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2019 Sweet Thing

BONITA & THE BLUES SHACKS - Sweet Thing (2019)
Par LE KINGBEE le 17 Juillet 2020          Consultée 717 fois

La formation allemande a toujours le vent en poupe. Fondé à la fin des années 80 sous le nom de BB & The BLUES SHACKS, le groupe des frères Arlt s’est forgé une solide réputation aux quatre coins de la planète. Sur scène ou en studio, le quintet fait preuve d’une étonnante authenticité, à l’instar d’AWEK, MERCY, des FLYIN’ SAUCERS GUMBO SPECIAL ou de Roy THOMPSON, les fleurons du Blues hexagonal, le groupe allemand n'a pas grand-chose à envier aux armadas américaines dont les boites de productions ne cessent de vanter les mérites à grands coups de slogans publicitaires bien souvent outranciers.

Il s’agit de la seconde collaboration entre les BLUES SHACKS et la chanteuse Bonita Niessen après l’éponyme Bonita & The Blues Shacks édité en 2015 par le label Crosscut Records, disparu depuis de la circulation. Originaire du Cap, Bonita Jeanetta Louw est arrivée en Allemagne au milieu des nineties comme jeune fille au pair. Si elle pratiquait la guitare tout en composant dans son pays d’origine, sa passion pour le Gospel et le Jazz la conduise à collaborer avec le trompettiste Till Brönner ; Bonita va enchaîner dans divers concours télés, tenter sa chance à l’Eurovision, jouer dans la comédie musicale The Ten Commandments version germanique. Mariée au guitariste Philip Niessen, Bonita s’est produite aux côtés de Bootsy COLLINS, Michael Bublé et KOOL & The GANG.

Si le précédent disque était passé inaperçu, le label Crosscut étant passé à la trappe, Sweet Thing devrait connaitre une plus grande notoriété. Il s’agit du troisième disque des BLUES SHACKS édité par la firme hambourgeoise Rhythm Bomb spécialisée dans le Rockabilly et le Blues. Enregistré en Basse Saxe en octobre 2018 aux Hörweck Tonstudios, le studio d’enregistrement d’Andree Klose, Sweet Thing bénéficie d’une excellente prise de son, le groupe et l’ingé-son se connaissent bien, il s’agit de leur troisième collaboration.

Si la pochette laisse sceptique quant au sérieux du contenu, la robe rose style Barbie sixties, les mules en bois et pour couronner le tout une sucette accentuant l’aspect fantaisiste sont autant d’éléments incitant à la prudence, le combo met les choses au point dès le premier morceau. "He Made A Woman Out Of Me", une tuerie Soul issue d’un single Silver Fox que Bettye LaVette fit monter à la fin des sixties sur la 25ème marche du Billboard, a connu quelques reprises relativement fades. Les chanteuses Bobbie Gentry, Jeannie C Riley ou dernièrement la blonde Julie Roberts tenteront bien de restituer toute la force de la chanson, mais ces différentes tentatives retombent invariablement à plat, tel une calzone qui ne veut pas monter. Rickie Koole avait essayé de remédier au problème en boostant le titre dans une version Southern Rock, mais elle perdait toute l’essence du morceau. Le groupe de Funk Rock Lettuce en fera une version en droite ligne avec COLD BLOOD, pas mal vu mais on lui préfèrera celle de Ry COODER chantée par Amy Madigan figurant au générique du film Crossroad de Walter Hill. Toujours est-il que si reprendre une interprétation de Madame LaVette s’avère souvent comme un exercice périlleux, Bonita s’en sort haut la main en délivrant tout simplement la meilleure reprise du morceau jamais enregistrée jusqu’alors. Reste à savoir si mettre la barre aussi haut dès le départ est une bonne chose ? On peut penser que cette tuerie aurait mérité d’être placée en milieu de disque.

Les Blues Shacks nous offrent trois originaux s’emboîtant parfaitement dans l’ensemble. "Momma’s Goin’ Dancin’" offre une belle partie de guitare fifties sur une orientation West Coast agrémentée d’un bon passage d’harmonica évoquant Rick ESTRIN ou Mark Hummel. Le ton badin de la chanteuse ne laisse pas de place au doute, après s’être occupée des tâches ménagères et de sa marmaille, elle veut profiter d’un moment à elle pour aller danser. Titre d’ouverture de la face B, "Hottest Wings In Town" pourrait s’inscrire entre les NIGHTCATS de Little Charlie et T. Bone WALKER. Bonita affirme à qui veut l’entendre que les meilleures ailes de poulets, du moins les plus chaudes, proviennent de sa marmite. Reste à savoir ce qu’elle entend par là ? Avec son intro de batterie et de piano, "Southern Girl, Northern Boy" propose une belle invitation au voyage entre la Nouvelle Orleans et la Californie.

La formation se montre comme un poisson dans l’eau dans différents domaines allant du Jump au Chicago Blues en passant par le Texas Blues, le Delta, le Swamp et le R & B fifties. Un atout non négligeable sur scène mais aussi en studio, cet éclectisme sincère débouchant bien souvent sur une fraîcheur revigorante, un excellent remède à la monotonie.
C’est ainsi qu’on retrouve de judicieux R & B triés sur le volet : "Where The Money Honey" un R & B New Orleans de la chanteuse Chubby Newsome transformé ici en un Jump dynamique interprété à l’ancienne. Si "Too Much Mystery", une compo de Bettye Crutcher popularisée par Otis Clay, était tombée depuis des lustres dans la besace des allemands, le vocal de Bonita apporte un plus incontestable. "Me And The One That I Love" jadis interprété par Dinah Washington diffusait une bordée de violonades exagérées ; l’orchestration en quintet renforce le chant et les paroles et débouche sur une bonne ballade. Autre inusité avec "Singing A New Song", titre du producteur Ted Jarrett gravé par Freddie Waters, le timbre de Bonita Niessen apporte un peu de fantaisie, se montrant moins solennel que l’original. Autre emprunt à la Soul avec "Make Me Yours", une pépite de Bettye SWANN, ancien Numéro Un dans les charts R & B en 1967. Si Ann PEEBLES popularisera le morceau deux ans plus tard avec la Hi Rhythm Section des frères Hodges, Bonita parvient à tirer les marrons du feu, les arrangements et l’orchestration dépassant en qualité et feeling les versions de Mary Wells ou Syleena Johnson.

On retrouve également une variété de Blues bien calibrés ; "Sweet Thing" qui donne son nom à l’album est un clin d’œil à BB KING, principale référence du combo teuton, comme en attestent les lettres BB associées au groupe. "Singing Cadillac Song" avec un excellent passage d’harmonica se situe aux confins du Swamp. Parmi les Jump West Coast, le combo propose un bon "That’s My Baby", une obscurité de Marvin Johnson, ancien saxophoniste de Louis ARMSTRONG. Le disque se termine avec le truculent "I Can’t Hide" titre issu d’un single Federal chanté en duo par Lula Reed et Freddy KING. La complicité entre Bonita et Michael Arlt n’a presque rien à envier au duel que se livraient le colosse et Lula Reed. Seuls "Sunny Day", une ballade Nu Soul bien guimauve et "Who’s That Guy" un mid tempo oscillant entre California Blues et Pop, empêchent le disque d’accéder à une note supérieure.Note réelle 3,5.

Attention, la version vinyle propose trois plages en moins par rapport à la version CD, pour un problème de compression. Les pistes 5 – 9 – 15 disparaissent du vinyle.

Cette chronique provient des écoutes du CD et du vinyle.

⃰Titre homonyme à ceux de Rufus et David BOWIE.

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   LE KINGBEE

 
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- Bonita Niessen (chant)
- Andreas Arlt (guitare)
- Michael Arlt (harmonica, chant)
- Henning Hauerken (contrebasse, basse)
- Andre Werkmeister (batterie)
- Fabian Fritz (orgue, piano)
- Tom Müller (saxophone 1-3-4-8-11-14-16)
- Stefan Gössinger (trompette 1-3-4-8-11-14-16)


1. He Made A Woman Out Of Me
2. Momma's Goin' Dancin'
3. Sweet Thing
4. Too Much Mystery
5. Who's That Guy
6. Me And The One That I Love
7. Singing A New Song
8. Hottest Wings In Town
9. So Close
10. That's My Baby
11. Make Me Yours
12. Southern Girl, Northern Boy
13. Where's The Money Honey
14. Sunny Day
15. Singing Cadillac Song
16. You Can't Hide



             



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