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SPACE POST-BLACK METAL  |  STUDIO

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2020 Mestarin Kynsi
 

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ORANSSI PAZUZU - Mestarin Kynsi (2020)
Par K-ZEN le 11 Juillet 2020          Consultée 1222 fois

Je sais ce que vous allez dire. Les métalleux, c’est de l’autre côté, merci de passer la porte et de la claquer fort derrière vous. Ce n’est pas aussi simple que cela. J’aurais 2 arguments à vous opposer, votre honneur. Petit 1 : ORANSSI PAZUZU n’est PAS sur Nightfall In Metal Earth, l'alter-ego énervé de Forces Parallèles. Ça aurait été finement joué de ma part, mais cet argument ne tient malheureusement pas. Essayons le second alors. Petit 2 : bien que métallique dans son fondement, la musique de ce groupe, complexe, mérite qu’on s’y attarde un instant sur un site qui se veut éclectique. Elle saura attirer le mélomane curieux de toutes les formes de musique, même avec un peu de brutalité sous la croûte. (Je me garde un ultime argument sous le coude – ce n’est pas tout à fait le mien d’ailleurs, merci W.S. ! -, le plus décisif sans doute : EMERSON, LAKE & PALMER est présent sur Nightfall ! Voilà qui pourrait créer une jurisprudence. Ce n’est certes pas le plus extrême des groupes de progressif que je connaisse, mais bon, il est vrai que certains de leurs morceaux s’avèrent insoutenables.)

Eux donc. Tapis dans l’ombre de leurs pseudonymes. JUN-HIS, EVILL, KORJAK – gare au lapsus –, IKON, ONTTO. L’utilisation de noms d’emprunt, dont certains sont simplement des anagrammes, trahit la filiation. A l’écoute, c’est la voix écorchée de JUN-HIS qui s’inscrit dans la tradition des goblins enragés, front-men des groupes de black metal les plus illustres et hargneux. Plus haut dans la hiérarchie, ORANSSI – orange en finnois – PAZUZU, du nom du dieu du vent babylonien. Formé en 2007 à Tampere, notre quintet est donc finlandais. Vu la syntaxe des titres, l’omniprésence des voyelles et des trémas, on aurait pu s’en douter.

Black metal donc. Comme un gros mot ou un fauve, l’expression est lâchée. Point de fuite à envisager cependant. Quand « Ilmestys » démarre, premier titre de leur sixième album studio Mestarin Kynsi, ce sont les SWANS auxquels on songe plus qu’à (The True) MAYHEM. Des accords carillonnants, auxquels se greffent un synthé, des structures répétées ad nauseam et qui se replient ensuite sur elles-mêmes, il ne manque que les cloches pour être au cœur de « The Seer ». Après cette attente au fin fond du cosmos froid et inhospitalier, l’explosion de la capsule spatiale se produit soudain au bout de la cinquième minute. Le sauvetage attendra malgré tout.

Une science de l’intro décidément. Encore ce motif post-punkisant introductif sur « Tyhjyyden Sakramentti », qui aurait pu figurer sur A Umbra Omega de DØDHEIMSGARD. Ce plan de basse presque house, ce début d’asphyxie industrielle. Sa fin se fait épique, presque irradiante, sur fond de claviers technoïdes. Son thème jumeau, « Oikeamielisten Sali » se fait doubler par des violons et des violoncelles en écho, qui se déforment par instants ; l’orchestre symphonique pris de convulsions en plein concert essaie de continuer à jouer tant bien que mal, suivant les instructions de Freddie MERCURY.

« Uusi Teknokratia » balance un groove krautrock-motorik parfaitement réglé, armé de son petit flutiau ou de quelque chose d’analogue. Niveau voix, même si Damo SUZUKI criait parfois comme un damné, ce n’est pas vraiment comparable. Ou alors c’est que le chanteur de CAN n’a pas pris son déjeuner plusieurs mois de suite. Les parties ambient et sombres prennent un aspect plus remarquable – le break avec chœurs féminins, les 3 minutes finales succédant à un nauséeux solo de guitare –, dépeignant une balade dans un cachot humide sur fond de TANGERINE DREAM, le flippant, celui de Zeit, qui considérait que la mission sur la Lune de 2001 l’Odyssée de l’Espace, ce n’était finalement qu’une simple excursion scoute et le monolithe un vieux pylône bête et électrique, sur lequel on peut très bien pisser comme les WHO l’ont fait.

Les dernières lumières presque heavenly de « Kuulen Ääniä Maan Alta » s’éteignent. Relativement épargné jusqu’à présent, on prend la noirceur de la conclusion « Taivaan Portti » de plein fouet dans la figure. Titre le plus violent, intense, à très haute vitesse et température, c’est la révélation jusqu’à l’épuisement, traversé de hurlements de fureur et de chants orientaux post-apocalyptiques. Tétanisé par cette « bande-son supersonique et explosive pour Blade Runner », commentaire pertinent et maladroitement traduit par mes soins que j’ai pu lire sur YouTube de la part d’un internaute, on titube, comme si on courait dans un escalier pendant un tremblement de terre. Et on revit ensuite dans le même instant, à l’instar de Marie « Mona » Trintignant et Patrick « Franck Poupart » Dewaere dansant à la lueur des réverbères au milieu de la route de la scène finale de Série Noire, une parenthèse paradisiaque et éphémère parmi leurs mornes existences, traversées de sordides flash-backs.

(… Et là, cette pochette. Aquatique, souterraine. Sans nul doute, un clin d’œil à Meddle, le mythique album de PINK FLOYD sorti en 1971. Mais un clin d’œil verdâtre et sans oreille dans la flaque d’eau. Plutôt une main, ornée d’un tatouage de serpent. Comme présente depuis des siècles dans cet extrait de formol. La poche d’un jean. Une cave. Un défilé d’objets hétéroclites. Une noyade. Des yeux. Ceux d’un guide, le Traqueur, guettant l’Autre, celui qui griffonne, qui implore au-devant, entre terreur et détachement. Un écho lointain résonne. Les notes labyrinthiques de « Meditation » d'Edouard ARTEMIEV se font entendre, alors que perchées sur les dunes de l’autre horizon, les colombes, formant le logo d’ORANSSI PAZUZU dans leur envol, cherchent maladroitement la sortie de ce désert du destin, fait de pierre, de sable et de souvenirs…).

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- Evill (synthétiseurs, claviers, effets, chant)
- Ikon (guitare, effets, synthétiseurs, samples)
- Jun-his (chant, guitare, saz)
- Korjak (batterie)
- Ontto (basse, synthétiseurs, trombone, paroles)
- Jutta Rahmel (chant sur uusi teknokratia et taivaan portti)
- Maija Pokela (chant sur uusi teknokratia et taivaan portti)
- Sirja Puurtinen (violon sur oikeamielisten sali et taivaan portti)
- Tero Hyväluoma (violon sur oikeamielisten sali et taivaan portti)
- Saara Viika (violoncelle sur oikeamielisten sali et taivaan por)
- Moit ('astral level mapping on general existence')


1. Ilmestys
2. Tyhjyyden Sakramentti
3. Uusi Teknokratia
4. Oikeamielisten Sali
5. Kuulen Ääniä Maan Alta
6. Taivaan Portti



             



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