois par de curieux concours de circonstances.

Originaire de Cincinnati où elle voit le jour en 1945, Gloria Richetta JONES débute le chant à sept ans en Californie où sa famille s’est établie. Parallèlement aux cours de chant donnés par sa paroisse, la gamine se met au piano. A 14 ans, elle enregistre au sein des Cogics, une troupe Gospel comprenant Sondra Williams, l’organiste Billy PRESTON (futur accompagnateur des BEATLES), Andraé Crouch et sa sœur jumelle Sandra, Frankie Kahrl (futur membre des Chevrons puis des Dreams) et Edna Wright (future leader du trio vocal The Honey Cone). Une jeune et belle brochette qui enregistre en 1964 « It’s A Blessing », un disque de Gospel pour Exodus, modeste filiale du label de Chicago Vee-Jay Records.

Gloria Richetta quitte alors la voie du Seigneur pour tenter sa chance dans la musique séculière. Repérée par Ed Cobb (ex membre des Four Preps et auteur du titre Dirty Water), elle enregistre pour le label Champion « Tainted Love », titre qui ne connaît aucun succès. Il faut attendre 1981 pour que la chanson cartonne dans les hit-parades mondiaux par l’entremise des Anglais de SOFT CELL. L’année suivante est plus bénéfique avec « Heartbeat » publié en single par Uptown, filiale de Capitol. Gloria se tourne résolument vers la Pop, le théâtre et le cinéma. Elle obtient un rôle dans « Hair », met en boîte une série de singles se comptant sur les doigts d’une main, jusqu’à ce que la Motown de Berry Gordy s’intéresse à elle pour ses talents d’écriture. Sous le nom de LaVerne Ware, elle compose abondamment pour les Four Tops, Diana ROSS, Marvin GAYE et Gladys KNIGHT & The PIPS.
En 1972, elle retrouve à Londres Marc BOLAN qu’elle avait connu à une audition de « Hair ». En 1973, la chanteuse gagne quelques galons au sein de la Motown, enregistrant au passage un single et le présent album.
Les deux artistes sympathisent, Gloria intègre alors T REX, le groupe de Bolan, puis la formation Gonzales. Trois ans plus tard, ils deviennent les heureux géniteurs de Rolan Bolan. Le bonheur s'avère de courte durée. En 1977, alors qu’elle revient d’un dîner, Gloria se scratche en voiture contre un arbre, Marc Bolan est tué sur le coup. Retournée en Californie, Gloria enregistre plusieurs disques, de nombreuses versions de « Tainted Love » et en 1984, elle retrouve trois de ses anciens partenaires des Cogic pour enregistrer un nouvel opus. Gloria se contente désormais de superviser des génériques pour l’industrie cinématographique. En 2010, avec son fils elle a créé une fondation de musique pour les enfants de Sierra Leone.

En 1973, Motown Records décide qu’il est peut-être temps de sortir Gloria JONES de son placard. La chanteuse écrit bien et dispose d’une vocal expressif forgé à l’école du Gospel. On ne sait jamais. Excellente auteure, elle écrit les neuf chansons du disque.
L’époque est en pleine évolution. Si LYNYRD SKYNYRD sort son premier disque, PINK FLOYD avec « Dark Side Of The Moon », Alice COOPER avec « Billion Dollar Babies » marquent le début d’une époque, le monde de la Soul connaît lui aussi de drôles de changements. Dans les bacs des disquaires, apparaît « Catch A Fire », un album d’un certain Bob MARLEY, la Soul voit défiler de nouvelles tendances. Stevie WONDER propose de nouvelles visions du monde avec « Innervisions », les ISLEY BROTHERS émergent avec « 3+3 », Barry WHITE se fait un nom à coup de romantisme, tandis que Black Nasty diffuse un Funk incandescent. Le producteur italien Giorgio MORODER fait la connaissance de Donna SUMMER à Munich, une rencontre qui changer la donne avec l’apparition du Disco. Dès septembre, un article du magazine Rolling Stone entérine la naissance du mouvement.
Motown surveille activement ses arrières; à mesure que son encadrement "blanchit" de plus en plus, le label doit faire face au départ de ses vedettes. Les FOUR TOPS seront les premiers à partir et pour que le navire ne prenne pas l’eau, Berry Gordy est dans l’obligation de faire d’énormes revalorisations salariales. Il doit aussi trouver les vedettes du lendemain. Si les COMODORES sont la première bonne trouvaille, la MOTOWN se doit de trouver d’autres artistes et Gloria JONES pourrait être l’occasion qui fait le larron.
Manque de pot, si la chanteuse apporte neuf originaux d’excellente facture, si elle diffuse un chant fort honorable, elle se retrouve dans de mauvaises mains. Le label a placé la chanteuse sous la houlette de Paul Riser, un ancien tromboniste devenu par la force des choses un arrangeur au profil théâtral qui a souvent tendance à en rajouter plus que nécessaire. On le retrouve sur des productions lourdes des SUPREMES, de Diana ROSS, de Marvin GAYE, Kiki DEE ou Valerie Simpson. Pour couronner le tout, Gloria doit s’accommoder du producteur Tom Thacker, un fan de Country Pop qui vient d’être éjecté du label Bell pour manque de résultat. Thacker qui vient de collaborer sans réussite avec Gayle McCormick, ancienne chanteuse des Smith, a les dents longues : United lui fait miroiter un projet avec Tina TURNER et notre gars s’y voit déjà, des étoiles plein les yeux. « Share My Love » ne constitue pour lui qu’une sorte de bouche-trou alimentaire. Le gars prouvera par la suite qu’il n’entend pas grand-chose à la Soul, son pré carré s’ancrant dans une Country Pop de bas étage comme l’Amérique en produisait à la pelle à cette époque.

Si les premières notes nous entraînent dans un tourbillon de cordes, de violons et de flûtes, on ne peut penser qu’à la bande son de Shaft célébré par Isaac HAYES et Richard Roundtree pour la partie hollywoodienne. La voix superbement lascive intervient au bout de 140 secondes et s’impose d’elle-même sur ce fourbi de violonades et de chœurs. "Share My Love" s’avère une excellente mise en bouche qui monte crescendo. L’entraînant "Why Can't You Be Mine" lorgne vers le répertoire d’Ann PEEBLES, si ce n’est que l’orchestration et les arrangements sont en souffrance par rapport aux productions du label Hi de Willie Mitchell. Toute la différence entre la Motown et les labels de Memphis comme Stax ou Hi apparait ici comme un nez au milieu d’un visage. Titre le plus long du disque "Try Love" s’inscrit comme l’une des nombreuses chansons au tempo lent et gorgé de violonades intempestives comme Diana ROSS en aura pondu par wagon. "Tin Can People" se montre plus explosif, le chant volontaire prend de l’envergure et pour une fois le son Motown se retrouve dilué à travers un maëlstrom de Funk et de Soul Psy à la périphérie de RUFUS & CHAKA KHAN.

La face B s’ouvre sur "Oh Baby"⸋, un prototype Disco surfant sur des guitares latines, des choristes lascives et des bordées de cuivres, une piste annonciatrice de SANTA ESMERALDA, groupe Disco préfabriqué de toute pièce par deux producteurs français. Le climat se fait plus intimiste avec "Old Love, New Love", un bon morceau de Soul qu’on croirait sorti tout droit de la plume de Carole KING. Quel dommage que des hordes de congas, de flûte et de cordes viennent polluer le morceau ! En 1973, Shaft était toujours présent dans les esprits, le personnage marquant d’une pierre blanche la blaxploitation mais aussi le paysage sonore de cette première partie des seventies. "So Tired (Of The Way You're Treating Our Love Baby)" diffuse quelques fragrances du phénomène Shaft, seule différence et non des moindre, les arrangements de Paul Riser s’avèrent souvent ampoulés tandis que l’orchestration se révèle hélas pleine de surcharges intempestives. "Baby Don'tcha Know (I'm Bleeding For You)" pourrait servir de pont entre Diana ROSS et Patti LaBelle sur un tempo bien vitaminé. Le disque s’achève sur ce qui aurait pu être une pépite de Deep Soul si elle avait été enregistrée dans les studios FAME ou chez Hi Records.

Des arrangements excessifs, comme souvent dans les productions Motown, une orchestration beaucoup trop riche, un répertoire un brin capricieux empêchent se disque d’accéder à une note plus honorable, malgré la qualité du chant, des paroles et des mélodies. Gloria Jones aurait mérité un soutien plus délicat et moins tape à l’œil.
Note réelle un petit 3.
Le disque a été réédité en 2009 sous format CD avec un titre bonus.

⃰ Titre homonyme à celui de Jackie Wilson.
⸋ Titre homonyme à ceux de Little Walter et Johnny« "Guitar" Watson

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- Gloria Jones (chant)
- Charles Grimes (guitare 3-4-5-6-8)
- David Walker (guitare 1-2-7-9)
- Stan Seymour (guitare 1-2-7-9)
- Neil Levang (mandoline 5)
- Roderick Chandler (basse 1-2-7-9)
- Willie Weeks (basse 3-4-5-6-8)
- Dale Loyola (batterie 1-2-7-9)
- Earl Palmer (batterie 6-8)
- John Rainer (batterie 4-5)
- Bobbye Hall Porter (congas 1-2-7-9, percussions 1-2-7-9)
- Sam Clayton (congas 3-4-5-6-9)
- Joe Clayton (congas 3-4-5-6, percussions 1-2-7-9)
- Jai Winding (claviers)
- Andre Moore (claviers 3-4-5-6-8)
- Bill Cuomo (claviers 4)
- Hubie Heard (orgue 1-2-7-9)
- Ray Pizzi (saxophone 3-4-5-6-8)
- Don Menza (saxophone 3-4-5-6-9, flûte 3-4-5-6-8)
- Greg Abate (saxophone 1-2-7-9)
- Ernie Field (saxophone 1)
- Charlie Loper (trombone 3-4-5-6-9)
- David Stout (trombone 7-9)
- Chuck Findley (trompette 3-4-5-6-9)
- Paul Hubinon (trompette 3-4-5-6-9)
- Mike Crawford (trompette 1-2-7-9)
- Laura Creamer (chœurs 3-4-5-6-8)
- Jessie Smith (chœurs 3-4-5-6-8)
- Marsha Smith (chœurs 3-4-5-6-8)
- Gwen Edwards (chœurs 3-4-5-6-8)
- Oma Drake (chœurs 1-2-7-9)
- Stephanie Spruill (chœurs 1-2-7-9)
- Marsha Temmer (chœurs 1-2-7-9)


1. Share My Love
2. Why Can't You Be Mine
3. Try Love
4. Tin Can People
5. Oh Baby
6. Old Love, New Love
7. So Tired (of The Way You're Treating Our Love Baby
8. Baby Don'tcha Know (i'm Bleeding For You)
9. What Did I Do To Lose You



             



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